Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 15 Feb 2011 13:30:00 - 92° 43’E 11°41’N
N° 289 - Port Blair, premier contact avec l’Inde



14H30 en France, 19 heures heure du bord,

Bonjour Ă  tous,

C’est notre premier contact avec l’Inde, nous avons hissé le drapeau national à trois bandes horizontales orné de la roue de la vie sous la barre de flèche tribord et le drapeau jaune de demande de douane sous la barre de flèche bâbord. Nous sommes prévenus que les formalités en Inde sont particulièrement compliquées.

Depuis hier soir nous avons rentré le génois et débordé la grand voile afin de ralentir le bateau pour ne pas arriver à l’entrée du port avant 8 heures. Attention car ici le décalage horaire par rapport à Phuket est de 1h30 en moins. Nous n’avons plus que 4h30 de décalage avec la France. Arrivé à une dizaine de miles de l’entrée du port, nous arrivons à prendre contact avec le « Port contrôle ». S’en suit 15 minutes d’interrogatoire dans un anglais difficile à comprendre, l’opérateur débitant à toute vitesse des « Golf Roméo Oscar Sierra Sierra Echo ... ». On en ressort tout chamboulé, ayant l’impression que l’on nous a bandé les yeux et fait tourné sur nous même avant de nous lâcher. C’est éprouvant. A la fin de l’interrogatoire il nous dit d’aller mouiller derrière Chatham Island et de le rappeler pour lui donner notre position.

Nous mouillons juste dans l’entrée de ce petit port, à quelques brasses du quai et appelons le « Port Contrôle » pour lui donner notre position. « Have a good day ». Les formalités seraient elles terminées ? Nous petit déjeunons puis mettons l’annexe à l’eau et rejoignons le quai. Nous sommes bien accueillis par des pêcheurs et un chauffeur de taxi. Ils nous expliquent que nous n’avons pas le droit de descendre du bateau, qu’il faut attendre la douane à bord du bateau, combien de temps ? On ne sait pas. Un anglais qui est arrivé une heure avant nous dit que l’on peut attendre deux jours !!!! Lui il a pris un agent pour que cela aille plus vite, c’est 200 US$. Nous décidons de nous en passer et retournons au bateau.

Vers midi nous entendons des grands cris, sur le quai on nous fait signe. Je saute dans l’annexe et rame vigoureusement pour ramener à bord deux personnes de l’immigration. Je repars aussi tôt pour ramener un docteur. Il n’a pas l’air de savoir ce qu’est la dialyse. On remplie des tonnes de paperasses puis ces messieurs s’en vont en nous taxant d’une belle pomme granit. Maintenant c’est le tour des douaniers, il est 13 heures, 14h30 pour nous dans notre fuseau horaire d’hier, nous avons faim mais il faut recevoir ces messieurs. On remplie à nouveau des tonnes de paperasse, on nous demande la « PPL », qu’est ce ? On ne me l’a jamais fait celle là. Ils sont étonnés de notre étonnement !
C’est la « Personal Properties Liste », la liste de ce que chacun possède, appareil photo, portable, GSM, montre … C’est fini pour eux, ils demandent à voir notre réserve de vin rouge, « C’est du bon ? ». Puis ils sortent dans le cockpit pour attendre qu’un autre plaisancier vienne les chercher. Je veux être sympa, je leur propose un verre de ce fameux vin rouge. « Non merci, mais donnez nous donc six cannettes de bière pour boire au bureau demain ». Les salops !

On est maintenant au milieu de l’après midi, impossible de se rendre à terre, il faut attendre les « Coast garde ». Ce n’est pas sûr qu’ils viennent aujourd’hui, on ne sait pas. C’est étonnant, certains pays sont infernal de procédure, l’Australie, l’Indonésie, ici en Inde, alors que pour d’autre comme la Malaisie c’est d’une simplicité étonnante.

Ils arrivent en milieu d’après midi, sur leur propre bateau, ils montent à 4 sur Harmattan, il y a le chef, le sous chef, un caméraman qui film partout et qui me demande de mettre en marche tous les instruments plus un matelot. L’ « interrogatoire » dure trois quart d’heures, ils remplissent des tonnes de papier encore une fois, il y a même des classeurs spécifiques pour Harmattan. Impressionnant ! Ils sont cependant très sympas et je dois leur reconnaître un grand professionnalisme. Leur boulot c’est la sécurité et le « Rescue » en cas de pépin.

Lorsqu’ils s’en vont, c’est l’Anglais de ce matin qui a payé un agent qui vient les chercher avec son annexe pour qu’ils fassent le travail chez lui. Avec Jacky nous rions beaucoup.

A 16 heures nous appelons le « Port Contrôle », nous sommes enfin libre de sortir à terre. Ouf !
Lorsque l’on a passé plusieurs jours en mer et que l’on arrive dans un nouveau pays, on est absolument impatient de partir à la découverte de ce nouveau territoire.

Nous voilà donc sur le quai pour prendre un taxi, c’est une très vieille voiture, une Morris Ambassador, j’ai l’impression de retrouver la 203 Peugeot de mes 18 ans. Immédiatement, les 200 premiers mètres parcourus, nous savons à quoi nous attendre. Je ne pouvais m’imaginer qu’il existe des endroits aussi sales et aussi arriérés. La « ville », puisqu’il faut bien appeler cela ainsi est encore pire, si cela est possible, que la ville de Rangoon. Ici il n’y a même pas de trottoirs, on marche dans la rue au milieu d’une circulation de folie ou bien on saute de pierre en pierre au dessus de tranchées nauséabondes qui servent de caniveaux. Il y a des immondices partout, les hommes pissent directement le long des murs, des rats courent par endroit, c’est immonde. C’est plein de petites boutiques genre moyen âge, il y a beaucoup de tailleurs, des ateliers avec des établis. Les hommes travaillent assis en tailleur directement sur leur établi. Dans les rues circulent des voitures d’un autre âge, des scooters du siècle dernier, beaucoup de rickshaws, ces trois roues si particuliers et puis également quelques voitures neuves, et quelques motos neuves. Etonnant !

Ici fini les filles en minijupes ou bien en shorts ultracourt de la Thaïlande, dans toute cette saleté, au milieu d’odeurs abominables, les femmes passent altières, fines et élancées dans leurs saris multicolores d’une propreté étonnante. Quel pays de contraste mais quel coup au moral. En une heure nous avons tout vu, je me demande ce que nous sommes venus faire ici. Ce sont cependant des images que je n’oublierais jamais, cela aide à relativiser. Le challenge va être maintenant de trouver un restaurant pour ce soir. Je pense qu’il va falloir sortir de la ville et trouver un « ressort », cela doit bien exister.

Voilà pour aujourd’hui.

A bientĂ´t

Jean Louis
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