Journal de bord de l'Harmattan |
Mon, 20 Feb 2012 17:00:00 - 16° 11’E 32° 46’S N° 444 - Les chauffards de la mer
18H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Dans un grand port comme Cape Town, il y a en permanence des navires qui entrent au port et d’autre qui le quittent. Lorsque l’on est en solitaire sur un voilier, il ne faut pas compter dormir la première nuit, ce n’est qu’à environ 50 Miles du port que les routes s’écartent suffisamment pour pouvoir commencer à être tranquille.
Hier soir, j’attaque donc la nuit au moteur car il n’y a pas du tout de vent. Puis vers 22h, je rentre dans un brouillard à couper au couteau. Je n’aime pas cela car mon écho radar doit être tout petit et avec ce brouillard les feux ne servent à rien. Immédiatement je pousse un peu plus le gain sur mon radar afin de voir même les tout petits bateaux. Tout est mouillé comme s’il pleuvait mais deux heures après, un petit vent se lève d’ouest et le brouillard disparait.
Un peu plus tard dans la nuit, mon alarme collision retentie et je constate que je suis cerné par quatre bateaux, deux qui quittent Cape Town et deux qui s’en approchent. J’essaye de gérer cela au mieux en surveillant leur course sur l’écran radar et en les observant à l’extérieur.
Un surtout m’inquiète car il se rapproche en permanence de moi et mon radar fini par émettre une alerte « Echo dangereux ». Il arrive par mon arrière bâbord et sa route coupe la mienne à quelque dizaines de mètres de mon avant. Il est maintenant à une centaine de mètres et si je ne fais rien, je vais frotter sur son flan. Je passe en « Standby » et mets un grand coup de barre à 90° puis reprends ma route dès que son arrière est passé.
La plus part des capitaines de navires de commerce sont corrects et traitent les voiliers comme des bateaux normaux en s’écartant pour éviter les collisions. Mais, tout comme sur la route, il y a des chauffards, de véritables inconscients qui ignorent totalement la présence des voiliers, alors qu’allant beaucoup plus vite et la mer étant vaste, ils peuvent éviter facilement la collision. J’essaye toujours de montrer clairement mes intentions, de ne pas changer de route inopinément. Il n’est pas question de dire comme certain « Je suis prioritaire, alors je passe ». C’est comme sur la route, en mer un minimum de fairplay est nécessaire. Heureusement que ces chauffards de la mer ne sont qu’une minorité.
Au cap Agulhas, le courant éponyme se sépare en deux branches, une qui descend vers le sud pour rejoindre le courant de l’océan Antarctique et l’autre qui remonte le long de la côte ouest de l’Afrique. Ce courant s’appel alors le courant Benguela et porte normalement au nord. Mon idée est de me mettre au milieu de la veine pour gagner 2 à 3 nœuds de vitesse. Malheureusement, il fonctionne à l’envers en ce moment et c’est entre deux et trois nœuds de vitesse en moins que je dois subir. Mauvaise pioche.
En début de matinée, le temps est maussade, il y a plein de nuages bas, tout est mouillé, le vent est d’ouest ce qui m’oblige à faire du près. Je coupe le moteur mais le vent n’est pas constant et par moment je n’avance qu’à 2 nœuds, parfois moins !
Mais vers midi, tout s’arrange, le vent se renforce un peu mais surtout devient stable, le ciel est tout bleu, le soleil brille et la mer est belle. Maintenant le bateau file et j’arrive à avoir une vitesse fond autour de 6 nœuds. La vie est belle.
Puis cela monte progressivement et en soirée je suis à 7,5N. Le bateau gite un peu mais les distances se raccourcissent. Je fini quand même par prendre un ris dans le génois.
Ce soir 127 Miles au compteur journalier et créatinine à 126, tout va bien.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
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