Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 26 Feb 2011 13:30:00 - 80° 17’E 13° 05’N N° 300 - Mare de l’Inde et de ses fonctionnaires
14H30 en France, 19 heures heure du bord, Bonjour à tous, Quel étonnement, après un accueil aussi désagréable de découvrir un peuple aussi gentil, aussi serviable. Tout s’explique. L’Inde a certainement une des bureaucraties les plus tatillonnes au monde. Rien n’est informatisé, la paperasse est énorme et les fonctionnaires extrêmement précis et méticuleux. Ici, à CHENNAI, quatrième ville de l’Inde, on ne connaît pas les bateaux de plaisance. Il n’en vient jamais. Du coup ils ont été totalement déroutés par ce bateau de plaisance qui se présente à l’entrée du port et ils ont appliqué les règles qu’ils connaissent. Ils n’avaient jamais entendu parler de la clearance « DOMESTIC ». Encore une fois merci à ma connexion Internet qui m’a permis d’envoyer les photos de tous mes documents de transit. Je reverrais toujours la tête du douanier, 35 ans, très sympathique mais gêné comme une poule avec un couteau lorsque je lui ai tendu mes papiers, il m’a fait patienter et s’est rendu chez ses collègues de l’immigration pour qu’ils lui expliquent. Mais cela n’a pas suffit, il a quand même téléphoné au chef, qui a décidé de se déplacer en personne pour simplement regarder les papiers et finir par dire que tout était OK. Les fonctionnaires des îles Andaman étaient beaucoup plus en avance sur leurs collègues de CHENNAI tout simplement pars qu’ils ont souvent des bateaux de plaisance. Ceux-ci repartent en tirant tout droit sur Cochin et ne passent pas par Madras. Cette absence de visiteurs m’a créé des soucis pour arriver à entrer, la contrepartie c’est que maintenant je suis traité comme un roi. Je ne suis pas amarré au « Royal Madras Yacht Club » (2 petits bateaux de 6 mètres en tout et pour tout) comme je le pensais mais au « Tamil Nadu Sailing Association », c’est pompeux mais c’est glauque, au fin fond du port, dans une marre d’huile de vidange, au milieu de bateaux en démolition et infesté de moustiques. Le port m’a affecté 5 policiers qui se relaient jour et nuit pour assurer ma sécurité et celle du bateau. Le directeur du Yacht Club m’a affecté un jeune de 27 ans qui est là pour m’aider et me cornaquer. Il est très collant et s’est installé dans le carré mais il est tellement gentil et prévenant. Hier soir, je dinais d’une pomme lorsque le directeur est venu me voir pour me proposer de dormir chez lui, il avait une chambre à ma disposition. Je suis amarré contre une vedette des Coast Guard, ils ont passés des heures à me questionner sur ma vie, ma maladie, ma profession, ma famille … Ils sont adorables et cela me permet de découvrir l’Inde et la vie des habitants. A la nuit j’ai eu également le loisir de discuter un bon moment avec le policier installé dans le cockpit. Il est heureux de vivre ici et m’a dit que pour lui la vie était belle. Il est bien payé et vie dans une maison attribuée par le gouvernement. Ce matin, changement de tout au tout. Lorsque je veux sortir de mon bateau, le policier me l’interdit. Je ne comprends pas « I am free », la tension monte et je n’en fais qu’à ma tête. Jacky me téléphone, il est sortant. Nous décidons d’aller en ville faire un restaurant pour fêter cela. C’est long tous ces papiers, il n’arrive qu’à 14h30. Lorsqu’il veut rentrer dans le port, il est bloqué par les gardes : « C’est interdit ». Je me rends à l’immigration suivi comme mon ombre par le policier dont le travail aujourd’hui n’est plus de surveiller le bateau mais de me surveiller. Après 20 minutes de marche à pieds, j’arrive au poste, je suis très remonté de toutes ses tracasseries, les noms d’oiseau pleuvent. Après trois quarts d’heures