Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 08 Jun 2018 19:00:00 - 38°32’N 28°37’W
N° 1158 - A la croisĂ©e des chemins



Vendredi 08 Juin 2018 Ă  19h00 heure du bord, 20h00 TU, 21h00 en France
A Horta

Bonjour Ă  tous,

Horta représente la fin de cette route commune qui ramène vers
l’Europe tous les bateaux qui ont passé quelques temps de l’autre côté
de l’Atlantique. Il s’agit la plupart du temps de plaisanciers qui
terminent un tour d’Atlantique sur un ou deux ans.

Il y a des retraités qui ont caressé ce rêve toute leur vie et qui
viennent de l’accomplir, il y a également beaucoup de couples ou de
familles qui ont pris un congé sabbatique. Il y a enfin des
tourdumondistes, mais très peu. En effet le tour d’Atlantique suffit à
énormément de monde. Traverser Panama et se retrouver dans le
Pacifique est une autre histoire.

Mais après Horta chacun rentre chez soi, nous sommes à la croisée des
chemins. C’est vraiment ici que se termine le grand voyage. Certains
vont en Europe du Nord, d’autres en Bretagne, d’autres vers Bordeaux,
d’autres encore vers l’Espagne ou le Portugal et enfin d’autres
rejoignent la méditerranée. Certains arrivent même à vendre le bateau
et à rentrer en avion ! Aussi la question est sur toute les lèvres : «
Et toi tu vas faire quoi maintenant ? »

Pour ma part ma réponse est invariable, je récite ce petit poème de
Joachim du Bellay :
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage »
« Et puis est retourné, plein d’usage et raison, »
« Vivre entre ses parents le reste de son âge »

Et je rajoute « Eh bien voilà, j’en suis là ! »

Oui, j’ai maintenant envie de rester auprès des miens, de partager
avec mes petits enfants tout ce que j’ai vécu. Il y a un temps pour
tout, 70 000 Miles dans le sillage d’Harmattan alors que je ne suis
pas un professionnel de la mer c’est énorme. Pour moi la voile n’a
toujours été qu’un simple loisir.

Bien sûr je vais continuer à naviguer mais en Méditerranée, en Grèce,
en Turquie, j’aimerai pouvoir passer du temps sur le bateau avec mes
enfants et mes petits-enfants, nager, plonger, enfin profiter de la
vie en profitant du bateau. Et puis j’ai énormément de travail
d’entretien, un bateau qui voyage souffre énormément. Heureusement
j’adore travailler sur mon bateau.

Vous m’avez tous sensibilisé au temps pourri qui sévit sur la France
depuis un bon moment. C’est forcément de la faute de l’anticyclone des
Açores et comme je suis sur place j’ai décidé de prendre le problème à
bras le corps et d’essayer de faire quelque chose. Alors avec les
copains nous pompons comme de bêtes depuis deux jours. J’espère que
vous commencez à sentir un effet bénéfique car c’est crevant !

Ce matin c’était les grandes manœuvres, les bateaux le long du quai
partaient il fallait donc aller faire un tour dans le port pour
ensuite reprendre leur place. Je suis donc maintenant le long du quai.
Ce n’est pas la meilleure place mais c’est ainsi. Cet après-midi j’ai
transférer mes bidons de gasoil dans le réservoir principal. Comme je
rentre pour le grand carénage j’ai décidé de ne pas réapprovisionner
pour terminer avec le moins de gasoil possible.

Cet après-midi je souhaitais changer le joint du nable de gasoil. J’ai
parcouru Horta dans tous les sens, j’ai marché énormément de
kilomètres pour arriver à trouver mon bonheur. Je suis mort de fatigue
mais c’est bon de marcher après ces semaines de mer immobile sur le
bateau.

Le Rava Avis de l’association Bel Espoir du Père Jaouen vient
d’arriver sur le quai où je suis. C’est un trois mats dériveur de 27
mètres qui peut accueillir 28 personnes en plus des 9 membres
d’équipage.

A bientĂ´t
Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant