Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 08 Sept 2011 13:30:00 - 80° 13’E 6° 02’N N° 351 - L’école de la sagesse
15H30 en France, 19H00 heure du bord 80° 13’E 6° 02’N
Bonjour Ă tous,
Je ne résiste pas à vous dire la dernière, hier soir. Voulant enfin prendre un vrai repas, je me décide pour des nouilles, le gaz ne veut pas s’allumer. Je ne comprends pas, j’ai mis une bouteille neuve la veille. Je la sors, elle est vide !!!!! C’est-y-pas du mauvais esprit ça ?
Les choses progressent lentement mais ce soir je suis confiant, j’espère pouvoir partir dans un jour ou deux.
Ici c’est l’école de la sagesse et j’ai enfin appris la patiente. Vu mon âge, il était temps me direz vous et ce sont mes proches qui vont être ravis. J’ai passé ma journée entière à patienter.
Vers 9h30 ce matin je téléphone à nouveau à mon agent et lui réitère ma demande d’un plongeur. Vers 10h15, je m’entends héler, je sorts la tête et aperçois des garçons de mon agent sur le quai, je prends mon annexe et les rejoints, ils m’annoncent 300 US$ pour nettoyer l’hélice et la carène. Après réflexion, j’accepte. Ce n’est pas donné mais ais-je le choix.
Ils m’entrainent ensuite à l’immigration où je dois attendre une demi-heure pour obtenir un passe de sortie et me demandent ensuite de les suivre pour expliquer le travail au plongeur. On me fait assoir et j’attends, les quarts d’heure passent, les demi-heures également, je ne sais pas trop ce que l’on attend. Vers 11h15, mon « tuk tuk driver » entre, il parle avec tout le monde puis me demande de le suivre. On traverse la ville pour aller dans un atelier de mécanique générale. Vif palabre entre les patrons et les différents ouvriers au sujet du ridoir cassé de ma sous-barbe que j’ai apporté. Il en ressort qu’il faut refaire les deux extrémités, seul le corps central peut être récupéré. Le patron m’annonce 140 US$ ce qui me semble raisonnable car un neuf m’aurait coûté plus cher.
Je négocie âprement le délai pour l’avoir demain matin. Déjà un des deux problèmes de réglé, je suis en grande partie soulagé.
Nous revenons chez l’agent où je m’assoie et le temps s’écoule à nouveau sans que rien ne se passe. Au bout d’un moment, mon « tuk tuk driver », qui doit aller à un mariage l’après-midi, fait irruption, parle avec le chef et me dit de le suivre pour aller déjeuner.
Pour l’occasion je retourne au Tartaruga et me fait une ventrée de « Jumbo Prawns » en regardant les jolies filles se faire bronzer dans leurs plus que mini bikinis. La bière est glacée et je me dis que je suis finalement mieux ici que seul au milieu de l’océan.
Nous retournons ensuite chez l’agent où je continue à attendre indéfiniment. Au bout de trois quarts d’heure, je comprends enfin ce qu’il se passe. Le pays est en guerre contre la rébellion des Tigres Tamouls, le port est une zone sensible, entièrement fermée avec des miradors ou des casemates tous les 50 mètres occupés par des guetteurs et des hommes armés. Il ne faut pas oublier que le port a subit une attaque terroriste en octobre 2006 faisant trois morts et de nombreux blessés. Aussi, l’entrée est fermée par des chaînes une bonne partie de la journée et toute la nuit, par ailleurs la Navy sillonne le port et lâche des grenades au hasard pour lutter contre des plongeurs ennemis.
Il va sans dire que, pour envoyer un plongeur sous Harmattan, les formalités sont nombreuses. Il faut tout d’abord obtenir l’autorisation du « Harbour Master » puis celle de la Navy. Ce qui explique toute cette journée à attendre. Vers 16 heures, je vois enfin arriver mon plongeur, accompagné d’un aide et d’une personne de mon agent. Je transporte tout le monde et le matériel sur mon ponton flottant à l’aide de mon annexe. Arrive alors un membre de la Navy, qui va surveiller ce qui se fait.
Le plongeur se met à l’eau et en 20 minutes, il nettoie l’hélice en totalité puis remonte, enlève sa ceinture de plomb, sa bouteille, ses palmes … Pour lui le travail est fini. Commence alors une âpre discussion entre eux, avec de nombreux coups de téléphones. Moi je me contente de dire que ce n’est pas ce qui était convenu, sinon je ne dis rien et attends stoïquement. A un moment on me passe le téléphone, c’est un directeur de chez mon agent qui me réclame 500 US$ de plus !!!! Je lui dis qu’il n’en est pas question, que l’on s’est mis d’accord pour un prix ce matin et que je ne sortirais pas un dollar de plus. Je lui dis également que 300 US$ pour 20 minutes de travail cela n’existe dans aucun pays du monde.
L’attente se poursuit alors, on se regarde, on se fait des sourires, ils discutent entre eux mais j’ai bien compris leur jeu et je m’emploie à être plus fort qu’eux. Je reste stoïque, sans bouger, sans parler et en regardant mes chaussures. Un peu après 5 heures, ils finissent par me dire que l’autorisation de la Navy a expirée et qu’ils reviendront demain pour me nettoyer la coque. Je devrais cependant passer au bureau, j’imagine que la discussion va être difficile.
Lorsqu’ils sont partis, je ne peux résister à l’envie de tester mon hélice toute propre. Je mets le moteur à 1200 tours et je dois stopper rapidement car j’ai l’impression que je vais emmener le ponton ou que tout va casser. Quel bonheur !
Je termine cette soirée le moral au beau fixe, par contre demain je vais certainement devoir m’arracher si je ne veux pas me faire plumer. Ce que j’ai appris aujourd’hui, c’est que nous autres occidentaux sommes toujours pressés de conclure et ils en profitent. Il suffit de prendre plus de temps qu’eux pour la négociation.
A bientĂ´t
Jean Louis |
"Salut Amiral, vous avez raison, mieux vaut accumuler tous les emmerdes à quai ! J'ai mis un cierge pour vos charentaises......Bonne chance pour demain. Amitiés. GD"
Envoyé par gd le 09-09-2011 à 18:04
"Vive La Fontaine ! Patience et longueur de temps... Tu connais le poème, et la stratégie aussi... Courage ! Pense aux flots bleus qui t'attendent (bon, je suis sûre que tu ne penses qu'à ça). Bises des terriens JM et S."
Envoyé par sophie gabet le 09-09-2011 à 18:32
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