Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 16 Oct 2010 11:00:00 - 112° 59E 5°41S N° 239 - Quelle calmasse !
13H en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Quelle calmasse ! Mais quelle calmasse ! Je suis en plein dans le pot au noir mi octobre, au changement de mousson. Je crois qu’on ne peut pas faire mieux si l’on veut être assuré de subir la calmasse. Il n’y a pas un brin d’air, le temps est très chaud, lourd et orageux et le moteur tourne 24 heures par jours. Après près de 60 heures sans interruptions, le niveau de mon réservoir de gasoil est à peu près celui qu’il était lors de mon départ de Darwin. Je ne me fais pas de soucis, je peux aller jusqu’à Singapour sans refaire le plein. Je tourne à 1100 tours minutes, c’est un ralenti accéléré. A cette allure le moteur consomme très peu et je vais quand même à plus de 4 nœuds. La nuit a encore été mouvementée. Il y avait des dizaines de bateaux de pêche qui barraient totalement l’horizon. Il fallait slalomer pour passer et découvrir un autre barrage un peu plus loin et ainsi de suite. Il y a les bateaux et puis les bouées à l’autre bout du filet. Sur les bouées il y a de puissants projecteurs, on les croie très loin et tout d’un coup on passe à quelques dizaines de mètres. Au milieu de tout cela les ferrys fraient leur chemin sous un ciel illuminé en permanence par les éclairs de chaleur. C’est un peu apocalyptique et encore une fois je n’ai pu dormir qu’à partir de 4 heures ce matin. Ils sont étonnant ces bateaux de pêche, assez grands, ils ont l’avant très protégé, avec une grande pointe qui monte très haut à la verticale. Cela ressemble beaucoup à l’avant des drakkars, les bateaux Vikings. Le milieu est assez bas et la « maison » à l’arrière n’est pas horizontale, l’arrière est très haut et elle est inclinée vers le centre du bateau. Malgré leur grande taille, ils ont une grande voile triangulaire, la pointe à l’avant. Je regrette vraiment de ne pas avoir été assez près pour faire la photo. Malgré tous ces pêcheurs, les eaux sont très poissonneuses. Je voie sauter en permanence des poissons qui ressemblent à des daurades d’environ 40 centimètres. Très souvent également je vois l’eau bouillonner pas très loin du bateau, sur une centaine de mètres carrés, avec des têtes de poisson qui émergent de l’eau, un peu comme dans une pisciculture quand le fermier nourrit les poissons. Et puis vers 15 heures, ça craque enfin. C’est un violent orage avec du vent et de grosses goutes de pluie. Avant l’orage j’ai pris deux ris dans la grand voile et roulé le génois puis, lorsque les choses se sont calmées un peu, j’ai hissé à nouveau la grand voile et déroulé le génois car un peu de vent est arrivé sur tribord avant. Avec mon moteur à 1100 tours, je marche autour de 6 nœuds, c’est le bonheur, malheureusement cela ne durera pas. Vers 17h30 je commence à apercevoir l’île Bawean qui est ma marque de parcourt pour ce soir. C’est une île montagneuse et volcanique, assez grande. Je dois éviter les dangers qui l’entourent pour continuer et passer entre l’île Belitung et Bornéo dans un peu plus de 250 miles. Voilà pour aujourd’hui, 106 miles au compteur. A demain. Jean Louis |
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