Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 26 Oct 2017 23:00:00 - 1°54’S 81°21’W N° 1056 - Au bon vouloir d’Eole
19h00 heure du bord, 23h00 TU et 01h00 J+1 en France.
Bonjour Ă tous,
Comme les jours précédents, le vent a forcit en fin d’après midi pour atteindre près de 20 Nœuds puis il a mollit à nouveau en début de nuit et s’est pratiquement évanouie avec 2 ou 3 Nœuds seulement vers quatre heures du matin. J’en ai profité pour faire tourner le moteur avec l’inverseur enclenché mais à huit heures les batteries étant rechargées je l’ai coupé.
Maintenant Harmattan se traîne entre 0,1 et 1 Nœud. Heureusement un courant favorable d’environ un Nœud améliore sensiblement la performance. En faisant un tour sur le pont je découvre pour la première fois ce matin des poissons volants. Ce sont des beaux modèles d’environ 25 cm. Alors que l’immensité de l’océan est vide quelle malchance de finir sur le pont d’un yacht. C’était leur karma ! Quoique finir là ou bien dans le ventre d’un oiseau de mer ou bien dans celui d’un poisson plus gros, je ne sais pas quel est le plus facile.
Bien que me trouvant à environ 30 Miles au large de la Punta Brava, avec 3000 mètres d’eau sous le bateau j’arrive sur une grande barque de pêche équatorienne équipée d’un gros moteur hors bord. Des filets sont tendus à la surface de la mer sur une longue distance, j’essaie d’éviter puis je rentre pour prendre mon petit déjeuner.
Lorsque je ressors je découvre sur l’arrière, de chaque côté du bateau des bouées genre bidons de lessive. En y regardant de plus près je vois qu’un fin câble de polypropylène s’est accroché à l’avant du bateau sur la fixation de la sous-barbe. Sur la bouée bâbord un gros animal est pris au piège, je fini par découvrir que c’est une belle tortue de mer qui se débat.
Je voudrais la libérer mais c’est impossible, la tension est trop forte car toute la ligne est en remorque. Comment faire ? Malgré mes essais je n’arrive pas à décrocher ce câblot, Harmattan n’avance plus. Ne souhaitant pas que la situation dégénère je prends la décision de couper. Je sors la gaffe, remonte un peu le câblot et d’un coup de couteau je nous libère.
Vers 15h30 le vent revient un peu entre 8 et 10N sur notre arrière bâbord. Harmattan repart à petite vitesse. Souvent des gens me posent la question qui tue alors que je ne suis pas encore parti : « Quand penses-tu arriver ? ». C’est la question à un million !
Déjà il faut partir mais avant il faut être prêt. Cela peut demander une, deux, trois … semaines ? Puis il faut une bonne fenêtre météo, parfois il faut patienter un mois. Ensuite il faut arriver et les embuches sont nombreuses entre les problèmes techniques et les aléas de la météo. Parfois on arrive à un endroit différent de celui prévu au départ.
Mais ce que je viens chercher c’est justement l’Aventure et s’il n’y avait pas toutes ces incertitudes, tous ces aléas, toutes ces surprises, tous ces problèmes à résoudre, ce ne serait plus l’aventure, ce serait le TGV.
Plusieurs fois dans la journée je croise ces grandes barques de pêcheurs équipées d’un gros moteur hors bord. Ils sont deux à bord et transportent d’immenses filets et des gros flotteurs. Si loin des côtes dans des embarcations non pontées, j’en reste baba. Il ne doit pas y avoir de tempête tous les jours par ici.
J’ai tout de même réussi à ajouter 89 Miles au compteur totalisateur ce soir.
Ah ! Des exocets, la mer à 24 degrés, je suis maintenant sous les vrais tropiques, j’ai enfin sorti le short.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
"bonjour jlouis, cette fois ça y est te voilà dans l'eau chaude des tropiques encore qq milliers de miles et tu sera dans l'atlantique sur la route du retour... ne te presses pas trop... profite bien d'Harmattan ton vieux coursier toujours fidèle qui préfère le large au ponton d'une marina. J'espère que ta santé est OK. Quand à moi j'ai démarré un traitement qui devrait ralentir la progression de la maladie. bonne journée à toi, bonne mer et bon vent "
Envoyé par bernard lannion le 28-10-2017 à 09:24
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