Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 7 Oct 2009 21:26:00 - Barcelone N° 7 - Escale à Barcelone
Bonsoir à tous, Que la vie est belle pendant l'escale. Ce soir c'était petit restaurant sur le port, un vrai moment de bonheur. Nous sommes arrivés à 19 heures ce soir à Port Ginesta, c'est à 10 milles au sud de Barcelone. L'endroit est extrêmement tranquille et malheureusement je dois attendre encore un peu pour faire ma dernière dialyse avant de me jeter dans ma couchette. Que j'attends ce moment avec impatiente. En attendant, je vais vous raconter notre traversée. Mardi matin après une nuit au mouillage de "La Gracieuse" que j'ai passée à tout passer en revue, je me suis levé à 6h15 pour démonter cet onduleur. Comme il me l’avait proposé, Richard est venu me chercher avec son bateau à moteur et nous avons fait un aller et retour à Port Napoléon pour récupérer l'onduleur du camping car. Merci encore Richard. Finalement après avoir monté ce nouvel onduleur, effectué les tests et rangé le bateau, nous levons l'ancre à 9heures 55, accompagnés par Richard sur son bateau à moteur pour l'adieu final. Il faut sortir du golfe de Fos et pour l'instant c'est moteur. Il y a un peu de mer, c'est force 5 Est Sud Est. On sort le vent dans le nez et nous avons hâte de passer la bouée de La Balancelle pour monter les voiles et mettre un peu d'ouest dans notre sud. Nous avons viré la bouée, grand voile, artimon et génois le bateau avance, nous sommes en route directe sur Barcelone. Il a du mal, nous sommes un peu trop dans le lit du vent. Je remets le moteur en marche, au ralentie, à 1500 tours. Maintenant, c'est du bonheur, le bateau bondie de vague en vague, on est en permanence entre 7 et 8 noeuds! Qu'il marche bien ce bateau. A bord, c'est un peu dur pour une mise en jambes. Tout le monde est un peu barbouillé. C'est déjà l'heure de la dialyse, il faut que je descende dans le carré. Je vais chercher le petit matériel dans la chambre du capitaine et immédiatement je sais que cela va mal se terminer. J'ai le coeur qui commence à chavirer. Je m'installe pour la dialyse, il faut se concentrer sur ce que l'on fait. Je me connecte, malgré les secousses du bateau c'est beaucoup moins difficile que je l'avais imaginé. Je sens malgré tout le mal de mer arriver et j'attrape la bassine. Cela commence par une énorme bouffée de chaleur, ma chemise est à tordre, des grosses gouttes de sueur tombent de mon front et puis c'est parti, je rends de l'acide, ça brûle, c'est pas bon. Une fois, quatre fois, cinq fois. La dixième fois que d'éfforts pour une simple goutte. Je m'allonge en chien de fusil, ça passe un peu. Je dois maintenant purger la poche pour obtenir la quantité exacte à m'injecter, la poche danse au bout du pesons et moi j'essaie de lire un poids qui varie énormément, c'est impossible. On va dire que là ça va. Je clampe, j'ouvre mon clamp de cathéter et je replonge dans la bassine. Ce peson, c'est la manip qui tue. Je m'allonge à nouveau en chien de fusil, c'est la seule position qui me procure un peu de répis. Maintenant je dois me débrancher. En temps ordinaire, c'est l'histoire d'une minute. Là le simple fait de m'assoir me fait replonger dans la bassine. Je dois m'allonger pendant 20 minutes pour très rapidement m'assoir, mettre le masque, ouvrir le sachet du bouchon, me passer les mains à la solution hydro alcoolique, me déconnecter et mettre le bouchon en place avant de me jeter sur la bassine. Le mal de mer, temps qu'on ne l'a pas, on peut gérer et l'éviter. Essentiellement en restant dehors. Mais une fois qu'on l'a attrapé, c'est très difficile de s'en séparer. Je passe l'après midi sur la couchette que je suis incapable de quitter. J'angoisse pour la dialyse suivante qui arrive très vite. C'est un Everest ces dialyses. Quand on vomi, et que l'on est incontinent, on urine en même temps, ma situation devient apocalyptique. Je me sens très malheureux, je suis à bout de nerfs, j'ai envie de pleurer mais je ne suis