Journal de bord de l'Harmattan |
Lundi 15 mai 2023, Ă 17 h TU, 19 h en France. - Ŕ Cormeilles en Vexin N° 1346 - Un Ă©lixir de jouvence
Bonjour Ă tous,
En 2009, il y a une quinzaine d’années, j’avais 90 ans et j’étais incapable de marcher plus de cent mètres sans devoir m’assoir. Puis la dialyse est arrivée et très vite j’ai vécu une véritable remontée dans le temps jusqu’à retrouver environ 70% de la forme d’un homme de 59 ans. J’ai ensuite vécu une aventure extraordinaire.
Il y a un mois j’avais à nouveau 90 ans. Puis la dialyse a commencé. J’imaginais alors avoir découvert l’élixir de jeunesse éternelle. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, je m’attendais à retrouver environ 70% de la forme d’un homme de 59 ans. J’étais même disposé à passer par deux ans de dialyse tous les quinze ans.
Mais, grande déception. La forme revient lentement et je pense que je n’atteindrais pas mieux que 70% de la forme d’un homme de 73 ans ! Il va falloir que je me fasse à cette idée. Ça va beaucoup mieux, mes problèmes de plomberie se sont un peu arrangés et, avec un petit peu d’organisation j’arrive à vivre ma vie.
Malgré tout, mon cathéter ne fonctionne pas parfaitement et souvent, au lieu de durer 35 à 40 minutes, mes dialyses durent plus d’une heure. Encore un petit problème à solutionner. Le secret pour vivre pleinement est d’organiser sa vie autour des contraintes de la dialyse et non l’inverse.
Vendredi soir, je regarde la météo. Il va faire beau ce samedi au Tréport. Nous prenons immédiatement la décision d’y faire un saut. Ce n’est qu’à environ 2h15 de route. Samedi matin je me lève à 7 heures et je fais immédiatement la première dialyse. Nous partons à neuf heures moins le quart, Francine portant la prochaine poche de dialyse toute chaude sur ses genoux.
A dix heures et demie, je m’arrête sur le bord de la route et je me connecte. La poche vide aux pieds de Francine et la poche pleine accrochée au rebord du toit ouvrant à l’aide d’un crochet en S. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, je m’arrête à nouveau pour peser la poche et pour lancer le remplissage. Puis encore quelques kilomètres plus loin, à l’entrée du Tréport, nouveau stop pour me déconnecter.
Il est 11h30, c’est jour de marché. Immédiatement nous allons à la « Poissonnerie Municipale ». J’adore cet endroit, les poissons et les crustacés ont été pêchés dans la nuit, la fraicheur est maximum. Nous achetons un magnifique homard qui gigote comme un fou et demandons à la poissonnière de nous le garder au frais pendant l’heure du repas.
Puis nous avançons encore un peu sur la jetée qui surmonte l’entrée du port d’une forte hauteur et je me retrouve immédiatement petit garçon en colonie de vacances au bord de l’océan. Le vent du large qui passe au-dessus de l’estran alors que la mer commence tout juste à remonter remplit l’espace d’une enivrante odeur de varech. Le bruit de la mer qui commence à remplir le port et tous ces cris de mouette complète ce tableau idyllique.
Dans le top trois des meilleurs restaurants, nous découvrons que « Le goût du large » se trouve à moins de 100 mètres de la voiture. Nous y entrons avec une poche de dialyse et le réchauffeur. Nous n’avons même pas regardé la carte. Quelle mauvaise surprise de découvrir que justement, de carte, il n’y a point. On doit accepter à l’aveugle une entrée, un plat et un dessert le tout concocté avec les produits du jour par le chef. Finalement nous décidons de prendre ce risque.
Pour commencer le champagne est exceptionnel, un des meilleurs que je connaisse. Puis sont servis les amuse-bouche. Nous découvrons alors une véritable explosion de saveurs, les goûts s’accordent à merveille, c’est divin. Je ne me souviens pas avoir surpris autant mes papilles, même dans les meilleurs restaurants étoilés. L’entrée n’est pas exceptionnelle, mais le plat principal, de la truite fumée de Normandie est également inoubliable.
Une petite dialyse sur la route en rentrant avant de mettre le homard au four, quelle journée !
A bientĂ´t Jean-Louis |
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