Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 01 Sept 2011 16:30:00 - 80° 13’E 6° 02’N N° 344 - Première journĂ©e au Sri Lanka très difficile
18H30 en France, 22H00 heure du bord Bonjour Ă tous,
Je vous écris de la table à carte d’Harmattan sur lequel s’abat un orage monumental. La mousson n’est pas encore terminée et tous les soirs il pleut abondamment. Cette pluie ne rafraîchit pas l’atmosphère, au contraire, si cela était possible on serait encore un peu plus moite. Il fait une chaleur terrible et c’est très dur de travailler avec la sueur qui coule dans les yeux.
Ce soir le moral est un peu meilleur, j’ai commencé à résoudre les nombreux problèmes du bord. C’est fou comme un bateau non habité peut vieillir très vite en quelques mois.
J’ai donc décollé mardi après midi, à 16h45, avec 40 minutes de retard. Le problème de cette liaison c’est le changement d’avion à Doha. Le temps que l’avion décolle et s’élève à son altitude de croisière, c’est l’apéritif avec les petites gourmandises puis le repas est servi. Sitôt les plateaux débarrassés, les lumières faiblissent et le sommeil est déjà là . Malheureusement, on ne sait pourquoi, un deuxième repas est prévu avant d’atterrir. Du coup, il n’y a même pas une heure que je dors que les lumières se rallument et que les hôtesses commencent à circuler dans les couloirs. Je n’en veux pas de ce repas mais plus moyen de se rendormir, c’est déjà la descente sur Doha.
Une heure d’escale, pas le temps de s’ennuyer, c’est déjà le décollage puis à nouveau un repas que je refuse, un petit somme d’une heure et il faut déjà se réveiller pour le petit déjeuner avant d’atterrir à Colombo à 8h30 heure locale. Un peu courte la nuit !
Devant l’aéroport je retrouve l’équipe qui m’a été envoyée par « Chuta » et commence un voyage éprouvant sur les petites routes très encombrées, de la deux fois une voie mais où l’on arrive, en rentrant bien les épaules, à doubler alors qu’en face deux véhicules sont déjà entrain de se doubler. L’angoisse est au maximum, assis à l’arrière je n’arrête pas de freiner, impossible de s’assoupir dans ces conditions.
La route n’en finie pas, il a déjà fallu, de l’aéroport, rejoindre Colombo avant de traverser la ville, cela s’avère aussi compliqué que de traverser Paris, et enfin rejoindre Galle. A 12h30, nous ne sommes plus qu’à 19 Kms mais les chauffeurs ont décidé que je devais déjeuner dans un restaurant qui se trouve entre la route et la mer. Je comprends vite la raison de cet arrêt car, comme dans beaucoup d’endroits à touristes, au Sri Lanka, les chauffeurs mangent gratuitement lorsqu’ils s’arrêtent avec un client.
Nous arrivons vers 15 heures à destination. Quel changement ! Il n’y a plus que deux bateaux de plaisance qui attendent leur propriétaire, amarrés sur un ponton flottant au milieu du port. Tous les autres pontons ont été démontés et il y a plein de bateaux de militaires. Par un étonnant hasard, les propriétaires de l’autre bateau de plaisance, des californiens, arrivent au même moment que moi. Ils l’ont laissé ici depuis fin mars.
Nous faisons ensemble les formalités, toujours aussi compliquées et c’est vers 17 heures que l’on nous transporte enfin sur nos bateaux.
QUELLE HORREUR !!!!! Mon bateau est dans un état catastrophique, d’une saleté repoussante, la sous-marine avec une barbe presqu’aussi longue que la mienne, la coque noire de traces de pneus, le pont couvert de fientes de corbeaux, les amarres sales et huileuses, les cordages verts de mousses. Sur la bôme se tient un corbeau, je veux le chasser et comprends qu’il a une pate coincée dans la gorge de celle-ci. J’essaye de le dégager mais il se défend et m’agresse avec son bec. Je le pousse alors jusqu’à l’engougure et il s’envole sans demander son reste mais avec une pate bien abimée. Une trentaine de corbeaux, n’ayant rien compris me plongent alors dessus en criant très fort. Je dois leurs expliquer que je viens de libérer leur copain.
