Journal de bord de l'Harmattan
Sat, 08 Oct 2011 13:00:00 - 55° 17’E 20° 56’S
N° 373 - Escale technique Ă  La RĂ©union

15H00 en France, 17H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Quel bonheur d’avoir un peu de temps pour travailler sur le bateau.
Lorsque j’étais dialysé, j’avais en permanence la contrainte de la
logistique des poches. Je ne pouvais pas prendre mon temps aux escales
car mon stock était forcément limité et je préférais garder une
sécurité pour le cas où j’aurais mis plus de temps que prévu pour
rejoindre l’escale suivante. Maintenant, j’ai tout mon temps, je peux
faire du tourisme, rien ne me presse et c’est vraiment bon.

Au Sri Lanka, aux Indes ou aux Andaman, impossible de travailler
sérieusement sur le bateau. Ici, je suis le long d’un quai, j’ai l’eau
courante, le 220V du quai, une voiture pour me déplacer et des grandes
surfaces de bricolage à quelques minutes. Par contre il n’y a pas un
vrai shipchandler et c’est un peu dommage.

Je suis très satisfait car j’ai compris pourquoi, lors de cette
traversée, je devais lancer mon groupe électrogène toutes les deux
heures. Lorsque j’ai quitté le Sri Lanka, j’avais démonté deux de mes
trois chargeurs de batteries pour les emporter en France et les
tester. Un était mort, j’en ai racheté un neuf mais sur l’autre seule
la LED qui indique le bon fonctionnement Ă©tait HS. En revenant au Sri
Lanka, j’avais vraiment hâte de partir et je n’ai pas pris le temps de
remonter ces chargeurs. En fait, en les démontant, j’avais débranché
mon alternateur d’arbre d’hélice. Je viens de remonter tout cela, j’ai
testé cet alternateur et il fonctionne maintenant parfaitement. Du
coup, je n’envisage plus de changer mes batteries précipitamment car
l’alternateur d’arbre produit 5 Ampères, ce qui compense une bonne
partie de la consommation du bord. Si je ne dois faire tourner mon
groupe qu’une fois par jour, tout va bien. Je ferais un bilan en
arrivant Ă  Durban.

J’ai également changé le thermostat de mon réfrigérateur qui ne
fonctionnait plus. Le compresseur tournait ainsi en permanence
entrainant une surconsommation d’électricité.

J’ai effectué la vidange du groupe électrogène et j’ai retiré tous les
clamcleats qui servent à régler le nerf de chute sur ma grand voile.
Je ne m’en sers pas et souvent, lorsque je prends des ris, ils se
bloquent sur les drisses de lazyjack, m’obligeant à aller faire le
guignol en pied de mât lorsque la mer est mauvaise.

Je travaille maintenant sur la pompe Ă  eau de mer de mon moteur
principal. Il y a une fuite et elle est entourée de cristaux de sel.
Il faut que je tire cela au clair.

Je passe la moitié de mon temps à travailler sur le bateau et l’autre
moitié à visiter l’île.
Nous nous sommes arrêtés dans une distillerie de géranium. Il y a de
nombreuses familles qui font ce métier. Ils cultivent une race de
géranium sans fleurs dont ils cueillent les feuilles pour en extraire
des huiles essentielles. Ils ont tous une petite alambique qui
fonctionne à la pression atmosphérique, ils chauffent à ébullition 250
litres d’eau à l’aide d’un feu de bois, puis insèrent au dessus leurs
feuilles de géranium, l’essence est entraînée avec la vapeur d’eau
dans un serpentin en bas duquel un vase florentin sépare l’huile de
l’eau. C’est une production de qualité et l’essentielle part à Grâce.

Dans la boutique nous avons quand même acheté un petit flacon ainsi
qu’un jeu des sept familles « de la Réunion ». L’île n’est peuplée que
depuis 300 ans environ, il n’y a donc pas de population originelle et
les groupes ethniques sont encore très typés. Dans la rue on reconnaît
très bien l’origine de chaque personne. Il y a les Malgaches, ce sont
les premiers esclaves venant de Madagascar. Il y a les « Petits Blancs
des Hauts » des créoles, descendants des premiers colons. Ruinés par
une crise économique, ils ont dû se réfugier dans les hauts pour
survivre. Ils sont souvent roux et cultivent la terre.

Il y a ensuite les Z’arab, en fait des musulmans du nord de l’Inde qui
sont arrivés ici pour faire le commerce du tissus. Les chinois étaient
au début des esclaves puis très vite ils sont devenus commerçants,
dans l’alimentaire en particulier. Les Cafres sont des descendants
d’esclaves africains et une autre ethnie, les Malbars sont également
des descendants d’esclaves venant de la côte Malabare au sud ouest de
l’inde. Ils sont de religion Tamoul. Enfin, il y a les Zoreilles, ce
sont les blancs d’aujourd’hui, avec une différence pour ceux qui sont
ici depuis quelques années comme ma cousine, les Zoreilles Pei (pays).
Pourquoi les appels-t-on les Zoreilles, peut être parce qu’ils tendent
l’oreille en entendant parler Créole.

Toute cette population vit en harmonie, il y a un peu de métissage ce
qui fait de très beau spécimens, toutes les couleurs se retrouvent
ici.

Beaucoup d’entre vous m’ont écrits que ma dernière traversée avait été
captivante. C’est vrai que pour moi cela a été un énorme moment de
vie. Comme je m’en suis douté avec les multiples contacts tant avec le
CROSS qu’avec l’état major de la force Alindien, cette zone est
maintenant infestée de pirates. Depuis quelques mois, ils ont
énormément étendue leurs zones d’action, vers l’est ils vont jusqu’aux
côtes de l’Inde, et les Maldives ainsi que les Chagos font partie de
leurs territoires de chasse.

Dans le sud, ils tiennent maintenant les cĂ´tes de Tanzanie et du
Mozambique, le canal de Mozambique, Madagascar et la zone entre le
nord de Madagascar et l’île Maurice ainsi que La Réunion.

Je suis content d’être passé car je me demande si, dans un proche
avenir, il sera encore possible sans prendre des risques inconsidérés,
de faire un tour du monde à la voile. Cela est d’autant plus
inquiétant que ces pirates deviennent de plus en plus violents et
n’hésitent pas à tuer si cela se passe mal.

Je vais vous laisser car j’ai lancé des invitations, ce soir nous
sommes huit à bord pour dîner, il faut que je m’occupe du repas.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"j'aurai aimé etre convié a votre repas du soir illusion....je vais mieux ma petite fille marion rentre de la reunion le 28 ocrobre ensuite BORDEAUX bonne continuation grosses bises roselyned"

Envoyé par roselyne demeestere le 12-10-2011 à 09:35



"Bjr Jean-Louis?
Moi le Zoreille de Madagascar , j'entendais une autre explication de ce mot: les Blancs ont des grandes Oreilles par rapport aux Noirs , alors ils nous appelaient comme cela .
A bientĂ´t"


Envoyé par Hubert Durand le 12-10-2011 à 13:49



"Que de récits enrichissants je me laisse bercer par ce voyage nous avons un beau soleil ciel très bleu mais ce matin 4° lundi Patrick part en Turquie et moi bien sur Les Sables Amitiés "

Envoyé par MARIE Maryse le 15-10-2011 à 15:26

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