Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 06 Apr 2017 22:00:00 - 39°51’S 73°19’W N° 1002 - Bilan de trois mois d’aventures
19h00 heure du bord, 22h00 TU et 24h00 en France. Marina La Estancilla
Bonjour Ă tous,
Hier et aujourd’hui je n’ai pas arrêté. Comme à chaque fois que je laisse le bateau quelque part le travail est énorme. Il faut nettoyer, brosser, faire les lessives, stocker le déssalinisateur, courir par ci, courir pas là , bidonner du gasoil, et essayer de trouver des solutions aux problèmes qui grossissent terriblement avec la barrière de la langue.
Le tracas majeur concerne ma grand voile. Après avoir envoyé des photos du problème à différents spécialistes j’ai compris que je ne pourrais la faire réparer dans la région. On me dit que ce ne sera possible qu’à Santiago. C’est un peu la même chose pour le chauffe-eau ou le groupe froid.
Contrairement à l’Argentine, le Chili n’a pas développé une grosse flotte de voiliers de plaisance. Avec la longueur de côte de ce pays la mer est plus considérée comme un espace de travail que comme un endroit de loisirs. Est-ce à cause du courant de Humboldt qui refroidit considérablement la mer ? Je ne sais pas.
J’ai donc décidé de monter à Santiago afin d’aller visiter les shipchandlers et les voileries. Hier soir j’ai pris un ticket de bus. Je suis toujours surpris des tarifs, ce n’est vraiment pas cher. La distance est plus importante que celle de Paris à Marseille et pourtant un billet dans un bus très confortable coûte 12€. En classe luxe (Salon cama) c’est 22€, pour ce prix on voyage allongé. Monsieur le Président de la SNCF devrait voyager un peu à l’étranger. Je pars ce soir à 22h.
L’aventure est terminée, c’est le moment de faire un bilan. Elle aura durée très exactement trois mois puisque je suis parti de Paris pour Buenos Aires le 7 janvier. Pendant ces trois mois j’ai fait le tour complet du Sud de l’Amérique du Sud en parcourant 3636 Miles.
C’était une super belle ballade. Par contre, comme à chaque fois, la difficulté n’est pas du tout à la hauteur de ce que j’avais entendu. On m’avait prédit des vents terribles, des froids de gueux, des difficultés énormes. Tous les avis convergeaient.
En partant de Puerto Williams on m’a même fait comprendre que j’étais fou en voulant arriver à Valdivia début Avril. « Certains ont voulu faire cela en deux mois, ils sont arrivés exténués !!! », « Il faut 4 mois !!! », « On porte trois paires de chaussettes et trois paires de gants »
Mais non, les canaux sont au contraire extrêmement faciles à faire car il n’y a pas de mer. Il y a du vent comme partout ailleurs mais la configuration des canaux fait qu’il n’y a la plus part du temps pas du tout de mer. C’est un vrai bonheur.
J’ai fait tout le parcours sans chauffage mais il n’a jamais fait moins de 8 degrés dans le bateau. C’est très vivable. En France il m’est arrivé de naviguer en Méditerranée ou en Atlantique avec zéro degrés dans le bateau et de la glace sur le pont.
Par contre l’humidité était à son maximum. Dehors tout d’abord avec des journées entières de pluie et à l’intérieur car il pleuvait dans le bateau malgré des panneaux entre-ouverts en permanence pour faire circuler l’air.
En fait l’endroit vaut essentiellement par ses glaciers qui tombent dans la mer. C’est un spectacle véritablement exceptionnel. Et pourtant lorsque les charters demandent à leurs clients ce qu’ils veulent faire, 9 sur dix demande le Cap Horn ! Je n’arrive vraiment pas à comprendre, des falaises comme cela il y en a des milliers dans le monde.
Un autre passage m’a impressionné, c’est le détroit de Lemaire. Lorsque nous avons visité le musé d’Ushuaia avec Nico il y avait une carte avec deux gros pavés de petits bateaux numérotés. Un dans le Lemaire, l’autre au Cap Horn. A côté de chaque pavé une liste avec les noms et les dates. Il y avait au moins autant d’épaves dans le premier que dans le second.
J’ai beaucoup aimé cette aventure mais j’ai vu et je ne m’éterniserais pas ici. Le gros problème de ces canaux de Patagonie est que l’on ne peut jamais faire de grandes balades à terre, le terrain ne le permet pas. La végétation envahie tout et on ne peut progresser.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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