Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 18 Sep 2010 10:00:00 - 132° 44 E 10°55 S N° 211 - Ces animaux que l’on dit sauvages
12H00 H en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Encore une journée magnifique. Le temps est idéal, ciel d’un bleu infini, grand soleil qui chauffe sans cuire, une petite brise qui pousse gentiment le bateau, une mer plate avec juste la petite houle qui va bien. Que demander de plus, c’est parfait. Dans le bateau tous les panneaux et tous les hublots sont ouverts, un petit courant d’air me caresse agréablement la peau, je suis en train de lire un bon livre, c’est « Quitter le monde » de Douglas Kennedy. J’adore cet auteur, il raconte des histoires de vie. C’est onze heures et demie, je commence à penser au repas de ce midi. J’ai dégoté un pot de sauce carbonara, comme j’ai de la poitrine de porc achetée à Thursday Island, je vais la découper en petits morceaux, la faire revenir à la poêle et faire cuire une casserole de spaghettis. Je m’en pourliche les babines d’avance. Comme c’est samedi j’ai mis un verre dans le compartiment freezer de mon frigo et avant de passer à table je vais envoyer ma main plonger dans le fond du frigo. Si j’ai de la chance, celle-ci va revenir avec une Tusker, cette merveilleuse bière ni-Vanuatu et ce sera divin. Ce soir je serais au cap Croker vers 21 heures. De là , deux possibilités s’offrent à moi. La première que conseil les guides nautique c’est de continuer tout droit pour passer au nord de « Melville Island » et de « Bathurst Island » avant de revenir Sud Est sur Darwin. C’est la route la plus simple mais également la plus longue car elle fait 100 milles de plus que la route directe. Elle est très bien cette route s’il y a beaucoup de vent, quoique les 100 derniers milles se fassent vent dans le nez. La deuxième route est la route directe en passant au Sud Est de ces deux îles, par le golfe de Van Diemen. Pas facile cette route, comme dans le détroit de Torres, il faut slalomer entre les dangers. Et puis ici le marnage est énorme comparé au détroit de Torres, il atteint 6 mètres, provoquant des courants importants, la cartographie annonce à plusieurs endroits 31,5 nœuds, je pense que c’est une erreur et qu’il s’agit plus exactement de 3,15 nœuds. Quoi qu’il en soit la carte indique un peu partout des gros tourbillons. Néanmoins une route existe dans ce golfe, comme la météo annonce pétole pour demain et que je vais devoir passer la journée au moteur, je préfère m’économiser le détour des 100 milles supplémentaires. Normalement je vais faire cette route de jours puisque je serais à l’entrée du golfe demain matin. Si nécessaire je pourrais mouiller demain soir pour arriver à Darwin lundi matin car la route dans le golfe fait environ 100 milles. En arrivant à Darwin il va falloir que je mouille quelque part et que je fasse venir les services de la « Fisheries Aquatic Pest Management ». Ils vont envoyer des plongeurs inspecter ma coque pour voir si je ne suis pas infecté par le « Black Mussel ». Si c’est le cas, il faudra sortir le bateau de l’eau pour faire un carénage et sinon, je vais recevoir un certificat indispensable pour pénétrer dans la marina. Comme il y a 6 mètres de marnage, la marina est située derrière des écluses que l’on ne peut franchir que pendant les heures de services et en fonction des marées. Encore toute une difficulté à gérer. Ce midi, un grand oiseau est venu se percher tout en haut de mon mat d’artimon et en début d’après midi un autre est venu se poser sur la bôme. J’ai pu m’approcher jusqu’à le caresser et puis il s’est envolé et est revenu se poser à un mètre de moi. Etonnant ces animaux que l’on dit sauvage. Quand ils ne connaissent pas l’homme, ils n’ont pas peur de lui et font une confiance aveugle. Je me demande si hier je ne me suis pas trompé avec cette pollution car maintenant que je me rapproche de la terre c’est encore bien pire. La mer est toute marron et cela à l’air très épais. Je me demande en fin de compte si ce n’est pas tout simplement le pollen des cocotiers car ici c’est le printemps. J’ai du mal à imaginer une pollution sur plusieurs centaines de kilomètres. C’est dans tous les cas très impressionnant. Vers 16 heures j’ai dû mettre le moteur, plus de vent. J’ai encore beaucoup de route et plus trop de gasoil, aussi c’est au ralenti, à 1000 tours minutes. Cela me permet une vitesse de 4 nœuds plus un demi-nœud de courant. J’ai intentionnellement monté une très large hélice pour avoir du couple et consommer peu. Je n’atteins pas la vitesse maximum du moteur mais à très bas régime j’avance bien en consommant très peu. Du coup c’est seulement 111 milles pour aujourd’hui au compteur. A demain. Jean Louis |
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