Journal de bord de l'Harmattan |
Fri, 15 Jun 2012 20:00:00 - 27° 30’W 23° 46’N N° 506 - Au revoir les tropiques
22H00 en France, 19H00 heure du bord
Bonjour Ă tous,
J’ai coupé cet après midi à 14h23 la fameuse latitude 23° 26’ 016 N, latitude où se situe le tropique du Cancer. J’étais à la longitude 27°30' 970 W. Encore une fois je n’ai pas vu de marque visible dans la mer. Je ne suis donc plus « sous les tropiques », et il va falloir que, progressivement, je me réhabitue aux zones tempérées. Le tropique est la limite en latitude où l’on peut voir le soleil à la verticale. Ensuite, plus l’on monte vers le pôle et plus il est bas sur l’horizon.
Au fur et à mesure que je vais monter en latitude, les jours vont rallonger (puisque nous sommes en été) à tel point que si j’arrivais au pôle il ne ferait plus jamais nuit. D’où les nuits blanches de Saint Petersburg qui ont lieu autour du 21 juin. D’où l’heure d’été en Europe et pas au Cap Vert. Que j’aimerais un jour visiter cette ville ! Saint Petersburg, que d’images dans ma tête ! Un voyage que je veux faire est de traverser totalement ce grand continent, de Paris jusqu’à Shanghai en train. Voir Ekaterinbourg, rien que ce nom me fait rêver. Le pouvoir imaginatif de ce mot est à peu près au même niveau que « la mer d’Arafura ». Mais maintenant je la connais cette mer, elle est un peu retombée sur terre si je peux dire.
Les jours vont rallonger mais le temps va se refroidir et à un moment (trop proche) il faudra penser à se revêtir et progressivement rajouter des couches. Cette fois-ci j’ai décidé de rapporter le ciré au bateau. Je pense que pour la Bretagne je vais en avoir besoin.
Pour l’instant c’est le paradis. Le ciel est bleu pale, la mer bleue foncée avec de jolis petits moutons blancs et le soleil brille fort. Un petit vent d’Est nous pousse gentiment, et le niveau de la musique est un peu fort dans le bateau et le cockpit. Je passe ma clef USB où j’ai enregistré tout les morceaux que j’adore. Je ne suis pas pressé, je suis bien ici. Il y a deux ans et demi, lorsque je suis passé dans les parages, je n’imaginais pas naviguer en dessous de 4N, il fallait que j’envoie le moteur. Maintenant le bateau peut bien se trainer à 2N je m’en contre fou. Tous ces moments passés en mer sont tellement bons.
Je rentre, je suis en manque de Méditerranée, de Turquie et de Grèce, mais je sais que je repartirais. Il y a tellement de chose que j’ai envie de voir, le Brésil d’abord mais surtout l’Argentine. Je sais maintenant que traverser les océans est une véritable drogue, lorsque l’on a connu cela, comment s’en passer ? Je ne saurai pas expliquer la raison de cette addiction, c’est très certainement ancré au plus profond de nos gènes à nous les mecs. On a besoin de trouver de nouveau territoires à peupler. On a besoin de découvrir de nouvelles terres vierges. Et quoi de plus adapté qu’un bateau qui, seul et bien réglé, fend les flots pour nous emporter toujours plus loin.
La vie est belle, je suis heureux, comme me l’écrit mon copain Popeye, « On a la vie que l’on se fait ». Pensée profonde que beaucoup devraient méditer. Je suis un peu triste, j’ai fait une bêtise, à Mindelo j’ai changé mon autoradio qui était en panne. J’ai jeté l’ancien sans penser que j’avais laissé à l’intérieur ce fameux CD de Dire Straits avec Mark Knopfler. Il me manque terriblement aujourd’hui. Il me reste le numéro 2 mais c’est le numéro un que j’ai passé dans tous les bons moments de mon tour du monde. Je suis un inconditionnel de la guitare électrique. Quel instrument magique. D’ailleurs pourquoi l’avoir appelé « guitare », elle n’a rien à voir avec la guitare sèche que j’aime aussi d’ailleurs. Ce sont deux instruments totalement différents.
Lors de mon tour du monde j’ai pu expérimenter de nombreuses marinas. Pour moi la chose la plus importante est l’accueil, nous autres plaisanciers sommes des clients mais beaucoup l’oublient. Je tire mon chapeau cependant à quelques marinas qui m’ont séduit par la qualité des relations avec les plaisanciers. La palme d’or revient sans aucun doute à la marina du marin en Martinique. La marina Bayview à Darwin vient en second et en numéro 3 cette marina de Singapour. Tout vient toujours du directeur, beaucoup gèrent plus leur marina comme un camp de concentration que comme une affaire commerciale et c’est dommage. C’est le cas de cette marina à Mindelo gérée par un Allemand, elle n’est remplie qu’à 10% et encore par des pêcheurs qui ont décidés de construire leur propre marina et vont partir. Elle n’est pleine que deux mois par an lors de la transhumance hivernale vers les Antilles.
Encore 117 Miles au compteur ce soir, Ă 885 Miles de Horta.
A bientĂ´t.
Jean Louis |
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