Journal de bord de l'Harmattan |
Wed, 07 Sept 2011 14:30:00 - 80° 13’E 6° 02’N N° 350 - Mauvaise journĂ©e pour les charentais?es
16H30 en France, 20H00 heure du bord 80° 13’E 6° 02’N
Bonjour Ă tous,
La poisse continue !!! Je me lève de bonne heure ce matin car j’ai rendez vous à 8h30 chez mon agent pour effectuer ma sortie du territoire et obtenir ma clearance. Déjà la journée commence très mal, d’une part je n’ai plus d’eau de mer (je découvrirais un mauvais contact au niveau du disjoncteur), Internet ne fonctionne plus (le câble réseau qui relie l’ordinateur au téléphone satellite a une durée de vie très brève à cause de la corrosion des contacts, j’en avais apporté deux neuf, il y a un faux contact dans l’un des deux), la pompe de cale refuse de démarrer (encore un faux contact)…
Je pars pour être à 8h30 chez mon agent qui se trouve juste à l’extérieur de la porte de sortie et en arrivant près de la porte je m’aperçois que j’ai oublié mon sac à dos. Il y a dedans tous mes papiers, y compris mon passeport. Je dois retourner à l’annexe, ramer jusqu’au bateau, prendre le fameux sac et revenir. Je me traite de chèvre, plus exactement de « goat » pour faire couleur locale. Dix minutes de perdues et j’ai fait vite. Je suis d’ailleurs trempé de sueur car il fait déjà chaud à cette heure.
Au Sri Lanka, la paperasse est reine et le tampon apporte le poids officiel indispensable. Depuis le début de ma vie professionnelle, j’ai donné des dizaines de milliers de signatures, du coup j’ai optimisé dès le départ. Ma signature ressemble à une grande croix et elle est effectuée en un temps record. Ils n’en reviennent pas et me demandent un tampon ! Cela leur semblerait mieux convenir pour leurs archives. Le dossier Harmattan est énorme et je me demande ce qu’il va devenir. Toute cette paperasse pour pas grand-chose, c’est incroyable. Ce n’est qu’à 11h qu’est planté le dernier coup de tampon sur le dernier papier, çà y est, je suis libre de partir.
Je rentre au bateau, m’active pour finir de tout ranger, mets au clair les dernières amarres et sur le livre de bord j’inscris « Heure de départ 12h00 »
Au moment de mettre le moteur en marche, je m’aperçois que je n’ai pas vérifié le niveau d’huile de l’inverseur : il est tellement inaccessible qu’il me faut trois quarts d’heure. Je modifie le livre de bord et indique 12h45.
Je largue la dernière amarre, remonte l’ancre et cours à la barre à roue car il y a du vent et le bateau commence à dériver vers les autres bateau. Pas de panique, je mets « En avant toute » en tournant la barre à fond à droite, rien ne se passe, le bateau ne réagit pas. Incroyable ! Hier j’ai bien testé la marche avant et il y avait des remous à l’arrière du bateau. Je place le levier d’inverseur sur « En arrière toute », pas de marche arrière ! Il faut vraiment que je trouve une solution car le vent est assez fort et je dérive droit sur les autres bateaux. Je vais jeter l’ancre pour arrêter la dérive, pas de chance non plus, la manille de celle-ci s’est coincée dans le davier et il n’est plus temps de s’en occuper. Je cours à l’avant pour essayer d’amortir le choc, mes charentaise s’envolent et finissent à la mer. J’arrive à l’avant et tente de stopper ces 17 tonnes qui arrivent assez vite. Rien à faire, Harmattan monte sur un bateau de travail et j’entends un grand bruit, je sais immédiatement que la sous-barbe vient de lâcher (la chaine à l’avant du bateau qui relie la partie inférieur de la cadène d’étai principale à la coque). Heureusement, des marins ont accourus et on arrive à amarrer Harmattan à couple d’un bateau de travail au prix de quelques coups et quelques griffures supplémentaires sur mon ex beau bateau.
On fait des essais, pourtant l’arbre d’hélice tourne et on dirait qu’Harmattan veut y aller. Avec deux marins à bord, on va refaire une tentative. Moteur à fond, on avance à un dixième de nœud. J’arrive quand même à revenir à mon ponton où je m’amarre à nouveau.
Je réfléchis, que peut-il se passer ? Au ponton les tests sont plus faciles. Tous les marins pensent à un problème de filtre à gasoil. Moi aussi car le moteur ne prend pas ses tours, il plafonne vers les 1500 tours. Je change donc ce filtre mais le problème reste entier. J’appel mon ami Richard, le Camarguais. Je tombe sur sa messagerie. J’appel alors Obélix, un copain mécanicien de port Napoléon. Il me dit que c’est certainement le gasoil et en y réfléchissant un peu plus, qu’il faudrait aller voir l’hélice.
Je n’ai pas trop envie de prendre un bain étant donné la saleté de l’eau de ce port. Puis Richard me rappel, il est catégorique, c’est un problème au niveau de l’hélice. Je cherche donc un vieux maillot, je sorts les palmes et le masque et je me jette à l’huile (l’eau est en plus recouverte d’une couche très grasse).
Effectivement, la coque et surtout l’hélice sont recouvertes d’énormes coquillages. Pas étonnant que le bateau n’avance pas et que le moteur ne puisse pas prendre ses tours.
L’hélice, je pourrais la nettoyer moi-même mais j’ai 2500 milles à parcourir d’ici La Réunion, il faut absolument gratter la coque. Il me faut un plongeur. Je ressors de l’eau, prends une douche et choisis de beaux habits propres pour aller trainer sur le quai voir si je trouve un plongeur. J’ai chaussé une nouvelle paire de charentaises neuves et ne suis pas mécontent car les autres étaient au bout du rouleau.
Je me jette alors dans l’annexe, me rate et vlan à l’eau ! Ha, c’est vraiment ma journée. En nageant, je perds mes charentaises qui partent immédiatement au fond rejoindre leurs copines. Du coup je n’ai plus de charentaise jusqu'à La Réunion. Re douche et re habits propres !
Voilà comment se termine une journée de m…..
J’ai appelé mon agent, sans qui rien ne peut se faire ici. Demain matin je dois refaire une entrée au Sri Lanka, réparer et ensuite je devrais refaire une sortie. Au moins deux jours de perdus et beaucoup de paperasse en plus à stocker dans les archives.
A bientĂ´t
Jean Louis |
"il faut absolument que tu marches dans la m...avec le pied gauche...il parait que cela porte bonheur!!! Mon pauvre jean louis j'aurais voulu être avec toi pour t'aider dans tes misères. Sacré galères à répétition, je pense quand même que ton bateau c'est vengé de l'avoir abandonné si longtemps dan un endroit de merde. Allez courage tu vas retourner au Paradis des iles.
je t'embrasse
bernard"
Envoyé par bernard lannion le 07-09-2011 à 19:26
"hooolà là là là , putain, putain, putain: dois-je venir? J'y peux rien pour le moteur, mais veux bien gratter la coque, paraît que les bains d'huile, c'est bon pour la peau. Qu'elles reposent en paix au fond de la vase, tes charentaises, je t' en emmènerais de belles neuves, style bavarois! On est rassuré que tu ne perds pas ton humour; biseS P et B"
Envoyé par petra le 08-09-2011 à 09:57
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