Journal de bord de l'Harmattan |
Sat, 23 jun 2018 20:00:00 - 38°19’N 23°48’W N° 1163 - Passager clandestin
19h00 heure du bord, 20h00 TU, 21h00 en France
Bonjour Ă tous,
L’envie de faire le tour du monde en solitaire à la voile m’est venue en lisant le récit des exploits des différents aventuriers du début des années 70. J’avais 20 ans, le désir de réussir ma vie professionnelle avant d’entreprendre ce rêve, mais ces livres me confortaient dans l’idée que ce défi était à ma portée.
Je crois que c’est Van God, ce dentiste inventeur des Trismus, qui a découvert quelques Miles après avoir pris la mer pour une longue traversée, un passager clandestin bien particulier caché dans un coffre de son bateau. Il s’agissait en fait d’une jeune femme sans doute amoureuse du marin. Pour la petite histoire, il a dû trouver la belle à son goût car la traversée devant être longue, il ne l’a pas passée par-dessus bord.
Cela ne risque pas de m’arriver, mes coffres sont remplis de bouts, de jerrican d’eau, d’essence, de gasoil et de bouteilles de vin, bière, jus d’orange … Malgré tout j’ai régulièrement des passagers clandestins. Il y a déjà tous ces oiseaux qui font escale à bord pour quelques heures, pour quelques jours et malheureusement parfois pour y mourir.
Lors de mon premier tour du monde, j’ai récolté des passagers clandestins beaucoup moins sympathiques, il s’agissait de cafards ! C’est malheureusement souvent le cas lorsque l’on voyage dans les pays chauds. C’est très difficile à s’en débarrasser totalement. Pour ma part le premier hiver à Port Saint Louis du Rhône après mon retour a été radical.
Cette fois, j’ai réussi à éviter ce genre de désagrément mais à mon retour à Panama j’ai découvert dans le bateau de très nombreuses fourmis. Comment est-ce possible car le bateau était au mouillage ? Elles sont très petites, ce n’est pas très désagréable mais je m’en passerais bien tout de même.
Et puis, alors que je venais d’arriver, j’ai vu se prélasser sur le pont un bébé lézard. Comment est-il arrivé là lui aussi ? Je n’ai pas eu le cœur de le passer par-dessus bord. Est-ce que les lézards savent nager ? Depuis je l’avais oublié mais hier je le découvre dans la cambuse. Il a un peu grandi. Que mange-t-il ? Peut-être des fourmis car il y en a beaucoup moins.
Peut-être également du vermicel. Il a dû mettre le nez dans un paquet car je retrouve des petites pâtes un peu partout dans mon vaisselier. Il se cache bien, depuis deux mois je ne l’avais plus revu. Heureusement j’aime bien les lézards et il ne me gêne pas.
Ce début de traversée est très agréable. Un léger nordet soufflant entre 10 et 12 Nœuds me propulse au près à bonne allure. Il y a quelques années je détestais ces longs bords de près avec le bateau très gité faisant des bonds et rendant la vie à bord extrêmement inconfortable. Maintenant je suis plus philosophe car je vois bien que le bateau se régale.
Cette nuit j’ai dormi comme un caillou, pas d’orages, pas de bateaux, pas d’alarmes, je me suis rattrapé de la nuit précédente. J’étais bien calé dans le carré, sur la couchette sous le vent. J’avais légèrement réduit la voilure pour être tranquille et Harmattan s’est débrouillé sans moi.
Par contre dans la journée je suis souvent à la manœuvre pour suivre les évolutions du vent en direction. En effet je ne fais pas une route directe, je suis les évolutions du vent pour me placer toujours au mieux. Jusqu’en milieu d’après-midi je suis descendu beaucoup plus Sud que la route directe mais comme le vent tourne progressivement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, je reprends maintenant du Nord.
Je suis ce soir à 680 Miles de l’embouchure du fleuve Tage après avoir parcouru 133 Miles de route utile. Mon compteur journalier indique 149 Miles.
A bientĂ´t
Jean-Louis |
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |