Journal de bord de l'Harmattan |
Vendredi 27 Mars 2020 Ă 11h00 TU, 12h en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne N° 1258 - Tout malade
Bonjour Ă tous,
Pas facile d’être malade dans ces moments de peurs de se trouver touché par le méchant virus. Lorsque je me lève ce mardi matin je sens bien que la forme n’est pas au mieux. Je décide cependant de stratifier le fond de mon second réservoir de gasoil. C’est un travail pénible pour mon âge. Lorsque je reviens au bateau à midi je suis épuisé. Je déjeune, me repose et décide tout de même de marcher un peu et de faire le tour de mon pâté de bateaux.
Lorsque je rentre je me sens moyen et me mets sous une couette mais progressivement j’ai de plus en plus froid, les pieds et mains glacés, je commence à être pris de tremblements continus et irrépressibles, j’ai mal à la tête et je tousse un peu. Je pousse le radiateur, il fait maintenant 30° dans le bateau mais j’ai toujours aussi froid.
A 20 heures j’avale un yaourt ainsi qu’un Doliprane. C’est très efficace et dans les dix minutes je me sens beaucoup mieux, mes tremblements cessent et je me jette dans ma couchette. Sous la couette je suis bien et je m’endors immédiatement. Mais à une heure du matin je me réveille totalement gelé, couché en chien de fusil je tremble du bout des doigts de pieds jusqu’au sommet du crâne.
Je me lève, pousse encore un peu le chauffage, installe une couette supplémentaire, enfile un gros pull et me recouche sans aucune amélioration. Les deux heures suivantes sont difficiles à vivre, j’aspire de grandes goulées d’air afin d’oxygéner un peu ces muscles qui travaillent. Je ne peux pas reprendre de Doliprane car étant insuffisant rénal je n’ai droit qu’à un cachet toutes les huit heures. Je dois patienter.
Puis vers 3 heures, progressivement je me réchauffe, (en fait la fièvre doit baisser) et mes tremblements se réduisent. Maintenant je me sens bien, j’ai chaud et, afin de respirer de l’air frais j’ouvre en grand le capot qui se trouve au-dessus de ma couchette. Il ne fait que quelques degrés dehors mais je n’ai pas froid, tout va bien. J’ai l’habitude de ce genre d’épisode et c’est la raison pour laquelle j’ai vu les infectiologues de Rouen afin qu’ils essaient d’en déterminer la raison.
Mais au matin j’ai des douleurs à l’estomac, ce qui est inhabituel. J’avale mes médicaments mais ils repartent immédiatement comme une fusée et je replonge sous les couettes. Les tremblements ont repris. Puis c’est la diarrhée avec toutes les difficultés qui en découlent dans ce bateau à terre sans toilette. Je dois m’habiller, mettre mes chaussures, sortir dans le cockpit, ouvrir la bâche, descendre l’échelle et prendre la voiture pour aller aux toilettes, dur, dur !!!!
Je passe tout mon temps sous les couettes, incapable de manger, incapable de lire, même téléphoner pour donner des nouvelles est une épreuve. Je suis trop fatigué. La situation évolue entre des moments où je vais très mal avec la sensation d’être gelé et d’autres moment où je me sens en forme.
Hier soir j’ai tout de même pu avaler un yaourt, mon dernier. J’ai dû expliquer à mon estomac que le confinement n’est pas synonyme de vacances et que le chômage partiel n’est pas pour lui. La nuit ne s’est pas trop mal passée même si je n’ai dormi que d’une façon sporadique. Ce matin je me sens mieux et j’ai décidé de reprendre les choses en main, je commence par prendre une bonne douche, je me taille les ongles de pieds, je vais même jusqu’à me mettre du « sent bon ».
Et puis je prends un petit déjeuner léger que mon estomac accepte. Ensuite je remets le bateau en ordre, je vide les eaux grises, je jette les poubelles, je fais un peu de ménage. Cet après-midi je dois faire les courses pour les quinze prochains jours car tout vient à manquer, en particulier j’ai attaqué mon dernier rouleau du si précieux papier de toilette.
Afin de ne pas être tenté d’aller à l’atelier je me suis signé un arrêt de travail jusqu’à lundi.
A bientĂ´t Jean-Louis
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