Journal de bord de l'Harmattan
Mardi 25 juin 2024, à 15 h TU, 17 h en France, 17 heures en Norvège. - A bord du Trollfjord, latitude 69°26 N - longitude 16°52’ E
N° 1379 - Hurtigruten, l’express cĂ´tier



Bonsoir Ă  tous,

Comme je l’ai déjà évoqué, la Norvège est constituée d’une plaine alluvionnaire au sud-est et d’une étroite chaîne de montagnes de 1700 kilomètres de long, sur sa partie ouest, du sud au nord. Ses 103 000 kilomètres de côtes représentent plus de deux fois et demie le tour de la terre.

Très souvent la côte n’est qu’une très étroite bande de terre, la montagne abrupte, couverte d’arbre, commence immédiatement. L’homme y a trouvé sa place. On aperçoit des maisons isolées, parfois de tout petits villages. Ces côtes étant bordées d’eaux extrêmement poissonneuses, les habitants sont tous des pêcheurs.

A la fin des années 1800, le voisin, la Suède, est doté de routes et de chemins de fer qui couvrent tout le territoire. Ici, dans ce pays fait de fjords et de haute montagne, les communications sont impossibles. L’été ça va à peu près, mais lors de l’hiver arctique, la population est isolée pendant 6 mois. Un courrier peut mettre cinq mois pour arriver à destination. Les pêcheurs ne peuvent vendre leur poisson ni acheter les biens de première nécessité. Seuls des chemins et des sentiers permettent les communications.

Il faut trouver une solution et le gouvernement décide d’offrir un nouveau service, « L’express côtier », Hurtigruten en norvégien. Un appel d’offres est lancé, il faut pouvoir assurer ce service pendant la nuit polaire. L’appel d’offres ne reçoit aucune réponse. Mais en 1893 Richard With crée la compagnie Vesteraalens Dampskibsselskap afin d’assurer le service Hurtigruten.

Ce service public est très largement subventionné par l’état et le navire à vapeur Vesteraalens commence à réaliser ce lien vital pour les villages de la côte. Il livre de la nourriture, du matériel et le courrier. En collaboration avec le pilote Andreas Holte, Richard With avait établi méticuleusement une voie de passage dans tous ces chenaux. Une question me taraude : comment se fait la navigation en pleine nuit dans ces étroits passages que sont les fjords alors que ni le radar ni le GPS ne sont inventés.

Au départ les passagers étaient des habitants qui utilisaient ce service comme moyen de transport, mais très vite les touristes s’y sont intéressés afin de réaliser une croisière côtière. Pour monter à bord, ils étaient regroupés par trois ou quatre dans un grand sac et la grue les soulevait puis les déposait en fond de cale du navire. Le tourisme était devenu pour les compagnies qui assuraient l’Hurtigruten, un moyen de résoudre l’équilibre financier. Dès 1896 une ligne vers le Spitzberg est ouverte.

Mais, au début des années 1970, de très nombreuses pistes d’atterrissage sont construites et les lignes aériennes apportent une concurrence difficile pour le transport maritime de passagers. Seuls demeurent le fret et les touristes. De nombreuses évolutions ont lieu dans le confort et le service apporté aux passagers et depuis 1990 le nombre de passagers évolue entre 500 000 et 550 000 par an. Les touristes représentent plus de 70% des passagers.

De nombreuses compagnies ont assuré l’Hurtigruten, mais, à ce jour, il ne reste qu’une compagnie, Hurtigruten ASA. La flotte de 11 navires dessert quotidiennement 34 ports répartis sur les 2481 km entre Bergen et Kirkenes qui se trouve à quelques kilomètres de la frontière russe et de Mourmansk, au nord-est du pays. L’aller et retour est assuré en 11 jours.

Nous avons pris du retard et l’escale à Torsken est prévue ce soir à 17h30.

A bientĂ´t
Jean-Louis
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