Journal de bord de l'Harmattan |
Mon, 27 Feb 2012 18:00:00 - 3° 35’E 23° 42’S N° 451 - La vie Ă bord
19H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Aujourd’hui je vais vous faire partager un peu de ma vie à bord pendant ces traversées transocéaniques. C’est surtout une longue période de détente et de calme complet.
Au niveau des horaires, je respecte scrupuleusement l’heure des repas. Je fais trois repas par jour sauf les premiers jours, le temps de m’acclimater où je ne mange en général qu’au repas de mi-journée.
Les repas évoluent au cours de la traversée, au début il y a des produits frais, puis au fur et à mesure, ils disparaissent. Au petit déjeuner, un verre de jus d’orange, un triangle de vache qui rit et un morceau de pain beurré la première semaine puis des biscottes ou des crackers. La baguette tient une semaine exactement. Ensuite elle est soit trop dure soit moisie.
Le midi c’est le repas principal. Au début viande rouge car c’est celle qui se garde le moins longtemps puis porc. Après une semaine, il n’y a plus de viande fraîche, arrivent les œufs avec des tranches de bacon, et puis les viandes en conserve, boulettes de viande essentiellement, thon en boîte, saucisses … On ne trouve des plats en conserve, genre choucroute, potée, cassoulet, lentilles garnies ... qu’en France, Martinique, Réunion. Ailleurs il n’y a au mieux que des boulettes. En accompagnement c’est pommes de terre ou nouilles et la première semaine haricots verts ou choux fleur par exemple.
J’ai trouvĂ© du fromage Ă toutes mes escales. Aux Galápagos j’ai dĂ©valisĂ© le stock. On trouve surtout des fromages hollandais, genre Gouda. J’en prends Ă chaque fois un stock. On trouve Ă©galement des « Camembert » et des « Brie » de fabrication locale. Je trouve anormal que ces noms soient ainsi piratĂ©s. Au niveau des fruits, le raisin se garde quelques jours, les prunes, les poires une semaine, les pommes très longtemps. Je les mange donc dans cet ordre. On trouve Ă©galement des yaourts qui se gardent jusqu’à trois semaines pour certains.
Le soir je mange léger, une salade verte ou une salade d’endive mais au bout de 8 jours elles sont en limite de vie, et encore, faut-il en prendre soin. Tous les soirs j’enlève de mes endives la couche des feuilles qui sont devenues marron. A la fin il n’y a plus rien à manger. Le jambon se conserve bien, parfois 15 jours. Un poulet BBQ peut faire toute la première semaine. Ensuite le traditionnel thon, des œufs cuits durs … En Afrique du sud j’ai trouvé des boîtes de poulet citronné, c’est délicieux. Ce sont des miettes de blanc de poulet.
Au niveau du sommeil, je n’ai pas de règles. Bien entendu j’essaye de dormir la nuit mais je suis surtout guidé par les circonstances. De toute façon, je dors dès que je suis fatigué et que la conduite du bateau me le permet, que ce soit le matin, l’après midi, n’importe quand.
Je me lave avant le repas du midi mais je n’ai pas d’heure, c’est parfois avant le petit déjeuner, parfois après, parfois juste avant midi. Le reste du temps je n’ai pas grand-chose à faire, un peu de temps à la navigation, la préparation des repas, la vaisselle, la consultation des mails, un peu de temps pour lire et énormément de temps pour rêvasser, pour regarder la mer, pour réfléchir, pour philosopher, pour analyser la marche du monde … Je m’installe dans le cockpit et je profite de ce temps qui m’appartient pleinement.
Il y a quand même la rédaction de ce blog. Je commence souvent le matin et je m’y remets plusieurs fois dans la journée. Cela me prend bien une à deux heures tous les jours.
Cette nuit, finalement, le bateau n’a pas trop mal marché. Sous grand voile seule jusqu’à 4h du matin la moyenne s’est établie à 3,5N. Puis le vent est tombé et j’ai dû envoyer un peu de moteur.
A 7h en me levant j’ai voulu envoyer le spi mais je n’avançais qu’à 3N, à 40° de ma route et en plus il n’arrêtait pas d’aller jouer avec le bas étai. J’ai déjà donné, rappeler vous lors de ma première traversée de l’Atlantique. Je l’ai descendu et j’ai continué au moteur.
Puis vers 11h, le vent ayant tourné SSW, je fais une deuxième tentative, en concédant 10° sur ma route, il tient et Harmattan file entre 6 et 7N, c’est bon ! La mer est plate, le bateau est stable et il file, il fait bon et une petite brise vient me rafraîchir, c’est le paradis !
Au niveau de ma santé, ce matin ma créatinine est à 114. C’est incroyable, j’ai hâte de valider cela par un examen en laboratoire mais je pense que mon greffon est entrain de compenser la partie qui s’est nécrosée. Je suis en pleine forme, exactement comme si je n’avais jamais été malade. C’est quand même étonnant l’efficacité d’une greffe. J’étais très bien en étant dialysé mais pas à 100% de ma forme alors qu’aujourd’hui je suis absolument à 100%.
Encore 117 Miles au compteur journalier, je suis ce soir à 700 Miles de Saint Hélène. Une nouvelle fois merci au spi. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi la plupart des circumnavigateurs n’emportent pas cette voile. Je n’ai vu aucun bateau depuis une semaine, je suis seul au monde.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
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