Journal de bord de l'Harmattan
Wed, 30 May 2018 22:00:00 - 37°20’N 45°16’W
N° 1149 - A contre-courant

19h00 heure du bord, 22h00 TU, 23h00 en France


Bonjour Ă  tous,

Qu’il est difficile cet Atlantique Nord ! J’ai l’impression d’être
revenu dans le Sud de l’océan Indien. Finalement le gros temps est
bien arrivé hier soir, le vent est monté progressivement et avant la
nuit j’avais déjà deux ris dans la grand-voile et plus de génois.

Comment dormir alors qu’il faut se lever en permanence afin de
contrôler l’évolution de la situation. Le vent vient sur l’arrière, en
plein dans l’axe de la route. Mon problème est toujours de prendre
garde de ne pas faire un empannage incontrôlé. Etrangement, malgré le
vent fort la mer met longtemps Ă  se former et en attendant la
situation est agréable.

La question qui revient sans cesse dans ma tĂŞte, dois-je prendre le
troisième ris ? En cas d’empannage c’est toujours mieux d’avoir pris
le maximum de ris. Mais en attendant le bateau file et la route faite
n’est plus à faire. Au fil des heures la mer se forme et Harmattan
commence à prendre de violent coup de gîte.

Pour prendre le troisième ris il faut aller l’accrocher au pied du mât
et c’est une opération à risque. Pour ma part je ne m’attache pas.
J’ai tranché. A choisir je préfèrerai mourir noyé que de servir de
leurre aux requins tiré par ma longe. Je n’ai pas envie d’être mangé
en commençant par les pieds.

Vers deux heures trente du matin je sens que le vent monte encore
plus, Harmattan est trop toilé, je dois aller prendre ce satané ris.
J’enfile la salopette Bermudes, le ciré Bermudes, les bottes achetées
à Ushuaïa et j’y vais. Ouf, c’est mieux lorsque c’est fait.
Je m’allonge à nouveau mais maintenant c’est l’alarme radar qui s’y met.

Je comprends pourquoi le vent vient de monter, de nombreux orages
arrivent sur moi. J’ai envie de dormir mais je dois assurer la veille
devant l’écran. Le vent souffle violement et la mer arrive de tous les
côtés. Les orages passés, le vent retombe un peu et je peux enfin
m’allonger et dormir.

A cinq heures je suis réveillé par les bonds que fait Harmattan dans
tous les sens. La mer est en vrac, le vent est retombé force 4 mais
pas la mer. Vite je dois larguer les ris pour reprendre un peu de
vitesse. Je découvre alors qu’un méchant courant de 3 Nœuds vient de
là où je vais. Le bateau avançant à 6 Nœuds je ne fais que 3 Nœuds de
route utile. Je perds ainsi 72 Miles sur 24 heures !

Ces courants contraires me minent. Je n’aime pas du tout, ils me
sapent le moral. Mais que faire ? Rien. Faire avec tout simplement et
prendre son mal en patiente. Je mets un peu de moteur pour aider. Ce
mauvais temps doit persister quelques jours avec des passages Ă  force
8.

De plus le vent n’est pas du tout régulier, il rafale énormément. Il
peut souffler Ă  16 ou 17 NĹ“uds puis pendant deux minutes souffler
au-dessus de trente avant de revenir Ă  sa valeur initiale. Du coup je
suis en permanence sous-toilé et en même temps sur-toilé. C’est
énervant. Le problème lorsqu’on a gouté aux alizés c’est qu’après on
voudrait retrouver cela partout dans le monde.

Heureusement vers 16 heures le vent est revenu en force, j’ai pu
couper le moteur. Le courant est toujours lĂ  mais plus facile Ă 
supporter lorsque le bateau avance.

Je suis ce soir Ă  674 Miles de Flores et Ă  1000 Miles tout rond des
Bermudes. J’ai parcouru 104 Miles de route utile sur les dernières 24
heures ce qui me positionne Ă  783 Miles de Horta. Mon compteur
journalier indique 158 Miles.

A bientĂ´t


Jean-Louis


"Salut le marin,

Un p'tit coucou, pour te dire qu'on est toujours en lecture de ton aventure, tu tiens le bon cap, mais effectivement tu ne trouves pas ton alizé d'Afrique, mais il va bien, au plaisir "


Envoyé par LE DROUCPEET le 31-05-2018 à 17:30



"Tiens le coup, Capitaine! On est avec toi en pensĂ©es, Berti contrĂ´le ta mĂ©tĂ©o sur WindiTY et dit ( en bavarois) : "Putain, ca bouge lá-bas!" Le soir, en se couche, tranquillement au mouillage ( Majorque) en disant: "Jean-Louis serait content de pouvoir dormir enfin!" On a fait le mĂŞme parcours, il y a un an, et en a pris bien de baffes, aussi. Quelle joie ce sera d'arriver Ă  Faial! ( Cherche notre "dessin" au dessous de la tour tribord d'entrĂ©e du port! Grosses bises de Petra et Berti"

Envoyé par petra le 01-06-2018 à 14:39

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