Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 24 Oct 2017 19:00:00 - 5°30’S 81°25’W
N° 1054 - EncalminĂ© devant Punta la Negra

19h00 heure du bord, 23h00 TU et 01h00 J+1 en France.


Bonjour Ă  tous,

Lorsque la terre approche la tension monte Ă  bord car les dangers ne
sont pas au milieu des océans mais bien dans les quelques Miles
proches de la cĂ´te. Je sais que la nuit va ĂŞtre longue et que je ne
vais pratiquement pas dormir.

Après dîner le vent monte un peu jusqu’à 20N et Harmattan file sur
cette mer assez plate. Mais vers 22 heures, tout d’un coup tout
s’arrête. Le vent tombe, c’est la calmasse. Je rentre le génois et je
n’ai plus qu’à accepter cette situation que je n’aime pas trop.

Le bateau se traîne entre un et deux Nœuds, il roule d’un bord sur
l’autre c’est très inconfortable. Comme à chaque fois l’atmosphère est
pesante, l’ambiance est lourde. Plus rien n’est en tension, tout
frotte, tout cogne, tout grogne. Tout frappe, tout claque. Tout
crisse, tout crie. Tout grince, tout geint, tout se plaint.

Les marins désœuvrés commencent à se rassembler en petits groupe tels
des conspirateurs. Le Capitaine n’aime pas ça, il y a comme un climat
de mutinerie. Vite, il faut agir. Soudain on entend un beuglement du
haut de la passerelle : « Nettoyez moi ce foutu bateau …BORDELLL! »,
puis juste après une petite toux sèche, car il vient de s’abîmer une
corde vocale. Des seaux commencent Ă  passer par-dessus bord et
descendent le long des bordées pour remonter de l’eau. Ouf ! On l’a
échappé belle cette fois encore.

Dans la couchette j’essaie de me caler mais je roule d’un côté à
l’autre avec les mouvements du bateau. Au large de cette pointe des
cargos sont apparus, on est tous obligés de la contourner. L’un
d’entre eux me coupe la route juste un demi Mile sur mon avant. Ce
n’est pas très sympa, il aurait pu passer derrière.

A quatre heures du matin je décide d’envoyer un peu de moteur à 900
tours pour recharger les batteries. J’enclenche l’inverseur et nous
avançons maintenant à trois nœuds, je peux aller dormir un peu. Toute
la matinée se passe avec des nuages bas, de la brume et ça crachine un
peu. Impossible de voir la terre. Vers onze heures je coupe tout et
nous bouchonnons Ă  nouveau.

Le début d’après midi est plus sympa et vers seize heures un peu de
vent revient autour de 15N. C’est bon, Harmattan repart et le but qui
semblait s’être éloigné redevient accessible. Il fait froid, je suis
calfeutré à l’intérieur. La température de l’eau de mer est retombée à
14 degrés alors que je suis par 5 degrés de latitude Sud, c’est
incroyable, je n’aurais jamais pu imaginer cela.

Malgré la calmasse, ce soir nous ajoutons 105 Miles au compteur totalisateur.

A bientĂ´t


Jean-Louis


"Salut Jean-Louis.
J'ai remarqué que les cargos font parfois même exprès de changer de cap pour passer devant alors qu'en conservant sa route il serait passé derrière. J'y ai un peu réfléchi, et d'après moi, c'est par ce que le voilier peut être appelé à changer de cap et partir dans l'autre sens comme quand on tire des bords. En passant par devant il est sûre de passer devant."


Envoyé par Johnny le 26-10-2017 à 01:10

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