Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 04 Feb 2018 18:00:00 - A Cormeilles en Vexin N° 1092 - Un pays qui dĂ©payse
18h00 TU, 19h00 heure Locale
Bonjour Ă tous,
Je suis encore sous l’influence de mon séjour au Sultanat d’Oman. Je n’avais jamais visité un pays où le décalage et les différences avec notre culture soient si marqués. Les deux points essentiels qui provoquent le dépaysement sont liés d’une part à la religion, ses codes, ses principes, sa rigueur et d’autre part à la manne financière que représentent le pétrole et le gaz.
Les deux sont d’ailleurs étroitement imbriqués, les Omanais étant très à l’aise financièrement peuvent continuer à garder leur culture, vivre en djellaba, laisser leurs femmes à la maison … Mais rien n’est jamais figé dans le temps et tout peut changer en seulement une génération.
Pour l’instant la culture qui sépare la vie des hommes et des femmes est extrêmement particulière. Tout est fait pour qu’ils ne se rencontrent pas. J’ai déjà évoqué la structure des services de santé avec les services et les salles d’attente spécialisés, il en est de même partout.
Le Sultan a développé d’une façon importante les écoles et les hôpitaux, mais ici tout coûte beaucoup plus cher à l’état. Parlons seulement des services de bus scolaire. Chaque ligne est doublée avec les bus pour les femmes et les petites filles et les bus pour les garçons. Les très petits enfants sont avec leur mère mais j’ai vu des garçons de 6 ou 7 ans déjà vêtus d’une djellaba blanche.
Le weekend les hommes sortent en groupe. Comme les indiens, beaucoup n’utilisent pas de couverts, ils mangent avec leur main droite. Certains font cela avec élégance en utilisant uniquement le bout des doigts, d’autres se remplissent la paume et portent le chargement à leur bouche. Comme ils sont tous barbus, la barbe noire se trouve encombrée de grains de riz blancs et gluants. C’est assez peu ragoutant.
Une fois j’ai pu observer des familles en piquenique. Les hommes s’occupaient des barbecues et jouaient dans un trou d’eau du Wadi alors que les femmes et les petits enfants se trouvaient à une centaine de mètres, sous des arbres et cachées derrière une rangée de voitures.
Contrairement à la plupart des pays sous les tropiques, ici tout est propre, tout est merveilleusement entretenu. Je n’ai pas vu de pauvres, je n’ai pas vu d’endroits sordides. Mais comment sera ce pays dans 10 ou 20 ans ?
En étant attentif on peut déjà remarquer les changements qui se préparent. Ici, les femmes peuvent conduire, parfois les jeunes filles se maquillent et on commence à voir apparaître des cheveux sous les voiles noirs.
Les bédouins se sédentarisent, ils se construisent de belles maisons en dur aux portes du désert. Les gros Land Cruiser remplacent peu à peu les dromadaires qui servent maintenant à promener les touristes dans les dunes.
Je pense que ce pays a vécu ses heures heureuses car bien que dictateur le Sultan a fait énormément pour son peuple. Mais sa disparition plus ou moins proche et la fin inéluctable de la manne pétrolière apporteront certainement des bouleversements énormes pour cette population qui m’est apparue très amicale.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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