Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 10 Jul 2012 19:00:00 - 28° 37’W 38° 32’N
N° 529 - Grosse fâcherie



21H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Hier matin j’étais remonté comme un coucou, trop énervé d’avoir
poireauté samedi après midi devant le container de mon artisan alors
que celui-ci ne s’est pas montré. Dès huit heures, j’ai commencé à
guetter l’ouverture de son estanco. Comme à 9 heures c’était toujours
fermé, je suis parti faire mes courses au super marché. En revenant je
constate qu’il est là. Je ne prends pas le temps de faire un aller et
retour au bateau pour porter mes courses, je les jette dans mon annexe
(on n’est pas au Cap Vert) et je fille le voir.

J’ai ma tête des mauvais jours, il est en train de travailler sur une
pièce qui n’est pas pour moi. « Morning, you are not sérious ! ».
Cette simple constatation déclenche immédiatement l’apocalypse. Il
monte dans les tours, attrape mon emplanture et me la jette dans les
bras en me disant qu’il ne veut plus faire le travail et que je n’ai
qu’à aller voir ailleurs puisqu’il n’est pas sérieux. Les noms
d’oiseau pleuvent, il me dit que samedi il a eu un problème personnel,
je lui réponds que vendredi également ce qui n’arrange pas le
dialogue. Après nous être écharpés pendant quelques minutes, je lui
rends mon emplanture et il me bougonne de repasser en fin d’après
midi. Je repars, il est fâché et moi aussi.

Je suis au chômage technique, je m’installe dans le carré d’Harmattan,
je prends un livre et commence à bouquiner. Vers midi j’entends un
bruit d’annexe puis quelqu’un appel. C’est mon voisin de mouillage, il
vient se présenter. Nous ne nous connaissons pas, il est de Sète et
rentre d’un tour d’Atlantique. Je l’invite à boire une bière et nous
discutons. Il a cassé sa dérive entre Florès et ici, peut être en
tapant dans une baleine.

Il vient de chez l’artisan et me dit que cette dérive lui a été
promise pour il y a déjà 15 jours en arrière ! Je suis atterré, je me
vois déjà mi-août encore en train d’attendre ma pièce. Je lui raconte
ma fâcherie de ce matin et lui me dit qu’il préfère la jouer gentil.
Il m’annonce tout de même qu’il vient de voir l’artisan en train de
bosser sur ma pièce. Il me dit alors qu’il serait logique que sa pièce
soit exécutée avant la mienne. Je le laisse rêver, je connais bien ce
genre d’artisan avec qui seule l’épreuve de force est payante.

A 16h30 je me présente un peu anxieux tout de même au container de
Marine Yacht Services, l’artisan et en train de finir ma pièce. Quel
bonheur ! Le travail est parfait. Il me fait l’adition et veut me
faire un rabais de 15€ mais j’arrondi à 10€ de plus. Chacun est
heureux, on se frappe dans le dos, on s’excuse pour ce matin, je le
remercie, il me dit que si j’ai besoin d’aide de ne pas hésiter à lui
demander. Lorsque je repars avec ma pièce, chacun de nous se dit que
la vie est belle.

J’ai encore le temps avant d’aller dîner sur le catamaran de Jean-Paul
et My, des français de Saint Gratien qui viennent de faire un tour
d’Atlantique également, de présenter l’emplanture sur le pont, de
repérer les endroits où je dois faire un petit cordon de mastic époxy
et de réaliser celui-ci avant de poser l’emplanture à sa place afin de
me donner une règle pour finaliser l’assise.

Ce matin, après la toilette et le petit déjeuner, je me jette à
nouveau sur le chantier, je ponce puis je n’ai plus qu’à égaliser mon
assise avec une légère couche d’enduit. A midi, elle a un peu durci et
je profite qu’elle n’est pas totalement prise pour stratifier
par-dessus un tissu de 200 gr. Puis vers 15 heures, la stratification
ayant déjà un peu tirée, je passe une dernière couche d’enduit pour
obtenir un aspect lisse. Ce soir je n’ai plus qu’à poncer légèrement
puis Ă  passer une couche de Glycero et demain matin je pourrais
remonter mon emplanture après avoir étalé un peu de joint en pâte.

Quand je compare l’aspect actuel de mon pont avec la photo que j’ai
pris lors du démâtage je me rends compte que beaucoup de travail a été
accompli.

Je vais attendre tout de même que tout soit terminé pour aller prendre
rendez vous avec le grutier.

A bientĂ´t.

Jean-Louis


"bonsoir capitaine,
J'ai bien fait d'attendre le dernier blog... moi qui te citait en exemple pour ton self control... t'as bien failli te colleter avec l'açorien!!! heureusement tout s'est bien terminé et tu vas pouvoir admirer les baleines et leurs petits. Tu me parais en pleine forme, est-ce l'anti-cyclone qui stationne au-dessus d'harmattan ?
Hier soir, j'ai regardé un reportage sur la 5 qui présentait les iles du cap vert d'une façon tellement idyllique... vantant la gentillesse des iliens... la douceur de vivre, j'ai pensé à toi, à ton ami disparu et je pense que le reportage était surement "bidonné".
Ici tout va bien, nous nous préparons au vacances à Callela à partir du 20 juillet.
Bonne réparation et remontage du mat.
Je te souhaite une bonne nuit

bernard "


Envoyé par bernard lannion le 11-07-2012 à 22:21

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