Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 24 Feb 2012 17:00:00 - 8° 50’E 27° 06’S
N° 448 - Les chiures de mouche

18H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

Souvent on n’en a pas conscience, mais les océans sont remplis de
chiures de mouches, des îles plus ou moins grandes qui gisent là, au
milieu de nulle part.

Comme sur terre, le fond des océans est composé de plaines et de
montagnes. Ces montagnes peuvent atteindre plusieurs milliers de
mètres d’altitude, près de 10 000 mètres dans le Pacifique. A côté
notre Mont Blanc fait pâle figure.

Parfois, le sommet de la montagne atteint juste le niveau de la mer.
Parfois il est quelques mètres sous la surface et en cas de grosse
mer, cet endroit peut être extrêmement dangereux. C’est le cas du
Valdivia Bank qui se trouve Ă  200 Miles sur mon avant, en plein sur ma
route. Le sommet est à 23 mètres seulement sous la surface alors
qu’autour les fonds sont de 5000 mètres. Je passerais au dessus dans
la nuit de samedi Ă  dimanche.

Parfois le sommet se trouve quelques mètres seulement au dessus de la
surface. C’est le cas par exemple des rochers Saint Pierre et Saint
Paul, qui se trouvent presque sur l’équateur, sur la route entre les
îles du Cap Vert et l’Amérique du sud. Ils culminent à 22m et ne font
que 200 mètres par 350m, vraiment des rochers.

Tous ces endroits ont été par le passé la cause de très nombreux
naufrages. Je vous avais raconté il y a quelques mois l’histoire de
l’île Tromelin qui culmine à 5 mètres et qui illustre bien ce dossier.

Le problème est que ces endroits dangereux ne sont pas toujours
correctement cartographiés. La cartographie Navionics que j’utilise et
qui est le numéro un dans ce domaine a totalement oublié ces endroits.
J’avais déjà eu des problèmes avec le récif Ashmore au nord de Darwin.
Les îles de Saint Hélène, Ascension, les toutes petites îles,
lorsqu’elles apparaissent, ne sont souvent qu’une chiure de mouche sur
l’écran. On frotte pour voir si c’est réel ou pas et lorsque l’on
zoom, il n’y a, au mieux, qu’un rond jaune avec un nom.

C’est vraiment dommage, une carte de détail sur la chiure de mouche
aurait été vraiment utile et surtout beaucoup plus sécurisant pour le
plaisancier. Pour Saint Hélène par exemple, je n’ai qu’une carte de
l’île que j’ai trouvée sur Internet mais rien sur les fonds autour de
l’île, je vais un peu serrer les fesses en arrivant. Je vais devoir
aller doucement au sondeur et ne pas serrer l’île de trop près.

J’avance doucement sous grand voile seule. Je vais, bien entendu,
perdre deux ou trois jours. Hier soir le vent de SW a soufflé dans les
25N et Harmattan a filé 7N toute la première partie de nuit en faisant
de grandes embardées. Puis, le vent a faiblit et depuis c’est
mollasson. Je suis content quand la vitesse dépasse 4N. La mer s’est
un peu aplatie et les conditions de vie Ă  bord sont meilleurs.

Il fait toujours un peu frais, 26 degrés dans le bateau, mais beaucoup
moins dehors. J’ai hâte de repasser au dessus des 20 degrés de
latitude sud.

Encore 132 Miles au compteur aujourd’hui, 642 depuis le départ, peut
être une arrivée à Saint Hélène samedi 3 ou dimanche 4 mars.

A bientĂ´t.

Jean Louis
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