Journal de bord de l'Harmattan
Tue, 13 Mar 2012 19:00:00 - 8° 25’W 7° 54’S
N° 466 - La pĂŞche



20H00 en France, 19H00 heure du bord

Bonjour Ă  tous,

La plupart de mes copains sont des mordus de pêche, c’est carrément
viscéral. Dès qu’ils montent à bord, ils n’ont de cesse d’avoir sorti
la canne, monté un leurre et laissé traîner celui-ci à l’arrière du
bateau. Je ne critique pas, je constate et c’est sûrement grâce à cet
instinct de chasseur que l’humanité a survécu.

Même si je reconnais que pêcher ou bien chasser n’est pas déplaisant,
je ne ressens absolument pas ce besoin vital, cette nécessité absolue
d’essayer d’attraper un poisson. Chez beaucoup l’instinct est
tellement irrépressible qu’ils sont capables de pêcher pour pêcher et
non plus de pĂŞcher pour se nourrir. Lorsque des poissons morts sont
remis à la mer cela me désole.

Ceci dit, pêcher pour se nourrir ne me pose pas de problèmes même si
je suis tout Ă  fait contre la pĂŞche industrielle ainsi que toutes les
formes de pêche qui détruisent irrémédiablement les stocks. Je suis
parti de Saint Hélène avec uniquement du bacon et des œufs. J’adore
cela mais au quotidien pendant trois semaines cela risque de devenir
rebutant.

Aussi, j’ai mis la pêche à l’eau hier après midi. J’ai eu une touche
mais le poisson a réussi à se détacher avant que je ne le ramène à
bord. Ce midi, alors que je débarrasse la table du cockpit après le
repas, le moulinet part. Cela ne se bat pas beaucoup, ce doit ĂŞtre une
dorade coryphène, mais non, c’est une magnifique bonite, peut être un
peu douillette. Je n’ai plus qu’à ranger la pêche pour quelques jours
car elle va me faire plusieurs repas. Demain midi ce sera steak de
bonite à la provençale avec de la sauce bolognaise, riz basmati et
origan. Je m’en lèche les babines d’avance.

Pour mon congélateur, je ne peux rien faire, c’est le moteur de la
pompe à eau de mer qui est mort. J’espère que le bricolage du frigo va
tenir jusqu’au Cap Vert, par contre il me consomme énormément
d’électricité et je suis obligé de faire tourner le groupe trois fois
par jour. Le bateau ne marche pas assez vite pour que l’alternateur
d’arbre d’hélice soit efficace.

Ce matin j’ai effectué un virement de bord. Comme je vais perdre les
alizés vers 5° de latitude sud, et que je suis très à l’Est de
Conakry, j’ai intérêt à faire un long bord à l’Ouest pendant que j’ai
du vent. Arrivé à la longitude de Conakry je repartirais nord. De
cette façon j’aurais beaucoup moins de distance à parcourir au moteur.

Ce soir, je constate que malheureusement la réparation de mon génois
ne tient pas la distance. Elles ont collé une bande de tissus sur un
côté pour rapprocher les deux bords de la déchirure, mais de l’autre
côté il n’y a rien et c’est en train de se décoller, le tout ne va
plus tenir que par deux petites coutures ridicules. Fâcheux ! Je pense
qu’elles n’ont pas dessalé le tissus. Du coup je l’ai enroulé et je me
suis mis plein vent arrière sous grand voile seule mais ça n’avance
pas très vite et c’est extrêmement inconfortable.

Il fait de plus en plus chaud, la mer est absolument plate, elle
reflète le soleil et c’est aveuglant. Sur mon thermomètre, l’eau de
mer est à 31°.

Encore 123 Miles au compteur aujourd’hui, je suis à 1780 Miles du Cap Vert.

A bientĂ´t.

Jean Louis


"cher jean-louis,

quelle belle pĂŞche !!! et ce

poisson bien cuisiné : un régal. une bonne sieste ensuite pour oublier un moment tes ennuis de voile.
ici, le printemps arrive, mais
gelées et brouillards le matin : comme souvent en
Normandie... bisous jeanine"


Envoyé par jeanine Barbier le 15-03-2012 à 04:05

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