Journal de bord de l'Harmattan |
Mon, 23 Oct 2017 19:00:00 - 7°14’S 81°10’W N° 1053 - Les marins du passĂ©
19h00 heure du bord, 23h00 TU et 01h00 J+1 en France.
Bonjour Ă tous,
Si le Capitaine ne s’est pas trompé dans ses calculs, tous les marins présents sur le pont du ketch Harmattan en fin de nuit, à l’heure où le jour va pointer, vont entendre un cri jaillir de la vigie tout la haut perchée dans les huniers « Terre, terre Capt’ain ».
Depuis toujours et je pense pour le reste des temps, apercevoir la terre après plusieurs semaines de mer a été, est et restera un moment de grandes émotions. Mais bien entendu pour les marins des siècles passés qui naviguaient sans cartographies précises, sans GPS, sans prévisions météo et sans moteur pour se déhaler lorsque les courants portaient à la côte et que le vent était absent, la vue de la terre était un moment énorme.
Le quotidien des marins était alors extrêmement dur, entre les privations, la mauvaise nourriture, les maladies, la discipline de fer et les tempêtes, la vie à bord n’avait rien d’une ballade de santé. Et l’apparition d’une terre pouvait signifier de l’eau fraîche à volonté, des fruits et de la viande fraîche et si l’on arrivait dans un port des tavernes pour se saouler et s’occuper des filles.
Mais encore fallait-il que le Capitaine, seul maître à bord, décide d’accoster. Souvent les îles pouvaient être habitées par des peuplades hostiles qui interdisaient tout débarquement.
Sur Harmattan le Capitaine a demandé au second de faire un état des stocks. Il y a encore suffisamment d’eau et de nourriture pour le reste du voyage jusqu’à Panama aussi le Capitaine a décidé de poursuive la route sans essayer d’atterrir dans ce pays inconnu. Demain matin nous allons donc laisser sur notre tribord, à une dizaine de Miles, la Punta Tur et tirer tout droit sur la Punta Parinas, la pointe la plus à l’Ouest de l’Amérique du Sud.
Contrairement à ce que pensent les terriens, les tempêtes en mer ne sont pas très fréquentes et les marins avaient énormément de temps libre qu’ils consacraient à pêcher, réaliser de petits objets (des bateaux dans des bouteilles de verre), faire de la musique …
C’est un peu ce qu’il se passe à bord d’Harmattan en ce moment, la mer est plate, le vent est léger et le bateau glisse gentiment sur l’eau. Pas de soleil aujourd’hui, beaucoup de nuages bas mais la vie coule doucement malgré une température un peu fraîche.
Celle de l’eau de mer est redescendue à 16 degrés et le short est resté dans l’équipet. Mon dermato m’a demandé de bien me protéger des UV sous les tropiques mais je dois dire que pour l’instant ils sont aux abonnés absents.
Tout doucement notre destination finale se rapproche et Panama est maintenant à moins de 1000 Miles. Ce soir la dernière tomate sera avalée, à partir de demain il faudra se contenter de conserves mais la cambuse regorge de boîtes de cœurs de palmiers dont le Capitaine raffole. Il reste par contre suffisamment de pommes pour le reste du voyage.
Encore 130 Miles à rajouter au totalisateur qui affiche ce soir 2 139 Miles. Panama n’est plus qu’à environ 980 Miles.
A bientĂ´t Jean-Louis
PS : Problème Internet 1 er essai 19h : impossible d’envoyer ce mail 2éme essai 22h30 : Impossible 3éme essai 0h30 |
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