Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 15 Mar 2012 19:00:00 - 11° 38’W 5° 59’S N° 468 - Visite nocturne
20H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Lorsque le temps est au beau comme actuellement, je dors dans la pointe avant du bateau. J’ai transformé la soute à voiles qui n’a plus lieu d’exister de nos jours grâce à l’enrouleur de génois en une couchette double.
Il y a un immense panneau de pont zénithal de 80x80 centimètres. Sous ces latitudes, en vent arrière, je passe la nuit le panneau grand ouvert. Je m’endors en regardant travailler mes voiles, en admirant ces milliers d’étoiles et en écoutant le bateau fendre l’eau rageusement.
Il est aux environ de 22h, j’ai rêvassé un bon moment allongé dans le cockpit avant de me décider à aller au lit. Je viens de m’endormir lorsque je suis brusquement réveillé par un fla flap flap très rapide, comme un drapeau qui faseille dans un vent violent. Je me mets à genoux, passe la tête par le panneau et inspecte le pont. Je ne vois rien d’anormal. Je suis en train de me rallonger lorsque tout d’un coup, cela recommence, c’est dans ma couchette. Non, ce n’est malheureusement pas une sirène, c’est un poisson volant qui est en train de frétiller dans mes draps.
J’allume et essaie de l’attraper par la queue mais c’est impossible, je suis obligé de le prendre à pleine main pour le renvoyer dans son élément naturel qu’il n’aurait jamais dû quitter. Je n’ai plus qu’à nettoyer toutes les écailles qu’il a abandonnées en se débattant et à supporter l’odeur de poisson pour me rendormir.
Quelle chance il a eu ce poisson. Tous les matins j’en ramasse sur les passavants, lorsque ce sont des bébés poissons volants, cela me rends triste, ils n’ont rien connus de la vie et sont venus par un énorme manque de chance atterrir sur le pont d’un voilier au milieu d’un immense océan absolument vide.
A bord c’est ambiance course au large. A Cape Town j’ai rencontré José, un garçon étonnant. Infirmier de métier, il a très bien compris le challenge de traverser les océans en étant dialysé. Il avait entrepris de faire un tour du monde sans escale et il avait bien préparé son bateau mais suite à la rupture du régulateur de tension de son éolienne, toute son électronique a grillée. Il a fini par s’échouer près du cap de Bonne Espérance une nuit sans lune. Il a eu de la chance car c’était un banc de sable, il aurait pu se fracasser sur les rochers.
Il ne parle absolument pas un mot d’anglais alors que son bateau est en réparation au Cap depuis plus d’un an. Il ne peut communiquer avec personne. N’étant pas autonome, n’ayant plus confiance en son bateau, il a décidé de rentrer. Il est parti du Cap 5 jours après moi mais ne s’est pas arrêté à Saint Hélène où je me suis arrêté 5 jours. Nous devrions donc être très proches, hors il a environ un jour et demi de retard sur moi. Bravo Harmattan ! Bon, il peut encore me rattraper et me doubler car Harmattan n’est pas un voilier de régate. Quoi qu’il en soi j’attends tous les soirs sa position GPS avec impatiente.
Comme le vent est plus fort que les autres jours, la mer s’est formée et la vie à bord n’est pas très confortable. Je ne me plains pas car cela ne va malheureusement pas durer, le vent va mollir en remontant vers l’équateur.
Une journée moyenne avec 121 Miles au compteur.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
"cher jean-louis,
je consulte la géographie : toi : bientôt à Conakri, Alain en Guadeloupe. J'ai aussi reçu une carte de Françoise Couilleau du Parlement Européen de Strasbourg. Vu comme ça, c'est mieux que la géo à l'école.... jeanine"
Envoyé par jeanine Barbier le 16-03-2012 à 21:10
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