Journal de bord de l'Harmattan |
Lundi 06 Avril 2020 Ă 16h00 TU, 18h en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne N° 1262 - Un problème qui se solutionne
Bonjour Ă tous,
Le rythme est totalement acquis, la vie s’écoule en douceur et j’apprécie énormément. Avec le beau temps je peux soulever la bâche qui recouvre Harmattan et effectuer des travaux d’extérieur, aucune pluie n’est prévue dans les quinze prochains jours.
Aussi, samedi j’ai entrepris de me pencher sur un problème qui me pourrit la vie depuis pas mal de temps. Je vous explique le contexte, lors de mon retour de Patagonie je suis passé par la côte ouest de l’Amérique du Sud afin de profiter du bon vent et du courant portant vers le Nord. Du coup j’ai dû emprunter à nouveau le canal de Panama, d’Ouest en Est cette fois-ci.
Pour entrer dans le canal il y a de nombreuses formalités à accomplir et puis il faut attendre et attendre encore. La patiente est loin d’être une de mes qualités. Aussi, afin de passer plus vite j’ai accepté de choisir un « bord ». C’était une grosse erreur. Normalement les petits voiliers doivent passer « au milieu », c’est-à -dire que deux voiliers sont attachés à couple et, à l’aide de quatre longues aussières ils sont tenus au milieu des écluses.
Du coup les choses se sont accélérées car c’est plus facile pour les ouvriers du canal, ils n’ont à gérer que deux aussières. Et puis cela m’a permis de faire une belle expérience car j’ai emprunté le canal de nuit. Nous sommes partis à 18 heures et je me suis retrouvé dans l’océan Atlantique à 5 heures le lendemain matin.
Il faut savoir que le passage est assez violent, lorsque les écluses se remplissent d’énormes remous se produisent et, à un moment, malgré tous les efforts de l’équipage pour maintenir le bateau, Harmattan a été projeté contre le mur de l’écluse. J’ai entendu un « crac ! » mais après une inspection poussée je n’ai rien vu d’anormal. Cependant, lors de mon trajet vers Cuba, les Bermudes et les Açores j’ai découvert la conséquence de cet incident.
Dès qu’il pleut ou bien s’il y a de la mer et que le passe-avant est recouvert, de l’eau entre d’une façon importante et tombe du passe-avant sur la table à carte. Depuis j’imagine le pire et je pense que le pont s’est désolidarisé de l’hiloire (c’est la partie verticale qui relie le passe-avant au roof). Très embêtant et beaucoup de boulot en perspective.
J’ai donc du mal à me décider à entreprendre ce travail mais samedi matin, le beau temps aidant, je me mets un bon coup de pied aux fesses et escalade mon échafaudage. Je commence par ouvrir la bâche afin de mettre à jour l’endroit incriminé. Je dois commencer par retirer la latte de pont en teck qui se trouve juste contre l’hiloire.
Je découvre alors que celle-ci est en partie décollée. Cela ne se voit pas mais lorsque je tape dessus avec le manche de mon ciseau à bois elle fait le bruit caractéristique d’un carreau de faillance mal collé. « Du travail d’après manger » comme dirait mon architecte. En fait elle était bien collée mais elle s’est désolidarisée lorsque le bateau a rencontré le mur de l’écluse, d’où le « crac » entendu. En tapotant je détermine que le problème s’étend sur environ un mètre. Je décide donc de couper un peu plus large et de retirer un mètre trente de cette foutue latte.
J’attaque en commençant par enlever le joint Sika noir entre cette latte et sa copine. J’ai pour cela un petit ciseau à bois de 6mm. Puis à l’aide de ciseaux à bois et de gros tournevis j’arrache ce morceau de teck et commence à nettoyer. Je ne vois aucun problème au niveau de la liaison pont/hiloire, cela me rassure mais d’où vient le problème alors ? Je cherche et fini par découvrir le pot aux roses.
En fait, lorsque j’ai posé mes lattes, je devais les mettre en forme grâce à des serre-joints. Puis, le temps que l’époxy prenne, je les tenais pressées sur le pont à l’aide de cales visées dans la feuillure entre les lattes. Ces trous ont été obturés par le Sika. Sur la partie retirée, il y a cinq trous par lesquels l’eau, qui s’infiltrait sous la latte, passait et venait asperger ma table à carte.
Quel bonheur ! Ce n’est pas grave du tout, j’ai commandé une latte et en attendant j’ai mis une vis dans chacun des trous bien qu’il n’y ait pas de pluie annoncée. Depuis je dors comme un bébé, encore un problème dans les rétroviseurs.
A bientĂ´t Jean-Louis |
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |