Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 03 Sept 2014 15:00:00 - Dans le TGV Arles/Paris N° 720 - Le plaisir d’écrire
17h00 en France.
Bonjour Ă tous,
Nous ne sommes pas tous égaux à la naissance c’est une évidence. Je ne parlerais pas de l’endroit géographique où l’on a vu le jour ni de l’époque, ni de la famille, ni de la couleur de peau, ni de la religion mais des facultés qui nous sont propres et que les gentilles fées ont bien voulu jeter dans le berceau.
En tout premier lieu, il y a le physique, la taille, la force, la vélocité … certains seront plus à même de faire certains travaux de force. Ainsi j’ai été surpris au Sri Lanka de voir des femmes travailler à la pelle et à la pioche dans une tranchée. Cela s’explique car chez les Tamouls les femmes sont grandes et charpentées et les hommes plus chétifs.
Ensuite il y a toutes les facultés intellectuelles. De construction notre cerveau sera plus doué pour les matières techniques ou pour les domaines littéraires, pour le concret ou pour l’abstrait …
A l’inné de chacun vient s’ajouter l’acquis, la niaque, le désir de se battre, le goût de l’effort … mais je vais garder ces sujets pour mes prochaines grandes traversées transocéaniques.
Aujourd’hui je veux vous parler de tout ce que m’a apporté l’écriture. A l’école, je me suis très vite rendu compte que j’étais très doué pour les matières techniques, mathématiques, géométrie, trigonométrie, technologie puis électricité, électronique …. Par contre j’étais absolument nul dans les domaines littéraires, l’orthographe, les rédactions, les dissertations, la phyllo … J’étais aussi à l’aise dans le concret que perdu dans l’abstrait
Je me désolais et au lycée j’étais admiratif de ce gars qui arrivait à obtenir des notes aussi près du 20 sur 20 que moi du zéro pointé. Et puis un jour, la prof nous a demandé de faire une dissertation sur le tableau de la Joconde. J’ai pris un plaisir immense à décrire ce tableau, mon côté concret certainement. Miracle, lors de la correction des copies j’étais le premier de la classe ! Cela m’a interpellé, je n’ai pas tout compris mais à partir de ce jour j’ai pris conscience que ma nullité dans les matières littéraires n’était peut-être pas irrémédiable.
J’ai créé mon entreprise à 30 ans, un an après j’avais une vingtaine de salariés et une grande part de mon travail consistait à écrire. Petit à petit je me suis amélioré, j’ai appris à choisir les mots qui retransmettaient avec précision ma pensée. Puis en 2007, après avoir passé neuf ans à reconstruire mon bateau j’ai décidé de profiter de mon tour de Méditerranée en solitaire pour écrire un livre relatant cette aventure. J’ai découvert alors tout le plaisir que l’on peut ressentir à écrire.
Lorsque j’ai décidé de traverser l’Atlantique sous dialyse la tenue d’un blog m’est apparue une évidence. Cinq ans plus tard, je fais le point et j’étais alors loin de m’imaginer tout ce qu’allait m’apporter le fait d’écrire régulièrement. Lorsque je suis en mer, c’est une page par jour et à terre, pris par toutes mes activités, je me contente d’une page tous les quinze jours.
Pour moi écrire une page est un travail conséquent. Au préalable, il faut penser au sujet, y réfléchir, l’analyser, le disséquer … et cela se fait à tous moments de la journée et de la nuit. Ensuite il faut écrire, poser ses idées d’une façon concise. Les idées foisonnent, on a 10 pages mais il faut réduire à une seule pour ne pas lasser. C’est entre deux et quatre heures de travail. Par exemple le temps exact d’un trajet Arles/Paris en TGV (4h). Avant j’aurais utiliser ce temps à lire, maintenant j’écris.
Je me suis énormément enrichi intellectuellement en me penchant sur tous ces sujets, merci le blog. Aujourd’hui, mes rapports avec les autres ont totalement changés, j’ai toujours mille sujets à aborder, tous plus intéressant les uns que les autres et je vois bien que je passionne mon auditoire.
Au bateau les travaux avancent, encore une journée de travail et je vais pouvoir tester mon nouveau réfrigérateur. J’ai reçu mes nouveaux panneaux solaires, ils sont plus petits et je vais pouvoir les installer sur les filières de chaque côté du cockpit sans casser la ligne du bateau.
Je rentre quelques jours à Paris, demain je passe au bloc pour que le chirurgien me retire ces excroissances qui me poussent sur la tête, effets secondaires néfastes des médicaments antirejet.
A bientĂ´t. Jean-Louis |
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