Journal de bord de l'Harmattan |
Tue, 31 Jul 2012 19:00:00 - 18° 47’W 44° 24’N N° 544 - Une nuit difficile
20H00 en France, 19H00 heure du bord Bonjour Ă tous,
Je l’ai tellement voulu cette dépression, maintenant je ne peux pas me plaindre. Mais quelle nuit difficile ! Elle est vraiment arrivée après dîner, j’étais en train de ranger et Harmattan se couche violemment une première fois puis dans la foulée une seconde fois. Immédiatement l’alarme retentie car le pilote a mis les pouces, je dois alors bondir dans le cockpit pour éviter d’empanner.
L’empannage, le fait de changer d’amure par vent arrière peut faire passer violemment la bôme d’un bord sur l’autre et cela peut être extrêmement destructeur si ce n’est pas contrôlé.
Je m’installe dans le cockpit pour gérer la situation et je vais y passer la nuit. Le vent monte, la mer se forme, je réduis progressivement la voilure mais régulièrement le pilote abandonne. Je finis par comprendre qu’un ris dans l’artimon ne suffit pas, il faut abattre totalement cette voile. Cela va mieux mais néanmoins je ne suis pas tranquille et je préfère surveiller. Je m’allonge confortablement sur un banc. Progressivement la mer devient de plus en plus forte, à un moment elle s’abat dans le cockpit et je me retrouve noyé des pieds à la tête.
Pour la première fois depuis des années, je me dirige vers l’armoire à cirés, j’enfile une salopette, une veste, des bottes et un bonnet. C’est vrai que je n’ai pas trop l’habitude de naviguer sous ces latitudes.
Au lever du jour la situation n’est pas très engageante, beaucoup de mer qui déferle sur le bateau, 30N de vent avec rafales à 38 et puis tout est gris, le ciel, la mer, tout. Il pleut, les nuages sont au niveau de la mer, il n’y a aucune visibilité, quelle tristesse.
Les vagues arrivent sur tribord arrière et le bateau roule violemment à leur passage, il n’y a pas de position confortable. La mer passe par-dessus le rouf et arrive toujours à trouver une astuce pour s’immiscer dans le bateau.
A midi, je m’organise pour piqueniquer sur mon évier de cuisine et pendant ce temps, le front froid arrive et enfin tout se calme, le vent retombe autour de 15N (ce n’est plus suffisant) et la mer s’aplatit rapidement.
La bonne chose dans tout cela c’est le chemin parcouru, 160 Miles dans les dernières 24 heures, je ne suis plus ce soir qu’à 650 Miles de Concarneau. Pour arriver dimanche soir il faut (j’avais écrit « il faudrait ») faire une moyenne de 130 Miles par jour, je dois absolument y arriver si je veux faire la fête avec les copains.
Une autre bonne chose c’est mon alternateur d’arbre d’hélice, à cette vitesse il arrive à subvenir à la totalité des besoins du bord. Il faut que je le modifie pour qu’il produise de l’énergie dès 2N et surtout qu’il en produise plus à 4N.
A bientĂ´t.
Jean-Louis |
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