Journal de bord de l'Harmattan
Mon, 08 Feb 2016 21:00:00 - 23°50 S 45°25 W
N° 852 - Ilha Anchieta



19h00 heure du bord, 21hTU et 22h00 en France.


Bonjour Ă  tous,

La nuit tombe rapidement sur le mouillage de l’île Anchieta. Tout est
calme, seulement cinq voiliers brésiliens vont passer la nuit ici. Je
dîne rapidement d’une salade d’endives, deux rondelles de saucisson,
un petit morceau de « mussarella » et une pomme puis je me jette au
lit.

Le jour n’est pas encore levé que j’ai déjà hâte de découvrir cet
endroit qui me semble paradisiaque. Aussi je descends mon annexe et je
rame jusqu’à la petite plage dans le Sud Est de l’Enseada. J’ai
l’impression d’être Robinson qui découvre son île, il n’y a personne,
les autres plaisanciers dorment encore, il fait frais, des oiseaux
chantent des chants que je ne connais pas, c’est très agréable.

Le site est classé zone protégé, il abrite un ancien pénitencier et
tout est très bien entretenu. Je tire mon annexe sur le sable et je
vais goûter à la source qui tombe telle une douche dans une piscine
naturelle. L’eau est délicieuse. Je commence à emprunter un petit
chemin mais très vite je comprends que je dois retourner au bateau
m’équiper un peu mieux et surtout prendre l’ancre pour l’annexe, si la
marée monte je veux pouvoir la retrouver.

Je déjeune rapidement, prends quelques billets, mes chaussures de
marches et je retourne à terre. Qu’il est agréable ce petit sentier
dessiné dans les sous bois de l’épaisse forêt tropicale (la Mata
Atlântica). Des petits panneaux indiquent le nom des grands arbres et
de certaines plantes. Je vois ainsi un majestueux ficus avec ses
racines si particulières.

J’arrive maintenant sur la Praia do Presidio, là où est construit le
pénitencier. Des petits crabes sortent de leur trou dans le sable et
courent à une vitesse incroyable jusqu’à la mer. Soudain j’aperçois un
gardien qui coure, un autre m’interpelle. Je m’approche mais nous ne
parlons pas la mĂŞme langue. NĂ©anmoins je finis par comprendre que le
site n’ouvre qu’à neuf heures et il n’est que huit heure et demie.
Mais il est souriant, c’est juste une constatation.

Je les surprends un peu mais rien de grave, tout est calme, il fait
bon, mon bonheur est parfait. Un canot arrive du continent et une
jeune brésilienne se précipite vers l’étranger que je suis. Elle est
heureuse de pouvoir utiliser son anglais. Elle se présente, me sert la
main, « Nice to meet you », et nous parlons pendant une demie heure.

Elle me raconte l’histoire de l’île, elle sent bon, c’est très
agréable. La visite est normalement payante mais comme j’ai 65 ans
c’est gratuit. Je veux payer tout de même mais elle me le déconseille
et m’explique que l’argent va à l’état et que ce n’est pas l’île qui
en profite.

Au retour je croise « le » papillon brésilien. Je l’ai déjà rencontré
mais maintenant il est tout près, au milieu du chemin. Qu’il est beau
! J’aimerais le prendre en photo mais c’est impossible, il ne se pose
pas. Plus grand qu’une main, il et d’un magnifique bleu métallique qui
se termine en bleu nuit au bord des ailes. C’est encore une belle
rencontre.

De retour sur Harmattan je fais un peu de rangement et soudain
j’entends quelqu’un qui m’interpelle. C’est mon voisin de bateau. Il a
trouvé un prétexte pour m’aborder « Do you need some help ? », je n’ai
besoin de rien mais je l’invite à monter à bord. Nous bavardons trois
quart d’heure. Il rêve de faire le tour du monde et me pose plein de
questions.

Ce qui l’intrigue le plus c’est que je prépare moi-même mes repas. Il
a du mal Ă  conceptualiser. Il fait partie de ceux qui pensent que sans
femme à bord l’homme est destiné à mourir de faim ! Nous passons un
bon moment, encore une belle rencontre. Il souhaite que je passe la
journée avec lui et sa girl-friend mais je dois reprendre la route.

Je commence Ă  relever mon ancre lorsque je vois une armada de bateaux
de toutes sortes foncer sur le mouillage. Il y en a des dizaines,
escunas, voiliers, vedettes Ă  moteur, yacht de toutes dimensions, et
mĂŞme embarcations. Je suis content de partir.

En fin d’après-midi j’embouque le canal entre São Sebastiào et
Ilhabela. C’est un terrain de jeux nautique, il y a des centaines de
yacht qui passent autour de moi dans toutes les directions et Ă  pleine
vitesse. Ce soir le Brésil aura brulé un peu de ses réserves de
pétrole.

Je jette l’ancre à 18h45, 27 Miles au compteur, je suis ce soir à 52
Miles de l’entrée de la baie de Santos.

A bientĂ´t


Jean-Louis
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