A l’intérieur d’Harmattan ce n’est pas mieux, beaucoup de moisissures et à l’arrière de l’huile plein les planchers autour du moteur hors-bord. Mon frère qui possède un deux temps ne sait pas qu’il faut laisser un quatre temps verticale ou bien le coucher sur le côté ad-hoc. Pas de chance, il l’a couché sur l’autre côté. Je test immédiatement les batteries, rien, plus aucun électron de disponible dans les batteries de servitude. Les batteries moteur sont bonnes mais lorsque j’essaie de démarrer celui-ci, il ne se passe rien, seule la tension diminue. Pas d’électricité, donc pas d’eau, pas de toilettes, pas de frigo, pas de lumière … La première chose à faire est de sortir l’annexe et de la gonfler car je suis actuellement prisonnier sur ce ponton au milieu du port. Il fait une chaleur épouvantable et chaque action demande un effort important.
Je vais ensuite à quai car j’ai une envie pressante de faire une visite aux wouah wouah. Encore une catastrophe, comme il n’y a plus de plaisanciers, les toilettes ont été condamnées et il va falloir 24 heures pour les rouvrir.
Je n’en peux plus de tous ces problèmes et décide d’aller faire un restaurant où je vais bien sûr trouver des toilettes. Un des problèmes très urgent à solutionner, c’est de trouver un frigo pour entreposer mes seringues d’EPO, je vais négocier cela chez l’agent qui accepte de les prendre chez lui. Je rêve d’un petit verre de vin rouge pour me remettre de toutes ces tracasseries. Mauvaise pioche, c’est fête aujourd’hui, le nouvel an des musulmans et l’on ne sert pas d’alcool. Je prends une omelette et une bouteille d’eau plate et rentre me coucher en maudissant cette journée de poisse.
J’ai le moral dans les chaussettes et me dit que je me suis encore une fois mis dans de sales draps. Il faudrait être deux, seul, avec la petite forme qui est la mienne, je n’y arriverais jamais, il y a tellement de problèmes à résoudre. Des journées comme celle-ci, il ne faudrait pas se lever. Mais justement, je ne me suis pas levé puisque je ne me suis pas couché. Je nettoie rapidement la couchette du carré et m’endors sur cette constatation hautement philosophique.
Au matin, le moral n’est toujours pas là malgré une nuit acceptable. Je mange une biscotte qui a du mal à passer et sors le voltmètre. Après une heure et demie de travail, le groupe électrogène démarre enfin. C’est le début du bonheur, 220V égal 12V, donc de l’eau douce, des toilettes qui fonctionnent, un frigo qui peut être mis en marche …
Je refais un essai avec le moteur principal mais il n’y a rien à faire, il est bloqué. J’essaie de faire tourner le vilebrequin à l’aide d’une clef à douille sur l’écrou en bout de celui-ci, ça tourne bien et cela me rassure. Je pense au relais du démarreur qui doit être bloqué et décide de le bouder pour aujourd’hui. J’entame alors un tas de petits travaux pour remettre de l’ordre dans le bateau : Mise en place du moteur hors-bord, de sa bâche, de la bouée couronne, de la passerelle … Je remets en marche également le téléphone satellite et je vide les coffres de toutes les poches de dialyse qui ne me sont plus d’aucune utilité. Cela fait 200 Kgs en moins dans le bateau. Il faudra, plus tard, les vider avant de les jeter.
Voilà pour aujourd’hui, une journée qui se termine beaucoup mieux que la précédente.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
" bonjour, vous etes vraiment un homme courageux c'est pire qu'au boulot!!je vs souhaite une bonne traversée et surtout que votre état de santé soit au top. Personnellement je pars en septembre aux canaries avant de commencer les dialyses. BON COURAGE POUR LA SUITE CORDIALEMENT LOUIS"
Envoyé par FABIAN LOUIS de toulouse le 02-09-2011 à 11:22
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