Journal de bord de l'Harmattan |
Dimanche 6 FĂ©vrier 2022 Ă 15h00 TU, 17h00 en France - Service Cardiologie Ă l’hĂ´pital de Pontoise N° 1320 - Ecouter son corps
Bonjour Ă tous,
Comme je l’ai écrit dans mon dernier billet, j’essaye toujours d’anticiper ce qui peut m’arriver. Depuis très longtemps et bien avant l’infarctus de mon frère jumeau j’ai réfléchi au problème de la crise cardiaque. Lorsqu’on sait que seulement 7% des personnes ayant fait une crise cardiaque en dehors de l’hôpital ont survécu alors qu’il y a des signes annonciateurs qui permettent de prévoir cet accident pour le prévenir, tout le monde devrait méditer sur cette éventualité.
Mon frère avait eu des signes mais n’avait pas voulu se rendre aux urgences. Il a eu une chance extraordinaire. Sa belle fille qui est pompier professionnel était très exceptionnellement présente à son domicile. Elle a immédiatement entrepris un massage cardiaque de très haut niveau. De ce fait, bien qu’ayant eu 25 minutes de « Low flot » (circulation du sang très ralenti), il n’a pas subi de « No flow » (arrêt total de la circulation). Il est ressorti de cette difficulté avec une fonction cardiaque très dégradée mais sans aucune autre séquelle.
J’ai déduit de toutes mes recherches et des discussions avec les personnes que j’ai pu rencontrer et qui ont vécu cela, que les signes annonciateurs de la souffrance du muscle cardiaque peuvent prendre différentes formes. Souvent il y a des douleurs dans les bras avec une prédominance du bras gauche. Ces douleurs peuvent être très fortes ou légères. On peut également avoir une barre en haut de la poitrine, des douleurs dans la mâchoire, être oppressé, ressentir un mal être. Le vomissement n’est pas rare.
Parfois le diagnostic est assez facile à poser mais parfois c’est très subtil car les symptômes peuvent être très légers et l’on peut avoir du mal à faire la différence entre des problèmes digestifs et des problèmes qui peuvent être cardiaques. C’est justement mon cas. Depuis quelques mois ce n’est pas trop top au niveau digestif.
Et puis jeudi soir, au moment de m’endormir je ressens comme un faible serrement gênant au niveau de mes épaules, j’ai une très légère douleur, comme de légères crampes dans les bras et en particulier dans le bras gauche. Est-ce un signe avant-coureur ? Je me pose la question. J’arrive à dormir mais au matin cette gêne se manifeste par moment puis disparaît avant de revenir. Je me lève et me sens bien alors je pars travailler. Mais au bout d’une heure et demie, j’ai l’impression que les symptômes s’affirment un peu plus alors je demande à Francine de m’emmener aux urgences.
Lorsque nous arrivons à l’hôpital, impossible de trouver une place, tout est plein comme un œuf et de nombreux véhicules sont garés à l’arrache sur les terre-pleins. De plus mes symptômes ont disparus alors je demande à Francine de rentrer à la maison. Je m’allonge, je me repose et à midi je me sens d’attaque. Nous déjeunons puis je repars au travail.
Mais à nouveau, après une heure et demie au boulot mon mal être revient. Je m’allonge une heure dans notre salle de repos mais je ne me sens pas très bien alors je décide de rentrer. Maintenant je ressens un peu plus de gêne dans mon bras gauche et une douleur assez vive par moment dans le haut de la poitrine, du côté droit du sternum. Je me dis que cela ne peut être le cœur puisqu’il se trouve dans la partie gauche.
En arrivant à la maison je me sens nauséeux et je rends mon repas du midi. Immédiatement cela m’alerte, c’est un indice de plus pour une souffrance cardiaque. J’appelle Francine et je lui demande de rentrer. Je me décide alors à appeler le 15. J’explique mes difficultés et on me passe un docteur qui, après quelques échanges me dit qu’il m’envoie une équipe pour effectuer un électrocardiogramme. Quel soulagement ! Francine descend ouvrir le portail et j’ai juste le temps d’aller uriner que des grands coups sont portés sur la porte. Ce sont quatre pompiers qui arrivent dans la chambre et qui commencent à prendre mes constantes. Puis c’est une équipe du SAMU composée de cinq hommes et femmes en blanc qui suivent. Quel déploiement !
L’électrocardiogramme est normal mis à part une arythmie non connue à ce jour mais l’analyse de sang effectuée par le SAMU laisse tout le monde dubitatif. Certains disent qu’elle est positive, pour d’autre c’est négatif ! Finalement les pompiers me transportent aux urgences puis vers minuit je suis aiguillé vers les soins intensifs de cardiologie.
Dès le lendemain on pratique une coronarographie qui découvre que mon artère coronaire principale déjà équipée d’un stent en 2010 a rechuté. La réparation est effectuée sur le champ. Au moment de gonfler le petit ballon le médecin me dit « Attention vous allez ressentir une douleur dans le haut de la poitrine ». Je découvre alors que cette douleur se situe du côté droit du sternum, exactement là où j’avais mal.
Conclusion, écoutez votre corps afin de réagir très rapidement et sachez qu’un problème « cardiaque » peut provoquer une douleur du côté droit. La bonne interprétation de ces signaux peut vous sauver la vie.
A bientĂ´t Jean-Louis
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