d’explication, on se transporte tous à la porte d’entrée et je retrouve Jacky. L’affaire n’est pas résolue, ils sont maintenant 8 autour de nous à discuter du problème. Pour cette équipe, nous ne sommes pas libres, devons rester au bateau et quitter le port le plus vite possible. Il y a maintenant le problème de la valise. Le bateau n’a même pas été visité mais la valise pose un énorme problème. Après une demi-heure de discutions très intense, ils décident de la fouiller. Tout le linge est étalé par terre alors que c’est très sale et ils passent même le fond de la valise au détecteur de je ne sais quoi. Cela fait maintenant 2h30 que nous sommes sur le problème et nous n’avons plus qu’une idée, fuir au plus vite ce pays de fous. Nous trouvons un accord qui nous autorise à filler en ville acheter un peu de nourriture, nous devons être de retour avant 20 h et nous quitterons l’Inde immédiatement. Ils nous assurent que l’immigration et la douane sont ouvertes 24h sur 24. Nous filons et arrivons au « grand » super marché de Chennai. Il est 18h et nous prenons enfin notre repas de midi dans un faste Food. Poulet Tandoori et frittes arrosé avec de la « drinking watter ». Au retour une petite dialyse et nous filons à l’immigration. C’est maintenant l’officier sympa qui m’a permis de rentrer dans le port. Il ne comprend pas les problèmes que nous avons eus, il est désolé. Il nous dit que nous avons un visa valide et que nous sommes libres de circuler à notre guise. Il nous tamponne nos passeports, nous nous serrons la main et traversons la rue pour aller à la douane. Gros problème ! Le personnel en place fini par appeler le grand chef, celui que j’ai vu la première fois et qui m’avais dit que j’étais libre. Il fini par décider de venir et arrive une heure et demie plus tard. Il nous dit qu’il ne peut pas nous donner notre clearance car cela est fait au « grand » bureau qui est fermé jusqu’à lundi matin. Il est étonné car pour lui nous sommes tout à fait en règle et libre de circuler à notre guise. Nous devons donc maintenant retourner à l’immigration faire annuler notre sortie. Il est minuit passé, nous en avons vraiment mare. L’officier sympa nous dit que nos papiers sont en règles et qu’il n’y a aucun problème pour que nous nous rendions à Pondichéry demain. Nous souhaiterions des laisser passer mais cela ne se fait pas. Il nous dit de passer demain matin, qu’il en parlera avec ses collègues. Il fini son service à 9h. Je me rends ce matin au poste à 8h25, il n’est plus là et c’est à nouveau l’horreur. Mots d’oiseaux, « vous parlez à un officier », j’ai compris je devrais dire « Sir, morning, Sir » et ainsi de suite mais ce n’est pas mon genre. Après une heure de vive discutions, ils finissent par me faire rédiger une lettre par laquelle je les dégage d’une responsabilité qu’ils n’ont pas. Mais Jacky n’est pas là et cela fait à nouveau un énorme patacaisse. Voilà où nous en sommes ce dimanche matin à 10h. Même plus le temps de rédiger mon blog. A bientôt Jean Louis |
"Salut Jean-Louis, A la lecture de tes dernières journées, je comprends combien il est difficile de voyager dans certaines parties du monde en solitaire.C'est presque un exploit quotidien que de comprendre l'inconnu et de se faire comprendre de lui. Bon courage à tous les deux pour la suite, et bon voyage pour le Sri Lanka. Je vous embrasse."
Envoyé par Sophie le 28-02-2011 à 09:48
"Bonjour Amiral. Heureux de savoir le mousse sorti d'affaires.Je vous recommande également la douane sénégalaise vers 1 heure du mat quand vous n'avez pas la facture de votre appareil photo ! Un inoubliable moment. UBU serait-il un roi hindou ? Bon vent GD"
Envoyé par GD le 28-02-2011 à 13:08
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