Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 31 Oct 2014 19:00:00 - 28° 55’ N 13° 42’ W
N° 740 - Escale technique Ă  Lanzarote

20h00 en France, 19h00 heure du bord.
A Puerto Calero


Bonjour Ă  tous,

Mercredi soir. La nuit le long de la côte avec une arrivée prévue à 4h
du matin s’annonce longue et ennuyeuse. Je décide de laisser Harmattan
dériver lentement à quelques Miles de la côte sous voilure très
réduite avec peu de prise au vent. Je règle l’alarme collision en
conséquence et, après une nuit comme à la maison, je me lève à 7
heures alors que nous sommes presque à l’entrée du port.

Puerto Calero est une marina haut de gamme avec des bites d’amarrage
en laiton polie astiquées quotidiennement, on dirait de l’or.
Restaurants et magasins de mode des plus grandes marques sont pléthore
mais la crise est là et, aidé par des prix de stationnement beaucoup
trop élevés (exemple pour Harmattan plus de 550 € pour quinze jours)
le port s’est pas mal vidé et il y a beaucoup moins de personnel.
Alors que tous les autres ports des Canaries affichent complet, ici
les emplacements sans bateaux sont légions. Un prix, même légèrement,
trop haut est toujours une erreur de gestion.

Nous sommes contents d’amarrer Harmattan et nous nous précipitons aux
douches. Que c’est bon de se doucher avec de l’eau tiède sans être
plié en quatre. Immédiatement se pose la question de l’avion pour
rentrer en France. Jacky, qui a un rendez-vous important lundi est
parti ce matin avant l’aube en passant par Barcelone. Quant à moi je
ne suis pas très pressé. Le billet aujourd’hui était à 400€ mais j’en
ai trouvé un mardi pour 80€ qui me dépose sans escale à Beauvais, à 20
km de chez moi.

De telles différences de prix ne sont pas normales. Mardi, c’est sûr,
je n’aurai pas un pilote payé 25 000 € par mois avec en plus 13 jours
de repos par mois mais il fera correctement son boulot malgré tout.
C’est tout le problème des « avantages acquis ». Comme les chauffeurs
de TGV qui continuent Ă  toucher les primes charbons et partent Ă  la
retraite Ă  50 ans. Il y a vraiment de nombreuses choses Ă 
révolutionner dans ce pays.

Je trouve normal que l’on gagne énormément d’argent si l’on a
travaillé pour cela mais bénéficier d’une situation de rente
injustifiée, non. Tous ces nantis qui se battent pour finalement
couler le bateau qui les transportent (SNCM en est un autre exemple)
sont des traites à la patrie. Bon, j’arrête là, ce n’est pas bon pour
mon estomac je crois.

J’ai donc cinq jours à passer ici, mais ce n’est pas le bagne. Je vis
en maillot de bain à bord et j’enfile juste une chemisette et un short
pour sortir. Le temps est idéale, 28 degrés aujourd’hui. J’ai rouverte
ma Job List, je l’ai mise à jour en ajoutant des lignes pour ce qui
doit ĂŞtre fait avant de repartir et je travail tranquillement.

Je lance deux machines Ă  laver par jour. Elle ne fait que 3 Kg mais
mon tas de linge commence Ă  diminuer. Il y a les literies, draps,
taies, housses … mon linge des trois dernières semaines, housses de
coussins, linge de toilette et de table …

J’ai horreur des valises, surtout si elles sont énormes. J’aime
voyager léger et un simple petit sac à dos me suffit, avec au maximum
une petite valise de cabine. Aussi je me suis organisé pour ne pas
transporter de linge. J’ai à bord le linge du bateau et à la maison le
linge de la maison.

Et puis il y a comme toujours divers petits problèmes à résoudre et en
particulier les toilette avant dont le broyeur est mort. Mais
problème, avec ce port qui va mal le vendeur de matériel pour bateau a
fait faillite et est fermé. Je ne peux absolument rien acheter ici. Il
faudrait prendre le bus et perdre au moins une demi-journée ou bien
louer une voiture.

Dans certains restaurants, par contre, les prix ont été rabotés d’une
façon drastique. Hier soir j’ai pris une sole meunière. Chez nous
c’est couramment 30€ mais ici on m’a servi une très belle sole pour
10€ seulement !!!!

Pour les mordus de navigation le parcours total fut de 1615 Miles
alors qu’il n’avait été que de 1347 Miles en 2009. Vents et courants
contraires expliquent cette différence. Rien qu’à Gibraltar, selon que
l’on passe avec ou contre le courant la différence est de plus de 100
Miles

Voila la nuit qui tombe, je vais prendre une soupe et au lit car je
suis fatigué, j’ai pas mal de sommeil en retard à rattraper.

A bientĂ´t

Jean-Louis
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