Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 16 Sep 2010 10:00:00 - 137° 15 E 10°43 S N° 209 - La douceur de vivre
12H00 H en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Dans mon salon trône une pendule comtoise, un héritage, certainement l’objet qui me relie le plus à mes ancêtres. Lorsque j’étais petit, nous nous rendions en famille chez mes grands parents paternels dans le Morvan. Et toute la nuit j’entendais le Tic Tac reposant de la comtoise qui mesurait le temps qui passe. Mes racines sont profondément ancrées dans les montagnes du Morvan. Au XVIIIème siècle, l’ancêtre était tisseur en toile puis on est devenu paysan de père en fils. Je me souviens de cette époque : « La vie est dure pour mes grands-parents, Louis a pris sa retraite de la SNCF. Maintenant il s’occupe à plein temps de sa ferme de Savilly au cœur du Morvan, à 25 km de Saulieu. Francine, s’occupe de la ferme avec Louis. Il y a quatre vaches qu’il faut sortir au pré le matin et rentrer le soir avant de traire à la main, dans un sceau. Il faut mettre le foin dans le râtelier puis nourrir les deux cochons, couper un peu de luzerne pour les lapins, ramasser les œufs, donner du grain aux poules, les enfermer le soir. Quand il reste un peu de temps, il y a toujours du travail dans l’un des deux jardins potagers entourant la maison. Le soir avant de se coucher il faut passer le lait à l’écrémeuse pour séparer le lait de la crème qui sera stockée dans des récipients en gré, ensuite il faut nettoyer soigneusement l’écrémeuse. C’est une vie de travail. Louis s’occupe aux champs où il plante des pommes de terre, cultive la luzerne, entretien les prés et les « barrages », les clôtures faites de piquets, de fils de fer barbelés et de haies vives. Il y a également les murets de pierres sèches qu’il faut vérifier, le bois qu’il faut couper, débiter en rondins de 1 mètre et transporter jusqu’a la ferme pour former de longs empilages qui sèchent plusieurs années. A la fin de l’été, on sort de la remise la scie à buche et on coupe chaque rondin en trois morceaux que l’on fend en deux d’un grand coup de hache après l’avoir placé sur un billot. Pour se reposer, on charge la brouette en bois et on effectue de nombreux voyages jusqu’au bucher où l’on empile soigneusement les morceaux de bois. Cà sent bon le bois coupé et la sciure dans ce bûché. C’est un travail fatigant mais il faut s’y tenir. Ici l’hiver est long et rigoureux. La cuisinière à bois est allumée en permanence. Elle chauffe la pièce principale où l’on vit. Dans la chambre à coucher, une cheminée permet une flambée avant de se mettre au lit. Quand l’hiver arrive, le bucher doit être totalement garni, cela représente environ 20 m3. Ensuite, tout l’hiver, ce sera la corvée de bois. On chausse les sabots et dans la neige, on va chercher deux grands paniers de buches que l’on verse dans le coffre à bois près de la cuisinière. L’hiver, c’est le travail de Louis de fabriquer les paniers. Dans un des potagers il cultive de l’osier qu’il coupe à l’automne et met à sécher. Pendant les longes soirées d’hiver, il tresse des paniers. Il y en a de toutes tailles. Certains font plus de 2 mètres de long avec des poignées en bois. Ils serviront aux champs, à ramasser les pommes de terre. L’hiver, les vaches restent à l’étable jour et nuit. Ça donne du travail, il y a la corvée d’eau, le foin à descendre du grenier et à mettre dans le râtelier, le fumier à sortir et à empiler sur le tas, au fond de la cour. Il faut nettoyer les cochons et les lapins. Le poulailler c’est plus facile, il y a seulement les fientes à ramasser, on ne met pas de paille, les poules perchent. L’été, ce n’est pas plus facile, les jours sont longs et il faut se lever tôt pour ne pas perdre les heures de jour. Il faut cultiver, ramasser et stocker pour passer sans encombre les mois d’hiver. Il faut du grain pour les volailles, de la luzerne pour les lapins, du foin pour les vaches, des pommes de terre pour la famille et les cochons, du bois pour se chauffer. Tout est fait à la main. Louis a une grande fau équipée de râteau qui prend les gerbes et les met en ligne. Dans la grange est rangé un char à banc et on emprunte le cheval