Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 25 Mar 2017 22:00:00 - 73°35’ 073 W N° 992 - PerchĂ© sur un rocher
19h00 heure du bord, 22h00 TU et 23h00 en France. Caleta Brooks 44°43’ 591 S 73°35’ 073 W
Bonjour Ă tous,
A l’aube, dès que nous sortons de Puerto Rosita où nous avons passé la nuit dans un cadre agréable et calme, nous apercevons les lumières de Puerto Aguirre. C’est un gros village qui comptait 1200 habitants en 2002. Pour rejoindre la petite jetée il faut slalomer entre les îles et les hauts fonds. Le marnage qui était assez faible jusqu’à présent commence à prendre des proportions importantes et comme nous sommes en basses eaux, la jetée dépasse de plusieurs mètres le niveau de l’eau.
Impossible de s’amarrer là . Mais j’avise sur le coté de la passerelle menant à la jetée un système d’escaliers descendants jusque au niveau de l’eau. Sur le côté des boudins en caoutchouc vont nous permettre d’amarrer et de débarquer.
J’explique à Jacky la manœuvre mais, alors que je suis naturellement doué en général, je me plante dans les grandes largeurs et Harmattan vient râper sur l’angle en béton de la jetée. Résultat : de grandes balafres sur le côté tribord de la coque ! Je suis fou furieux, je me traite de bourrin et m’en veux énormément d’avoir ainsi abîmé mon beau bateau.
Je souffre pour lui bien que cela ne soit pas si grave. Ce n’est pas la première éraflure mais j’espère que ce sera la dernière. Lorsque je rentrerais en France j’aurais du travail. Harmattan n’est pas un bateau de salon, il voyage et malheureusement, parfois le voyage est synonyme de coups et de blessures.
Nous débarquons et pendant que Jacky transfert le gasoil des bidons dans le réservoir principal je visite l’Armada. Je dois obtenir un Zarpe pour me rendre à Valdivia. Mais, contrairement au grand Sud où les risques liés à l’isolement et la rudesse du climat sont nombreux, ici c’est beaucoup plus facile. Le militaire se contente d’écrire une phrase à la main sur mon ancien Zarpe, d’un coup de tampon et d’une signature.
La cabane oĂą est dĂ©livrĂ© l’or liquide qu’est le gasoil se trouve Ă 50 mètres du quai. Le prix est affichĂ©, 1100 pesos le litre alors que le prix normal est de 550 pesos !!! Il en reste un peu dans le rĂ©servoir et Quellón, notre prochaine Ă©tape sur l’île de ChiloĂ© ne se trouve qu’à environ 120 Miles. Aussi je dĂ©cide de n’en prendre que deux bidons soit 40 litres.
La situation est étonnante car Puerto Aguirre est situé sur une toute petite île et la totalité des routes mises bout à bout ne doit pas dépasser les 5 kilomètres. Pourtant il y a un certain nombre de voitures, surtout de touts petits utilitaires d’ailleurs et les habitants viennent chercher du gasoil dans des vieilles bouteilles d’eau ou de boissons gazeuses.
Chaque client repart avec 1,5 litre de gasoil. Il en a peut-être pour la semaine ? Aussi, lorsque j’arrive avec mes deux bidons en demandant 40 litres le pompiste me déploie le tapis rouge. Il sort la calculette car elle est nécessaire pour calculer le coût de 40 litre à 1100 pesos. Lorsque je repars il me sert la main avec un énorme sourire.
Nous souhaitons déjeuner dans un restaurant mais comprenons vite que Puerto Aguirre est en perte de vitesse, une « maison » sur deux est à l’abandon et on nous explique qu’il n’y a plus assez de clients et que les restaurants sont tous fermés. Aussi nous décidons de reprendre la mer immédiatement car rien de sert de rester plus longtemps dans un endroit aussi terne.
Je décide de passer la nuit dans la Caleta Brooks. Mais encore une fois ce n’est pas le jour pour mon bateau. Le guide de Giorgio comporte une erreur, et Harmattan monte et se perche sur un énorme rocher qui se trouve en plein milieu de l’emplacement préconisé. Il est à -1,74m alors que je calle 2m. Nous essayons en vain de faire redescendre le bateau et il faut attendre que la marée fasse son œuvre.
Nous allons patienter le temps qu’il faudra.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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