Journal de bord de l'Harmattan |
Tue, 19 Oct 2010 11:00:00 - 108° 19E 1°53S N° 242 - En mer de Chine
13H en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Hé bien je suis en mer de Chine ! Incroyable non ? Il y a deux mois on m’aurait dit que j’allais aller en mer de Chine, je ne l’aurais pas cru. Bon, pour l’instant je ne vois pas beaucoup de différence avec la mer de Java. Si cela n’était pas écrit sur la cartographie, difficile de le savoir. La nuit a été particulièrement difficile. Dès le début de la nuit je suis rentré dans le détroit de Karang. Je pense que les pêcheurs n’y ont pas le droit de séjour car dès l’entrée du détroit les lamparos ont disparus. Par contre quel trafic de cargos, très impressionnant. Par moment j’en ai compté jusqu’à cinq qui me venaient droit dessus. Avec ma toute petite signature radar et juste ma petite lampe en haut du mat, comparé aux lumières aveuglantes des lamparos, j’ai toujours peur de n’être pas aperçu. Puis l’orage est arrivé, un orage important, en plein sur moi. Juste avant j’ai roulé mon génois et dès que le vent a commencé à souffler j’ai pris deux ris dans la grand voile. Je me suis terré à l’intérieur du bateau, devant mon radar et j’essaye de gérer le trafic. Devant moi, sur tribord arrive un gros cargo. Je vois son petit écho au-delà du gros patté fait autour de moi par l’orage. Il n’est plus qu’à trois miles et apparemment il me vient droit dessus. Peut-il me voir ? Une si petite signature radar au milieu de cet énorme orage ? Je me le demande. Moi au travers de ce rideau de pluie je ne vois rien du tout. Alors j’allume mes projecteurs de pont et j’allume également le puissant projecteur orientable que j’ai installé au sommet de mon mat principal. Et puis j’essaye de régler au mieux la fonction « Pluie » afin de continuer à voir son écho. Si il continue à venir vers moi, à un mile j’essayerai de prendre contact avec lui par VHF. Il n’est plus qu’à un mile. Ouf ! Il m’a vu enfin car sa trajectoire s’incurve légèrement sur bâbord. Je peux éteindre mes projecteurs. L’orage s’est enfin calmé mais une houle musclée venant par le travers bâbord s’est levée et elle fait rouler le bateau d’une façon importante m’empêchant de trouver le sommeil. En permanence l’alarme collision se déclenche à cause de tous ces cargos qui vont leur chemin et ce n’est vraiment qu’au petit matin que je peux enfin me reposer. Je viens d’avoir un mail de mes amis Louis et Tania. Sur mes conseils ils se sont ravitaillés en gasoil auprès d’un pêcheur au lamparo. Ils ont eu 4 jerricans, 80 litres pour 100$ US. Et en prime deux beaux poissons tout frais pêchés. Tout le monde a fait une affaire dans cette opération. Ils sont à 120 miles derrière moi. J’espère qu’ils ne vont pas trop prendre de retard car j’aimerais les revoir à Singapour. J’ai un vol pour Paris le jeudi 28 au soir. Moi j’espère arriver à Singapour dans la journée de samedi, pour la « Saturday night fever ». En fin de matinée j’ai enfin pu couper le moteur, j’ai un petit vent de nord ouest qui me propulse entre cinq et six nœuds au près dans une mer redevenue plate. Que c’est bon de naviguer à la voile, j’avais oublié combien cela pouvait être agréable. Puis vers 16h30, je dois remettre le moteur, le vent est tombé et la mauvaise houle est revenue. Depuis ce matin en mer de Chine, je n’ai pas vu un pêcheur. Peut être vais-je être tranquille cette nuit ? Malgré tout, il y aura toujours tous les tankers, vraquiers, gaziers, portes containers et autres cargos qui commercent par ici puisqu’il y a une seul route à l’abri des dangers et que je suis dessus. Encore à l’instant j’en ai trois dans les 3 miles autour de moi dont un qui vient de passer à 150 mètres sur mon bâbord. Je vous laisse pour ce soir avec 117 miles dans la journée. A demain. Jean Louis |
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