Journal de bord de l'Harmattan |
Thu, 23 Feb 2012 17:00:00 - 10° 59’E 28° 10’S N° 447 - Les rencontres
18H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Lorsque l’on fait le tour du monde, et surtout si l’on est en solitaire, on fait de multiples rencontres, la plus part du temps fortes intéressantes.
A chaque endroit où je m’arrête, ce n’est que pour quelques jours et je n’ai pas à me soucier des relations à long terme, du coup je peux me lier d’amitié très facilement même avec des gens que je n’aurais pas approché à terre.
Par exemple je ne supporte pas les défaitistes, ceux qui ressassent en permanence leurs malheurs (qui sont la plus part du temps anodins). Que l’on me parle d’une difficulté que l’on a rencontré pour m’expliquer comment on l’a surmontée, oui mais si c’est pour se plaindre que l’artisan qui devait venir hier n’est pas venu et que c’est pareil avec tous les artisans, cela ne m’intéresse pas.
Dans chaque port j’ai ainsi fait des connaissances. J’ai été étonné de constater que ce sont les français essentiellement qui tournent autour du monde. C’est la grande majorité. Il y a également quelques nordistes, suédois, danois, hollandais et quelques néozélandais. Mais je ne vois personne de ces peuples qui ont découvert le monde, les portugais où les espagnoles.
Très, très peu voyagent en solitaire, la plus part sont en couple. Beaucoup de ceux qui voyagent sont des gens intéressants, un peu en décalage. Ce sont toujours des passionnés.
J’ai été surpris de constater que beaucoup partent pour un tour du monde qui se fini la plus part du temps aux Antilles, même avant pour certains. Il est facile de commencer un tour du monde mais difficile de mener ce projet à terme. Il y a de nombreuses raisons, et en premier lieu la rencontre des difficultés. Au départ tout est beau et l’on a confiance en son bateau puis, invariablement, les problèmes surgissent, moteur, pilote automatique, voiles, électronique, forte mer … Tout le monde y passe et beaucoup perdent totalement confiance en leur bateau.
Il y a également la lassitude, certains se trouvent bien quelque part et ils y restent, d’autre abandonnent le bateau et rentrent à la maison. Ils cherchent ensuite un skipper pour le ramener. C’est l’occasion pour des jeunes skippers de vivre une vie d’aventure très sympa. On les retrouve dans les ports depuis souvent plusieurs semaines ou plusieurs mois en train d’attendre de l’argent du propriétaire pour payer une réparation, les frais de port et un maigre salaire. Ils vivent dans le bateau et ont extrêmement peu de frais. Lorsqu’ils font route, ils prennent des passagers qui alimentent la caisse de bord.
Plusieurs fois des jeunes sont venus me demander de les prendre à bord pour mon prochain trajet. J’aime trop ma solitude pour accepter.
Beaucoup sont bloqués par le problème financier. C’est le grand problème de la plus part des tourdumondistes. Je suis étonné que certains partent sans aucune connaissance technique, leur projet est forcément voué à l’échec. Il est indispensable d’être autonome. D’autre qui voyagent seul et ne parle absolument aucun mot d’anglais. C’est effarent, ils en finissent par devenir neurasthéniques.
Ici, à bord, tout va bien. J’ai passé la nuit au près avec trinquette, grand voile et artimon, le bateau a bien marché, autour de 5N. Puis à 7h ce matin réveil en fanfare par l’arrivé du vent du sud qui a fait empanner la bôme dans le bruit d’enfer de mon frein de bôme. J’ai rangé trinquette et artimon pour n’utiliser que la grand voile.
Toute la matinée et une partie de l’après midi, le vent était plutôt SSE et j’ai tiré un bord au nord puis vers seize heures trente il est venu SSW ce qui m’a permis de changer de bord et de repartir droit sur Saint Hélène. En fin de soirée, il est même SW. La vitesse moyenne est d’environ 5N car je suis encore gêné par un courant contraire qui porte au SW et qui fait entre 2 et 3N.
Je ne m’en sors pas trop mal sans le génois, le risque est toujours l’empannage involontaire qui peut tout casser. Le vent arrière n’est pas l’allure la plus confortable, le bateau n’arrête pas de giter d’un bord sur l’autre. Cela génère plein de bruits de toutes sortes et en particulier dans le vaisselier. Préparer une casserole de nouille est un vrai travail et pour les manger il faut avoir suivi des cours d’équilibriste au Cirque du Soleil si vous ne voulez pas qu’elles quittent l’assiette sans demander l’autorisation.
Le vent du sud ici, c’est comme le vent du nord chez nous, il fait beaucoup plus froid et j’ai remis chaussettes et maillot de corps.
Voilà pour aujourd’hui, 132 Miles au compteur.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
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