Journal de bord de l'Harmattan |
Vendredi 08 Mai 2020 Ă 13h00 TU, 15h en France - A Cormeilles en Vexin N° 1269 - Ouvrez la cage aux oiseaux
Bonjour Ă tous,
Ce mardi après-midi j’ai un peu le blues, je termine ma huitième semaine au bateau et j’ai ma dose de solitude, j’ai ma dose de confinement, j’ai ma dose d’isolement. J’arrive au bout de ce que je peux faire sur mes réservoirs, j’ai fini de démonter le groupe électrogène et ses accessoires ainsi que le déssalinisateur. Ils sont tous les deux dans le coffre de la Clio et je n’ai pas envie d’entreprendre autre chose. Je n’ai plus qu’une idée, remonter sur Cergy et changer de logiciel.
J’ai entendu dire que notre ministre de l’intérieur allait autoriser ceux qui étaient loin de chez eux lors du confinement à rejoindre leur domicile avant le 11 Mai. Mais je ne sais pas exactement à partir de quand c’est possible. Allongé dans ma couchette le sommeil ne vient pas et je surf sur Internet. Je découvre alors qu’il aurait dit, le dimanche trois Mai, que c’était « à partir de maintenant ». Tout d’un coup je me sens tout excité et le « dodo » n’est pas près de venir.
Je décide après réflexion de prendre la route jeudi matin. Je consacre mon mercredi à préparer ce grand voyage. Je commence par dégivrer mon frigo puis je veux effectuer un atelier « coloriage » avant de partir. Aussi je passe une bonne couche de peinture blanche sur mes réservoirs. Ensuite je charge la Clio avec le reste de mes devoirs de vacances, le crochet d’attelage se rapproche du sol. Je consacre mon après-midi à faire le plein de gasoil, à laver la voiture, à faire les valises …
Je sors de ma couchette à 5h30, totalement excité. Lorsque j’ouvre la bâche pour sortir je découvre le levé du jour avec une lune étonnante dans un ciel tout bleu avec quelques brumes. Elle est énorme avec une couleur rose orangée. Je ne l’ai jamais vu si belle et je saurais plus tard que ce 7 Mai est un jour exceptionnel avec ce que l’on appelle « une super lune ». En fait cette une Pleine lune qui se trouve à son périgée, c’est-à -dire au plus près de la terre. C’est absolument magnifique. Tout au-dessus de moi, très haut dans le ciel un avion laisse deux trainées rose orangées, c’est magique, que cette journée commence bien !
Je prends la route à 6h20. Quel bonheur de retrouver la liberté ! Je ne savais plus que les prés et les champs pouvaient avoir toutes ces nuances de vert. Et puis cela faisait des dizaines d’années que l’on ne voyait plus ces immenses étendues de ce rouge intense provoqué par des dizaines de milliers de coquelicots. Merci à nos agriculteurs de beaucoup moins traiter les champs. Espérons que les insectes vont revenir et avec eux une grande diversité d’oiseaux.
Au fur et à mesure que je remonte vers le Nord je savoure de plus en plus ma liberté retrouvée et le bonheur qui va avec. J’en profite pour demander à tous ceux qui pourraient avoir des oiseaux enfermés d’ouvrir la cage, tous ceux qui pourraient avoir des poissons d’aller vider l’aquarium dans la rivière. Aucun animal n’a été créé pour rester enfermé dans un espace confiné contre sa volonté. Aucun être n’a vu le jour pour être privé de liberté.
Je parcours ainsi les 850 kilomètres dans un état second, c’est réellement un jour exceptionnel. Il y a énormément de camions sur l’autoroute et très peu de voitures mais, parmi celles-ci beaucoup de conducteurs se croient sur un circuit de formule un. Je prends mon petit déjeuner et mon déjeuner sur le capot de la voiture et j’arrive à Cergy vers 15 heures. Au dernier rond-point, à l’entrée de Cormeilles, je trouve des policiers qui contrôlent que le nom sur mon attestation correspond au nom sur ma carte d’identité. C’est tout !
Le jardinier est passé ce matin, la pelouse est magnifique, le jardin aussi et c’est un réel plaisir de faire enfin un vrai apéro en faisant tinter les coupes de champagne, c’est quand même beaucoup mieux que le Visio-apéro. Enfin, un dernier bonheur, j’ai perdu plus de cinq kilos durant ces huit semaines de confinement.
A bientĂ´t Jean-Louis
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