Journal de bord de l'Harmattan |
Fri, 11 May 2018 23:00:00 - 26°27’N 73°48’W N° 1130 - Les Horses Latitudes
19h00 heure locale, 23h00 TU, 0h00 J+1 en France
Bonjour Ă tous,
Vous avez certainement déjà entendu l’expression « Les Horses Latitudes ». Souvent on ne situe pas exactement la signification ni l’endroit exact. En fait les « Horses » Latitudes correspondent à la tranche de notre planète située entre les 30 degrés Sud et les 30 degrés Nord. Je me trouve actuellement sous ces latitudes.
Elles sont caractérisées par des calmes plats et des vents variables rendant extrêmement difficile la progression des voiliers et encore plus des tout premiers voiliers qui ne possédaient pas de motorisation auxiliaire. A l’époque, les Espagnols et les Portugais transportaient des chevaux vers les Antilles. Les bateaux pouvaient ainsi rester encalminés plusieurs semaines.
Deux légendes expliquent cette expression. La première prétend qu’alors, n’ayant plus d’eau pour abreuver les chevaux on les passait par-dessus bord. J’ai du mal à adhérer car s’il n’y a pas de vent dans ces régions, il y pleut énormément et, à l’époque, on savait déjà récupérer l’eau de pluie. La seconde prétend que les vivres venant à manquer, on tuait des chevaux pour se nourrir.
Justement, depuis hier au soir je suis sous les orages et la pluie. Il pleut tellement qu’un seul orage pourrait remplir à ras-bord toutes les citernes du navire. Quelle triste journée ! Je n’ai pas envie de sortir la tête de mon roman policier. Je n’ai jamais le temps de lire sauf lorsque je suis au milieu des océans, alors j’en profite. J’ai les titres chargés sur ma liseuse, des livres que j’avais déjà achetés et j’en ai échangés à Cuba avec Chloé mais surtout avec Ingrid. J’ai de quoi tenir un siège.
Hier soir, entre les grosses plaques jaunes des orages je distingue sur mon radar l’écho d’un voilier. Je sors dans le cockpit et je ne vois rien mais un peu plus tard je distingue le feu de mât vert à environ un mile sur mon bâbord.
Je saisie ma VHF portable : « Skoiern pour Harmattan ». « Oui, Jean-Louis, on passe sur le six ». C’est bien lui et je discute avec Patrick pendant vingt bonnes minutes. C’est étonnant car même si nous suivons la même route nous aurions pu être à 50 kilomètres ou plus l’un de l’autre.
Pour lui la route est encore plus difficile car il n’a que 250 litres de gasoil et il est obligé de se laisser dériver en attendant le vent. Pour ma part, avec 600 litres j’ai encore du stock pour abreuver mes « Horses Power » mais si je tombe à sec, vais-je les passer par-dessus bord (c’est lourd) ou bien vais-je les manger (c’est dur) ?
En milieu d’après-midi le vent est repassé au Nord, il n’arrête pas d’évoluer en force et en direction. C’est fatigant. L’intérieur du bateau est trempé, il pleut sans cesse et l’eau s’infiltre partout. Les prévisions météo sont-elles fausses ou bien ce temps est-il fou ? Les choses ne peuvent maintenant que s’améliorer.
Ce soir le vent est totalement tombé, la mer est toute désordonnée à tel point que même au moteur le bateau n’avance pas, alors j’ai mis en panne et je vais attendre que le vent revienne. Un courant de 0,9 Nœuds m’entraine vers le Sud.
Ayant franchi la longitude 75° j’ai avancé toutes les horloges du bord d’une heure, j’ai maintenant 5 heures de décalage avec la France. Le compteur journalier affiche 86 Miles et je suis à 598 Miles des Bermudes. Je me suis donc rapproché de 81 Miles depuis hier soir.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
"Salut Jean-Louis. Ou il y a une erreur ou tu va plein sud-est ? Enfin bonne route quand mĂŞme"
Envoyé par DESLANDES le 13-05-2018 à 08:20
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