Journal de bord de l'Harmattan |
Mardi 20 fĂ©vrier 2024, Ă 16 h TU, 18 h en France. - A Cormeilles en Vexin N° 1361 - Un enfant gâtĂ©
Bonjour Ă tous,
Hier soir, sur Arte, j’ai pu regarder une nouvelle fois ce film de Claude Lelouch, « Itinéraire d’un enfant gâté ». Ce film me retourne. Chaque fois que je le regarde, je suis un peu plus bouleversé. Je pleure beaucoup, pas de peine, pas de joie, mais de trop d’émotions. Je ressens de plus en plus fort ce qu’a voulu faire passer Claude Lelouch avec ces petits tableaux qui se succèdent, souvent sans respecter l’ordre chronologique.
Si ce film a autant d’effets sur moi c’est également et surtout parce qu’il y a énormément de Sam Lion en moi. Tout comme lui, je ne suis pas parti dans la vie avec les planètes bien alignées. J’ai perdu ma mère très jeune, quel choc. J’ai mis de très nombreuses années à accepter cette injustice. Et puis ces malformations à la naissance ont entraîné des répercussions importantes sur le cours de ma vie.
Mais, en contrepartie (ou pas), les fées se sont penchées sur mon berceau et m’ont doté de grandes facultés intellectuelles. C’est une énorme chance, j’ai été extrêmement gâté. Tout comme Sam, j’ai une réussite professionnelle exceptionnelle. J’ai toujours voulu mettre ma femme et mes enfants à l’abri du besoin. J’ai réussi bien au-delà de mes espérances, ce sont plusieurs générations qui sont maintenant à l’abri du besoin.
Cela ne s’est pas fait tout seul, d’une part j’avais la passion de réussir et de plus j’ai énormément travaillé, souvent plus de quinze heures par jour et six jours par semaine. Je suis tombé, je me suis relevé et, à force de volonté et de persévérance, après trente ans d’efforts, j’ai réussi. Tout comme le personnage principal du film, à ce moment j’ai souhaité lâcher prise pour me consacrer à moi. J’ai décidé d’être égoïste et de partir à l’aventure en laissant ma femme et mes enfants gérer l’affaire familiale. J’en avais besoin, c’était vital.
Toute cette première partie où l’on voit Sam Lion sur son voilier, en solitaire au milieu des océans, me secoue profondément. Que de souvenirs remontent à la surface, des souvenirs de mer calme, des souvenirs de mer démontée, des souvenirs de bateau qui marche très fort, des souvenirs de communications radio avec le bureau…
En revanche, je suis choqué de voir Sam couper le bout qui relie son radeau de survie à son voilier. Contrairement à lui je n’ai pas cassé mes jouets. Puis il y a toute cette séquence de voyage avec l’arrivée à Papeete qui me ramène dans l’aérogare lorsqu’une journaliste me demande « C’est vous le navigateur ». Enfin il y a l’Afrique. Que de souvenirs ! Comme Sam Lion, je me suis promené en voiture dans la savane. Comme lui j’ai approché de très près des lions et des éléphants.
Aujourd’hui je vais avoir 74 ans et je peux commencer à faire un bilan de ma vie. Elle a été vraiment exceptionnelle, bien au-delà de ce que vivent la plupart des gens. J’ai tout réussi, si c’était à refaire je veux exactement la même, avec toutes les difficultés que j’ai dû surmonter, la perte de ma mère très jeune, tous mes problèmes médicaux également, car l’homme que l’on devient est forgé par toutes les galères qu’il doit affronter.
La vie est très courte, mais elle peut être extrêmement belle. Il faut se battre en permanence pour réaliser ses rêves, il ne faut pas s’arrêter même si les vents sont parfois contraires. Et puis il faut surtout oser risquer, ça ne sert à rien de se plaindre. Merci à la vie de m’avoir autant gâté !
A bientĂ´t Jean-Louis |
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