Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 24 Sept 2011 15:00:00 - 62° 56’E 18° 17’S
N° 367 - Des coquillett?es del mare

17H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Hé bien, me voilà calé sur l’heure réunionnaise. Je n’ai plus que deux
heures d’avance sur Paris. Lorsqu’il est midi ici, il est 10h du matin
en métropole.

La nuit dernière j’ai laissé le génois déroulé mais le vent a baissé
et ma vitesse avec. Au petit matin le bateau n’avançait plus qu’entre
5 et 6 nœuds, j’ai alors largué les deux ris dans la grand voile.
C’est encore une belle journée avec soleil et ciel bleu, mer belle et
petite brise. Toutes voiles dehors Harmattan avance bien mais un
courant de plus d’un nœud portant à l’est diminue d’autant la vitesse
fond. C’est étonnant car à cette saison, dans ce secteur, le courant
devrait porter à l’ouest et m’aider. J’aimerais bien continuer à
couvrir 150 Miles par jour de route fond afin d’arriver au port des
Galets mardi midi. Je n’aime pas arriver de nuit. Déjà être seul à
bord pour accoster n’est pas facile alors la nuit cela devient
réellement compliqué.

J’ai beaucoup appris pendant ce tour du monde et en premier lieu,
comment me nourrir en mer. Je me souviens de l’avitaillement à
Tenerife, c’était un peu l’angoisse. Pour moi, aujourd’hui c’est
beaucoup plus simple et j’arrive toujours à m’en sortir simplement. On
trouve des œufs, du thon en boîte, du fromage, des nouilles, du riz et
des pommes partout dans le monde et cela devient une des bases de
l’alimentation de mes traversées.

En mer je ne fais plus qu’un vrai repas par jour. Actuellement, au
petit-déjeuner, je mange deux crackers, je n’ai trouvé rien d’autre au
Sri Lanka, accompagné de deux crèmes de gruyère. A midi, il y a un
plat principal, un morceau de fromage et une crème. En fait c’est
inscrit yaourt mais cela ressemble à de la crème et au dîner j’avale
un morceau de fromage et une pomme.

Ce midi je me suis préparé un plat que j’ai appelé « Coquillettes del
mare ». J’ai ouvert une boîte de thon, une de moules au naturel et une
de coques au naturel. J’ai fait deux parts, une pour ce midi, une pour
lundi. J’ai ensuite cuit des coquillettes que j’ai fait revenir avec
ma préparation, un peu d’huile d’olive, de l’origan, quel délice !
J’adore me faire ce genre de petite surprise, rien que d’y penser cela
occupe ma matinée et je regarde la montre du bord en permanence
tellement j’ai envie de m’y mettre et de passer à table. Ce midi ce
n’était pas un repas, c’était un festin et j’imagine Jacky en train de
saliver en lisant ces lignes. Seul, je n’utilise pas d’assiette, d’une
part cela permet de déguster le plat très chaud. Je ne conçois la
bonne cuisine que servie très chaude. D’autre part c’est plus facile,
je tiens la casserole par la queue et je mange dedans. Je ne risque
pas de voir mes coquillettes del mare traverser le cockpit sur un coup
de gîte. Enfin, dernier avantage, cela fait moins de vaisselle.

DĂ©jĂ  deux semaines que je suis en mer. Il me semble que cela fait
beaucoup plus longtemps car les dix jours que j’ai passé au Sri Lanka
à préparer le bateau avant de partir étaient déjà dix jours
d’isolement, dix jours difficiles, dix jours de stress. Après l’Inde
et le Sri Lanka, que cela va ĂŞtre bon de retrouver enfin la
civilisation. Une vraie marina avec eau courante et électricité, tout
simplement pouvoir laver mon bateau et prendre une douche au bloc
sanitaire, j’en rêve. Et puis pouvoir rentrer dans la boutique d’un
shipchandler, acheter tout ce qui me manque pour remettre en Ă©tat mon
bateau et repartir dans de meilleures conditions. J’ai également envie
de liberté, pouvoir louer une voiture où un scooter et me déplacer à
volonté. Bon sang, que cette escale va me faire du bien !

Pour les longues traversées, j’estime faire une moyenne de 1000 Miles
par semaine. Cela se confirme, en deux semaines j’ai parcouru 2032
Miles, 916 la première semaine avec la traversée du pot au noir et
1116 cette semaine.

Je termine la journée avec 163 Miles au compteur. Avec le courant je
suis malheureusement sur un tapis roulant qui marche dans le mauvais
sens et ma route fond est certainement inférieure d’une vingtaine de
Miles.

A bientĂ´t

Jean Louis


"Salut Capt'ain merci pour tes nouvelles régulières. Çà va être sympa ta petite halte à la Réunion. Si tu as besoin d'un kiné une fois là-bas, dis-le moi mon neveu bosse là-bas. Je te donnerai son contact.
Tu pĂŞches un peu?
Amitiés
Paparazzi"


Envoyé par Parazzi le 24-09-2011 à 19:09

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