Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 18 Apr 2015 22:00:00 - 17°34’S 38°39’W N° 793 - ArquipĂ©lago dos Abrolhos
22H00 TU, 24h00 en France.
Bonjour Ă tous,
Il est quatre heure de l’après-midi, je me repose, allongé sur une banquette du carré en savourant les morceaux choisis d’une façon aléatoire par mon iPod. Dehors la mer est assez plate maintenant, le ciel d’un bleu profond et le soleil brulant. A l’intérieur il fait trente degrés mais je suis habitué et je suis bien.
Je suis sous voile, au près bon plein si je peux dire avec un vent de seulement 6 à 7 Nœuds et le moteur tout juste enclenché au ralenti ronronne gentiment et me berce. Le bateau marche ainsi entre 3 et 4 Nœuds doit sur l’archipel des Abrolhos.
Je sors doucement de ma torpeur, porté comme sur un nuage par Fredericks, Goldman et Jones. C’est le morceau « Nuit » qui passe, trop beau, trop émouvant, j’ai l’impression d’être en apesanteur. Les notes qui sortent de la guitare de Jones sont des perles cristallines d’une clarté et d’une finesse absolue. Elles sont taillées, ciselées devrais-je dire, comme des diamants. Que c’est bon, que je suis bien !
D’une façon générale, cette descente vers le Sud n’est pas très marrante, comme je regrette la facilité des alizés. La nuit et la matinée ont été particulièrement difficiles. Contrairement à ce qu’avait laissé espérer la météo, le vent vient du Sud, pas très fort mais Harmattan étant un bateau lourd, 10 Nœuds de vent et une houle de 1,3 mètre dans le nez suffit à le bloquer.
Paradoxalement, ces mêmes dix nœuds de vent ne lui permettent pas de remonter convenablement au près. Je dois donc sans cesse aider au moteur mais je dois également surveiller mon niveau de Gasoil. C’est compliqué, il faut pousser le régime mais la consommation s’envole. J’ai donc passé la nuit à tirer un grand bord vers le large mais cela ne me fait pas avancer.
Après un épisode orageux ce matin, voyant que je ne parviendrais pas à passer au large des Abrolhos, j’ai décidé de changer de stratégie et de couper carrément à travers. Tant pis, je veillerais encore cette nuit, mais du coup je ne me bats plus contre la mer et je retrouve pour quelques heures une ambiance alizés.
Cet endroit est un ensemble de massifs coralliens affleurant implantés sur le plateau continental en bordure de côte et jusqu’à une quarantaine de miles au large. En passant au travers cela me fait comme un raccourci mais il va falloir être vigilant dans la navigation. Sur les anciennes cartes brésiliennes il était inscrit « abra los oyos », ce qui se traduit par « Ouvre les yeux ».
C’est un parc naturel très règlementé, on ne peut mouiller ici sans avoir obtenu une autorisation préalable.
Ce soir le compteur indique 86 Miles, mais malheureusement ils n’ont pas tous été utiles.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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