Journal de bord de l'Harmattan |
Sun, 04 Mar 2012 19:00:00 - 5° 37’W 15° 56’S N° 457 - Terre, terre Captain
19H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
Que c’est bon de voir la terre apparaître après avoir passé deux semaines seul en mer !
Ma quatrième nuit sous spi s’est très bien passée. Le vent a forcit un tout petit peu hier après le coucher du soleil, nous propulsant entre 5 et 6N mais au milieu de la nuit c’est retombé et la moyenne est redescendu autour des 4 nœuds habituels.
Vers 6h, je me réveil car le bateau marche beaucoup plus fort tout à coup. Je sors pour constater qu’il pleut et que le vent s’est renforcé sous la pluie. Comme ce n’est pas de l’orage, je me contente de fermer les panneaux de pont et retourne dans ma couchette.
Un quart d’heure plus tard, Harmattan est presqu’à l’arrêt. Par le panneau zénithal de ma couchette je vois qu’il n’y a plus du tout de vent, cela rend mon spi câlin et il se love contre l’étai. Je n’aime pas du tout ce genre de rencontre et je me dépêche d’aller en pied de mât pour descendre la chaussette.
Comme il n’y a plus un souffle d’air, je lance le moteur afin de continuer à avancer tout en rechargeant les batteries. Il fait encore nuit mais je distingue pleins de gros nuages noirs. Je retourne alors dans ma couchette pour attendre que les choses s’éclaircissent. Le jour se lève et comme partout sous les tropiques, on passe très rapidement de la nuit au jour.
Le léger vent est revenu, les nuages, à la lumière du jour semblent moins menaçants, c’est le moment de renvoyer le spi. Je me bats avec lui un bon moment, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Finalement, je n’arrive pas à le hisser, il y a un problème avec la poulie en tête de mât. J’arrive à hisser trois mètres, puis cela se bloque, je dois redescendre de cinquante centimètres pour remonter deux mètres et ainsi de suite. Comme je n’ai pas envie de le retrouver bloqué en tête de mât, j’abandonne. Il va falloir que je monte voir ce qu’il se passe.
Du coup, je fais sauter les ris dans la grand voile et la hisse complètement. Il est 8h10 et je suis lessivé par ces travaux de force au petit matin. A la table à carte mon alarme pour la prise de mes médicaments antirejet beugle depuis dix minutes.
La matinée se passe calmement, il fait moins beau, beaucoup de nébulosités encombrent le ciel. Il fait lourd, il y a très peu de vent et le moteur appuie le travail de la grand voile.
A midi et demi le vent se renforce un peu permettant de couper le moteur mais ce n’est que passager.
Et puis tout d’un coup, à 13h06, un cri jaillit du haut des huniers « Taie,taie Cap’taine » Un rugissement retentit sur le pont et tout l’équipage se précipite à l’avant du navire. Les visages sont éclairés d’un immense sourire, les yeux brillent, chacun imagine déjà les plaisirs de l’escale. La recherche d’une source d’eau fraiche, la chasse aux bêtes sauvages dans la forêt vierge, la rencontre avec des peuplades inconnues et puis peut être les tripots, les bordels avec les filles, du rhum jusqu’à plus soif, des bagarres, les accueillantes couturières … Mais que suis-je en train d’écrire, je m’égare.
J’ai l’impression d’avoir vu un mirage, ais-je bien vu la terre ? Je suis encore à 35 Miles de l’île. Il y a beaucoup de brume et par moment je crois distinguer des sommets montagneux tandis qu’à d’autres moments je ne vois que des nuages. Mon radar ne porte qu’à 24 Miles, c’est encore top loin pour lui.
Puis à 13h54 le doute n’est plus permis, je n’ai pas abusé sur le rhum de la Réunion (et oui, il m’en reste encore un peu) une forme se dessine avec des sommets et des extrémités qui tombent dans la mer, c’est bien une île qui se trouve sur l’avant à 32 Miles.
L’île est très montagneuse et chapeautée par un amas de cumulus. Pendant longtemps, ce n’est qu’une ombre chinoise posée sur la mer qui se découpe de plus en plus nettement sur le ciel. Progressivement elle grossit, grossit, grossit mais elle reste longtemps seulement une ombre chinoise.
Il faut attendre d’être à moins de 5 Miles pour que, très lentement, des détails se précisent. Je prépare les papiers pour les autorités, je rédige une « crew liste » puis j’installe le drapeau jaune (demande de douane) sur bâbord. Sur tribord je devrais mettre un drapeau du royaume uni mais je n’en ai pas. J’ai pensé mettre le drapeau Européen mais ce serait peut être de mauvais goût actuellement.
A 18h, je contact par la VHF « Saint Hélène Radio » pour annoncer mon arrivée. En fait il n’y a plus de bouées, il faut jeter l’ancre, ce qui me va très bien. Les autorités prendront contact avec moi demain matin. Je suis en train de contourner l’ile, je pense mouiller vers les 20h30.
Encore 131 Miles au compteur aujourd’hui, quel bonheur d’être ici, j’ai hâte d’être à demain matin pour découvrir l’île.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
"Quel merveilleux cadeau! Je te souhaite plein d'autres bonnes choses encore, et t'envoie de grosses bises!"
Envoyé par PETRA le 06-03-2012 à 10:38
|
© 2009-2024 Jean Louis Clémendot |
|
|
|