Journal de bord de l'Harmattan |
Mercredi 19 Mai 2021 Ă 17h00 TU, 19h en France - A Port Saint Louis du RhĂ´ne N° 1287 - Retrouvailles
Bonjour Ă tous,
Lundi après-midi j’ai enfin pu déposer à la mairie du village la demande de permis de construire pour ma piscine couverte. Je suis dans un secteur protégé, proche d’un monument classé, l’architecte des bâtiments de France n’est pas facile et mon propre architecte pas très efficace. Il a fallu près d’une année complète pour arriver à déposer cette foutue demande avec quelques chances de la voir aboutir positivement. Tous les jours nous pouvons constater que les rouages administratifs de notre pays auraient besoin d’une bonne révision et d’un bon coup de burette.
J’ai reçu ma troisième injection de Pfizer il y a déjà quelques semaines. En effet, lorsqu’on possède un organe transplanté, on est immunodéprimé et le système immunitaire a besoin d’être beaucoup plus stimulé. Maintenant, je me sens totalement en sécurité et je peux enfin ouvrir la cage. Je n’ai pas vu mon bateau depuis un an puisque j’avais passé le premier confinement seul à bord. J’étais rentré à la maison mi-mai 2020, dès que les déplacements étaient possibles et j’avais quitté Harmattan comme si j’allais y revenir très vite.
Ensuite la pandémie a fait que je suis resté planqué à la maison en attendant des jours meilleurs. Mais il y a des plus et il y a des moins partout. Ici c’est ma maison qui n’a jamais été si belle, intérieure, extérieure, jardin, tout est magnifiquement entretenu, refait à neuf et amélioré. J’adore travailler et je me suis régalé. Mais mon bateau me manquait et dès ma visite à la mairie j’ai commencé à remplir la voiture. J’ai dû charger le groupe électrogène refait à neuf. Gros travail.
Je me couche tôt mais le sommeil ne vient pas, je suis trop excité. Vers 2h30 je ne dors toujours pas, inutile d’insister, je me lève, je me lave et me voilà sur la route. Il y a 850 kilomètres. Je sais que je suis dans l’illégalité, le couvre-feu est d’actualité, mais tant pis, je prends le risque. Un peu avant Lyon je dors une heure sur une aire d’autoroute et j’arrive à Port Saint Louis du Rhône à midi trente-cinq.
Mon frère Alain dont le bateau tient compagnie à Harmattan est là depuis quelques jours. Il m’a préparé un bon repas, quel bonheur. Après une année complète, un hiver avec ses froids et l’humidité, un mistral souvent violent et un été où la canicule grille tout, je me demandais comment j’allais retrouver Harmattan. Quelle surprise, la bâche est toujours là et tout va bien à bord. Il y a de la poussière, dans le pot entamé la moutarde s’est oxydée, elle est devenue marron mais globalement tout va bien, c’est le bonheur.
Quelle différence avec certains endroits du monde que j’ai pu visiter. Un abandon du bateau quelques semaines dans les pays où sévit la mousson et on le récupère dans un état épouvantable.
Très vite je retrouve mes petites habitudes et le bonheur d’être sur ce compagnon qui m’a porté à travers les océans pendant tant d’années. Bien qu’étant attiré par l’aventure je suis également très casanier, j’aime être à bord de mon bateau, j’aime vivre tranquillement dans cette coquille protectrice. L’homme est souvent étonnant et peut sembler parfois en contradiction totale.
Vous connaissez tous mon copain Olivier Mesnier, le capitaine du magnifique trois-mâts barque « Le Français ». Nous nous sommes rencontrés sur l’île de Saint Hélène puis il m’a rejoint à Ushuaia et m’a accompagné dans une partie des canaux de Patagonie. Il vient de s’acheter un magnifique trimaran. Il l’a sorti de l’eau et l’a mis sur le port il y a quelques jours. Il est ensuite reparti chez lui. J’ai hâte de voir son acquisition et hier après une bonne sieste réparatrice je me mets à sa recherche.
Je découvre le multicoques et surprise, Olivier est revenu, il est dans son camping-car au pied de son bateau. Quel bonheur de se revoir ! Nous refaisons le monde, nous parlons de bateaux, de grands voyages et nous nous remémorons nos souvenirs qui sont nombreux depuis notre première rencontre. Ce midi nous avons déjeuné sur Harmattan, c’était encore un bon moment de partage.
J’ai beaucoup de travail sur Harmattan et c’est un réel plaisir. La vie reprend son cours après ce break prolongé.
A bientĂ´t Jean-Louis |
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