Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 15 Aug 2010 07:00:00 - 175°39 E 18°45 S N° 177 - Quel beau dimanche !
9H00 H en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Quel beau dimanche, quelle belle journée ! Retour à hier après midi. Après plusieurs jours de mauvais temps, mer grosse et vents importants, en milieu d’après midi tout semble se calmer. Le vent tombe à 17 nœuds et la mer se calme pour devenir seulement agitée. Je suis toujours surpris en mer comme tout peut aller très vite et comme la mer s’aplatit rapidement quand le vent tombe. Je hisse immédiatement la grand voile qui était sur le pont depuis la veille et je déroule à fonds le génois. Le bateau file autour de 6 nœuds et c’est le bonheur. Je m’apprête à passer enfin une vraie nuit de repos. J’ai dîné rapidement, j’attends un peu en me reposant pour effectuer ma dernière dialyse. Tout d’un coup je sens le bateau qui s’agite dans tous les sens puis se couche et se mets à vibrer. L’eau défile maintenant sur les hublots bâbord et par-dessus les panneaux de pont. Je me jette à la table à carte, 27 nœuds de vent, le bateau file à 11 nœuds. Il faut tout de suite arrêter cela, j’ouvre le panneau de descente et je me précipite dehors. C’est la guerre ici. Le passe avant bâbord est entièrement sous l’eau et celle-ci arrive au winch de génois. Je commence par reprendre quelques degrés au pilote afin de porter l’angle d’attaque du vent moins sur le côté et plus sur l’arrière et ainsi diminuer la vitesse du vent apparent, je reprends ensuite pas mal d’écoute de grand voile pour donner de l’incidence au vent. Je m’occupe ensuite du génois, je largue l’écoute, elle m’est arrachée des mains bien qu’elle passe deux tours autour du winch. Je rentre le génois jusqu’au troisième ris. Au fur et à mesure de mes manœuvres la situation s’assagit et tends à redevenir normale. Pour finir je prends deux ris dans la grand voile et je retourne m’enfermer à l’intérieur en sueur. La vitesse du bateau est revenue autour des 6 nœuds et je vais pouvoir enfin dormir. Comme je suis tribord amure je me suis organisé un couchage sur la banquette bâbord du carré. Celle-ci est près de la table et entre les deux j’ai stocké des cartons de poches de dialyse ce qui fait qu’il n’y a plus d’espace de libre sur le côté de la couchette. J’ai mis une serviette de bain sur la couchette, un oreiller à la tête et des coussins de chaque côté. Aux pieds, un drap que je pourrais tirer au milieu de la nuit pour me couvrir si j’avais froid. Quelle nuit ! Je n’ai pas dormi correctement depuis plusieurs jours et là je suis comme un coq en pâte. Je suis bien. Au milieu du bateau, près du pied du mat, ça ne bouge pas beaucoup. Je dors comme une souche. Je me lève quelques fois dans la nuit, vers 3 heures pour renvoyer le génois car le vent est tombé à 15 nœuds, vers 4 heures car je croise un pêcheur Fidjien, seule rencontre avec ce cargo il y a quelques jours depuis mon départ de Tahiti, vers 5 heures pour envoyer le moteur principal car il n’y a plus de vent … Chaque fois que je me lève, je suis dans un état entre la veille et le sommeil profond, je fais ce que j’ai à faire et je me recouche vite fait. En quelques secondes, rien qu’en repensant au rêve en cours, je replonge et repars dans mon monde imaginaire. Ce matin j’ai du mal à me lever, je suis trop bien, trop détendu. C’est rare car lorsque l’on n’a plus de reins, le sommeil est difficile, les muscles ne se détendent pas, on a des crampes. Ce n’est qu’à huit heures que j’arrive à sortir de cette couchette. Il fait un temps magnifique, grand beau et la mer est plate comme une galette bretonne. Seulement trois nœuds de vent, en plein sur l’avant. Vite j’ouvre tout. Tout les hublots (fenêtre verticale sur le côté du roof) et les panneaux (horizontaux sur le dessus du roof). Un courant d’air frais circule dans le bateau, c’est le bonheur. J’en profite pour faire un grand carénage. Grand carénage du capitaine mais également du bateau, nettoyage, réparation de tout ce qui a lâché de ci de là , réglages … Ce genre de journée fait aussi partie des voyages en voilier. Et c’est bon une journée au moteur quand on s’est fait brasser pendant plusieurs jours. Cela apporte du calme et du repos et le moral remonte au zénith avec un peu de repos. Ce midi, exceptionnellement c’était choucroute royale, arrosée à la bière et cet après midi, sieste. Voilà un dimanche bien rempli. Je fais route directe sur le Vanuatu dont je vous parlerais demain, à 425 milles sur l’avant. Aujourd’hui c’est une petite journée avec seulement 120 milles au compteur. A demain Jean Louis |
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