Journal de bord de l'Harmattan
Mercredi 16 juin 2021 Ă  16h00 TU, 18h00 en France - A Bordeaux
N° 1294 - Au pays des gaves



Bonjour Ă  tous,

Que la France est belle ! Nous poursuivons notre périple et nous sommes ce mardi au pays des gaves. Les gaves sont les torrents pyrénéens, les cours d’eau cheminant dans les vallées encaissées du Béarn, de la Bigorre et en Chalosse. Le gave de Pau est le principal, il les recueille presque tous avant de se jeter dans l’Adour.

Ce voyage est un peu un retour aux sources car il y a bien longtemps que je ne suis venu dans les Pyrénées. Pourtant mon père nous en parlait souvent, ce fut certainement son plus beau et un des seuls voyages qu’il ait fait avec ma mère que j’ai perdu très jeune. Il nous parlait de Lourdes où ils étaient venus alors que ma grande sœur devait avoir un an, en 1949. Ma mère avait demandé à la Sainte Vierge un garçon dans deux ans, elle a eu deux garçons l’année d’après, incompréhension manifeste.

Pourtant lorsque j’ai pu voyager seul je suis souvent venu dans les Pyrénées et j’y ai même connu mon épouse il y a 50 ans. Elle vivait à Prades, le pays de notre Premier Ministre actuel. Mais depuis je n’y étais passé qu’en coup de vent pour visiter des clients. Je souhaitais voir le cirque de Gavarnie dont nous parlait souvent mon père. C’est grandiose, c’est majestueux, encore une merveille de la nature. Mais je n’ai pas vu le fameux chapiteau rouge. C’était également un moment émouvant pour Francine qui avait retrouvé son père qu’elle n’avait pas vu depuis 7 ans à la suite du divorce de ses parents. Elle avait alors 17 ans et se souvient très bien de l’immense cascade.

C’est une région où l’on mange bien également. Mais j’ai toujours beaucoup de mal à comprendre que des touristes puissent commander si loin de la mer des coquilles saint jacques ou bien des gambas alors qu’ici les « truites du gave » sont le met de rigueur.

Oui, la France est belle, très belle et je la connais bien car dans une vie antérieure je l’ai parcourue dans tous les sens. Mais cela ne m’a pas empêché de visiter de nombreux pays à travers le monde. On va dans les autres pays pour y voir de beaux paysages et y gouter l’ambiance générale mais pour moi ce n’est pas la raison principale. Non, ce qui m’a toujours poussé à voyager c’est la découverte des autres, la découverte de civilisations différentes, la découverte de cultures différentes.

C’est la raison qui me pousse à vivre chez l’habitant et à emprunter les transports en commun. Si l’on ne se frotte pas aux populations locales on passe à côté de l’essentiel. Ces contacts permettent de gagner en sagesse, on y découvre que ce qui est vrai pour nous, ce que l’on croit intangible peut être tout à fait différent pour d’autre. Ces contacts aident énormément à devenir plus tolérant et à faire des cheminements qui aident à comprendre les autres.

A ce sujet et pour donner un exemple, je cite souvent cette expérience que j’ai eu au Sri Lanka. Je me rendais dans un bus collectif à la citadelle de Sigiriya. Dans un village il y avait des travaux, c’était l’embouteillage. Et soudain je vois une tranchée d’environ 1,2m de profondeur. Des femmes munies de pelles et de pioches sont occupées à la creuser ! Quelle surprise ! Forcément cela me perturbe, en France ce ne serait pas imaginable.

Je crois comprendre pourquoi ici c’est possible et je dirais même mieux : c’est naturel. En fait ces femmes sont des Tamoules, elles sont grandes et très charpentées alors que l’homme Tamoul est souvent plus petit. Est-ce la bonne explication ? Je ne sais pas mais cela montre qu’il faut toujours avoir à l’esprit que, ce qui peut nous paraître évident, est vu au travers d’un filtre constitué par notre culture, notre civilisation et notre vécu. De ce fait il peut exister différentes vérités toutes également crédibles.

Nous sommes maintenant à Bordeaux. J’ai trouvé un appartement situé à 3 mn du Ponton d’Honneur où sont attendus aujourd’hui pour la fête du vin quatre grands voiliers dont « Le Français » commandé par mon ami Olivier. Deux sont rentrés avec la marée du matin et Olivier arrive un peu après minuit avec la marée du soir. Nous allons attraper ses amarres.

A bientĂ´t
Jean-Louis

Sommaire
Commentaire
Précédent
Suivant