pas seul. Je sais pourtant que cela me ferais énormément de bien et soulagerais cette tension qui m'oppresse. Je lâche 3 ou 4 sanglots dans ma manche et cela va un peu mieux. Pourquoi je me suis mis dans cette situation ? C'est encore mes défis irréalisables. Je serais quand même mieux à pêcher la truite dans la rivière prés de chez moi. Je donnerais cher pour être ailleurs. Je me traite d'imbécile. Je sais pourtant que je suis très facilement malade en bateau. Je savais que cela se passerai mal au moment de la dialyse mais je l'ai occulté rapidement pour ne pas butter sur ce problème qui me semble alors insurmontable. Le soir arrive, il faudrait bien que je passe un coup de téléphone à Pierre-Yves pour rassurer l'équipe à terre. Je branche le Fleet, c'est merveilleux cet appareil. Je parle 5 minutes dans le cockpit. C'est beaucoup d'efforts et dés que je raccroche, je paye au prix fort, je dois en passer autant dans ma bassine. Je suis épuisé. Je m'allonge et dors un peu. Quand je me réveil cela va mieux. Il y a moins de vent, il a tourné sud et nous avons 16 à 17 noeuds dans le nez. Il y a moins de vague, le bateau fait beaucoup moins le cabri. J'essaie de boire une gorgée d'eau, elle ne ressort pas immédiatement cette fois ci. Je me lève, range tout mon fourbi des dialyses successives et je sorts dans le cockpit avec Jacky qui fait le quart. Christophe dors dans sa couchette. Je demande à Jacky si il reste un peu de raisin. C'est frais, cela me fait du bien. Un petit verre d'eau rougie et je retourne au lit. Je me repose enfin. Vers trois heures du matin je monte dans le cockpit et je renvoie Christophe au lit. Cela ne sert à rien de faire des quarts au milieu du golfe du Lyon où il n'y a pas de bateau. Le radar est en marche avec une zone de garde. A la moindre alerte, et d'une façon beaucoup plus fiable qu'avec un homme de quart, je serais alerté. Au petit matin, je ne peux plus dormir car nous arrivons prés de la côte espagnole et les chalutiers sont de sortie. Il faut sans cesse repositionner la zone de garde et surveiller les routes. Je profite que mon téléphone cellulaire fonctionne à nouveau pour consulter mes mails. J'en ai 7. C'est beaucoup trop pour moi, et je paye immédiatement le prix de cet excès en passant à nouveau par la case cuvette. Pourtant la mer est très calme mais c'est les conséquences de cette infernale journée d'hier. J'essaierais bien de prendre un comprimé de nautamine mais je ne me sens pas capable d'aller chercher dans la pharmacie du bord. Jacky me propose de s'en occuper et je prends un comprimé avec un tout petit peu d'eau. Étonnant ! L'effet est quasi immédiat et une demi heure plus tard je me sent guéri, je peux enfin faire un brin de toilette, me laver les dents, mettre du sent bon. Quel bonheur de vivre ! Aujourd'hui c'était pétole et c'était bien comme cela. J'ai constaté une petite déchirure de la ralingue au niveau du point d'amure du génois. Il faut réparer cela avant de repartir. Monsieur Verger, mon néphrologue désir que je fasse un passage à l'hôpital de Barcelone pour quelques analyses après ces moments difficiles. J'espère que nous ne serons pas trop longtemps arrêtés ici, la route est encore longue. Mais j'ai un stock de nautamines et la leçon de cette première étape c'est que je dois prendre ce médicament à la moindre alerte. Bonsoir à tous Jean Louis |
"Toute l'équipe d'infirmières de l'unité de dialyse péritonéale de Pontoise se joint à moi pour vous souhaiter bonne route et le succès dans votre aventure. Nous vous remercions aussi au nom de tous nos patients à qui vous donnez l'exemple du courage et de l'enthousiasme qu'il faut savoir conserver. Dr Christian Verger"
Envoyé par Verger Christian le 05-10-2009 à 16:12
"Le module de commentaires fonctionne correctement. Je peux y lire les messages qui y sont laisser. Il indique même la date et l'heure de l'envoi."
Envoyé par Christophe le 06-10-2009 à 09:04
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |
|
|
|