Journal de bord de l'Harmattan |
Tue, 22 May 2018 23:00:00 - 34°29’N 62°06’W N° 1141 - Les discutions de ponton
19h00 heure du bord, 23h00 TU, 24h00 en France
Bonjour Ă tous,
J’adore les discutions de ponton. Ce sont toujours un peu les mêmes sujets qui reviennent. La météo tout d’abord surtout si l’on attend une fenêtre pour repartir. Et puis le parcours de chacun, « Tu viens d’où ? », « Tu vas où ? », « Depuis combien de temps es-tu parti ? », « Quel est ton métier ? », « Comment tu vis ? » …
Pour ma part je parle souvent de mon tour du monde sous dialyse, de la dialyse, de ma greffe. Je vulgarise car le commun des mortels a souvent des idées totalement erronées sur la dialyse mais encore plus sur la greffe. Par contre tout le monde est intéressé par mon expérience.
Et puis les discutions reviennent souvent sur les pays que l’on a visité. Au Bermudes nous ne pouvions nous empêcher de parler de Cuba. Ce sont deux pays totalement à l’opposé l’un de l’autre, deux pays que tout sépare. A Cuba la dictature communiste et aux Bermudes le royaume du capitalisme exacerbé.
Un me dit « à Cuba il n’y a pas de bidon-villes », « à Cuba tout le monde mange à sa faim ». Un autre « à Cuba les gens sont heureux », « j’ai arrêté de juger Cuba, c’est trop complexe ». J’entends tout cela mais tout de même il y a des faits.
Pourquoi « Pays communiste » ne rime-t-il jamais avec « démocratie » ? Pourquoi faut-il une dictature, pourquoi un parti unique, pourquoi une opposition éliminée pour que les gens soient « heureux » ?
Chloé a voulu faire visiter son bateau à une amie Cubaine mais le gardien du quai s’est précipité, les Cubains n’ont pas le droit de monter sur les bateaux des plaisanciers.
Pourquoi a-t-on peur que les Cubains s’évadent s’ils sont heureux ici ? Pourquoi empêche-t-on les Cubains d’aller en mer ? Pourquoi y a-t-il très peu de pêcheurs et pourquoi ceux-ci ne peuvent naviguer à plus de trois Miles de la côte ?
Pourquoi, lorsqu’une palette de pomme arrive, est-elle immédiatement pillée ? Il faut savoir que le salaire moyen à Cuba est de l’ordre de 200 dollars, peut-être vingt fois moins que celui des Bermudes !!!
Mais on en revient à la fameuse question « L’argent fait-il le bonheur ? » Bien sûr que non mais il y contribue énormément. Tout d’abord il apporte la liberté et, pour moi, la liberté est une des conditions essentielles au bonheur.
Très certainement les Bermudiens, également, ne sont pas totalement heureux. Ils rêvent tous d’un voilier un peu plus grand que le leur ou bien du dernier modèle de jet ski pour remplacer celui qu’ils ont dans leur garage. La vie est difficile !
MalgrĂ© tout une chose me turlupine, comment se fait-il que le Goslings Bermuda Black Rum, deux fois plus cher que le Havana Club 7 Ańos, n’arrive pas Ă la cheville de ce dernier ?
Cette nuit comme la précédente j’ai fait du Nord, moteur au ralenti, inverseur enclanché. Du coup ce matin je me suis réveillé à la latitude 34 degrés Nord avec un bon force 4 bien établi. J’ai pu alors stopper le moteur, empanner et partir droit sur le point intermédiaire positionné à 40 degrés Nord - 50 degrés Ouest. Cette route devrait me permettre de profiter des meilleurs conditions météos sans risquer de rencontrer des glaces dérivantes.
Le courant est maintenant redevenu gérable après les plus de trois Nœuds contraire de cette nuit. Par contre le vent venant pile sur l’arrière, le bateau roule violemment d’un bord sur l’autre et c’est extrêmement inconfortable.
D’après les dernières prévisions météo cette route devrait me permettre de disposer de pas mal de vent portant pour les quatre prochains jours tout en me sortant de cette zone de vents variables.
Ce soir mon compteur journalier indique 129 Miles mais je n’ai parcouru que 85 Miles utiles en pointant maintenant à 1617 Miles de Faial.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
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