de trait d’un cousin pour ramasser le foin. Les plaisirs sont rares dans cette vie de travail, c’est au mieux un piquenique que Francine descend à Louis aux champs et une sieste à l’ombre d’une haie après avoir mangé quand le soleil brille trop fort. Dans ce village reculé, toutes les familles ont essayées de trouver une solution pour faire un peu d’argent tout en gardant la ferme. Louis est entré à la SNCF, d’autres familles ont pris des enfants à l’Assistance Public. Ça fait d’une pierre deux coups, on touche de l’argent pour élever les enfants et cela fait des bras en plus pour travailler. On ne s’en prive pas. » Extrait de mon livre « Vents contraires » à paraître Hé oui, comme la roue a tournée ! Comme le balancier de cette comtoise a fait évoluer les choses. Mes grands parents n’auraient jamais imaginé que la vie puisse être autre chose que du travail 365 jours par an. Moi j’ai aimé travailler, d’ailleurs je travail encore mais la vie ne peut pas se réduire à uniquement du travail, Il y a tant à découvrir, tant à réussir à côté du travail. Aujourd’hui grand beau temps, la douceur de vivre. Quel changement avec la semaine dernière. J’ai dormi comme un bébé avec le moteur au ralenti puis vers 4 heures du matin le vent s’est levé et j’ai stoppé le moteur pour naviguer sous grand voile seule. Au levé du jour j’ai envoyé le génois sur l’autre bord, j’ai ainsi navigué jusqu’en début d’après midi avec les voiles en ciseaux. Quel bonheur d’avoir un pilote performant permettant ce genre de configuration! Après déjeuner, le vent ayant un peu tourné, j’ai transféré mon génois bâbord amure en reprenant 20 degrés au cap. La mer est plate, le bateau marche bien, c’est le bonheur. La semaine dernière c’était le purgatoire avec ces vents infernaux, aujourd’hui c’est le paradis. J’ai l’impression de naviguer sur un étang, jamais plus de 50 mètres de fond. Et puis je ne me sens pas seul, ce matin j’ai aperçu un gros bimoteur. Quand il m’a vu il a effectué un grand arc de cercle pour venir me survoler puis le pilote a poussé le manche pour descendre à la hauteur de mes mâts. Malheureusement pour monsieur l’aviateur coquin il n’y a pas de plaisancière en tenue d’Eve sur mon bateau. C’est d’ailleurs un des problèmes de ce bateau, je n’ai pas dû lire complètement le mode d’emploie. En déjeunant j’ai vu passer sur le bord du bateau trois gros aillerons inclinés sur l’arrière. Impressionnant ! Les requins ne jouent pas autour du bateau, ils passent une fois et c’est tout, pas le temps de prendre l’appareil photo. Et ce soir, alors que le soleil était en train de descendre dans la mer et de teinter le ciel de toutes les nuances de rouge, une bande dauphins est arrivée et j’ai passé une demie heure à les regarder jouer dans l’étrave. J’aperçois également beaucoup de cargos, c’est une route maritime très empruntée. Ce soir j’arrive au cap Wessel, adieu le golfe de Carpentaria, 121 mille au compteur. A demain. Jean Louis |
"bonjour jean-louis tres heureux de vous voir profiter de bon moment de navigation.Il faut bien que cela arrive tout de meme.J'ai eu du plaisir a lire votre courriel,cela ma rappelé mon enfance passé chez mes grands parents.c'etait la meme vie,sauf que l'hiver au lieu de travailler l'osier mon grand pére allait casser des caillous dans une carriere.J'ai eu la chance de recupérer la grande pendule qui etait dans la piece unique en terre batue.Son tic tac me raméne parfois a des souvenirs d'il y a longtemps.Quand je raconte cela a mes enfants ,il me demande si je ne suis pas née du temps de jacquou croquant. Le week end dernier ,je suis descendu dans le golfe du morbihan avec le voilier,je me prepare pour l'avenir...... bon vent et profité de tous les bons moments amicalement noel "
Envoyé par morin noel le 17-09-2010 à 18:33
"Bon ca baigne, on est plutot dans la partie vents favorables de "vents contraires.. " prends des forces, recharges les accus, en mer il vaut mieux garder les accus charges au max tout le temps lorsque possible. Tu ne peches pas ? content de te savoir un peu au calme enfin ! amities JL"
Envoyé par Pierrefeu jean Lous le 17-09-2010 à 22:26
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