Journal de bord de l'Harmattan
Fri, 11 Dec 2009 20:50:00 - 14°17 N 36°34’W
N° 51 - Au Milieu du Milieu de l’Atlantique



18H50 heure du bord, 21H50 en France
Bonjour Ă  tous,

Au milieu du milieu de l’Atlantique !
Cà y est, la marque de mi parcourt est passée, je suis en plein milieu de l’océan. C’est bon, je me sens bien ici. Etrange non ?

Aujourd’hui 148 Milles de parcourus, il ne reste plus que 1433 Milles à parcourir alors que, depuis Tenerife nous en avons 1568 au compteur.

Pour vous situer, la ville de Recife, au Brésil, la pointe extrême à l’Est du continent Sud Américain est derrière moi en longitude !

C’est ici que l’on voit que la crise est réellement mondiale, même les Alizés sont poussifs. On veut du vent ! On veut du vent ! Bon pas trop tout de même.

Hier soir, après une journée pas mal, le vent est tombé avec une moyenne autour de 15 nœuds. Puis ce matin, plus souvent 13 que 15 ! Je voyais la vitesse du bateau chuter inexorablement. Comme je voudrais bien passer Noël avec mon petit fils (Il s’appel Matis et va avoir 3 ans), je me suis résolu à sortir l’artillerie lourde.

J’ai donc décidé de monter le Spi. C’est une très grande voile de couleur rouge, qui dort en général sous le lit du Capitaine. C’est une voile légère, d’environ 140 m², elle se monte à l’avant du bateau et remplace le génois qui n’en fait que 65.
Vous savez, cela ressemble à un gros ballon à l’avant des bateaux.

En solitaire, en plein milieu de l’Atlantique, on hésite à envoyer cette toile. D’une part c’est un vrai travail de l’envoyer puis un autre de la reprendre. Cela se fait sur la pointe avant du bateau, il vaut mieux ne pas tomber à l’eau ! Remarquez bien, 1500 Milles à la nage ou bien 10, c’est pareil, c’est mission impossible.
Ce qui fait hésiter par ailleurs, c’est que sous spi la situation peut très vite devenir critique, c’est un peu de l’équilibre instable. Je ne vais pas le laisser à poste cette nuit, ce ne serait pas prudent.

Enfin, je m’y suis jeté et quelle récompense, avec 15 Nœuds de vent, le bateau marche entre 6,5 et 7,5 nœuds. Avec 17 Nœuds de vent, je suis au dessus de 8.
Bon par moment la gite est importante mais les voiliers c’est fait pour cela.

Tiens, à l’instant où j’écris, un écho sur l’écran radar. Il est à 7 milles nautiques, environ une douzaine de kilomètres. Je monte dans le cockpit en attrapant les jumelles, c’est un grand voilier, un trois mats. Dommage, il est un peu loin.

Ce midi, le coq (c’est comme cela que l’on nome le cuisinier sur un bateau) s’est surpassé. C’était œufs brouillés au bacon (prononcez baicone) aux nouilles. Dé-li-cieux.

Un petit coucou aux infirmières de Pontoise et à tous ceux qui m’écrivent des commentaires sur le blog. Pour tous ceux qui n’osent pas écrire, n’hésitez pas, c’est tellement bon de recevoir un peu de courrier quand on est seul au milieu de l’Atlantique depuis maintenant 11 jours.
On coule Cap’tain, on coule ! ! ! ! ! !

Je viens de vous abandonner pendant deux heures, je vais vous raconter mon aventure.

C’est l’heure de la dialyse, tout va bien, le bateau marche à fonds à 7,5 Nœuds par 17 Nœuds de vent. J’attaque la dialyse et pendant celle-ci, les choses évoluent, je sens le bateau qui accélère, je reconnais les vibrations caractéristiques de ces grand surfs à huit nœuds et demi. Le vent doit forcir un peu. Puis, la gite augmente de plus en plus, cela commence à devenir Rock N Roll comme dirait un biker de mes amis qui se reconnaîtra ici.

J’ai hâte que cette dialyse se termine. Vite je me déconnecte et je me précipite à l’extérieur pour vider mes poches. C’est à ce moment là que tout s’enchaîne. Le vent monte maintenant à 24 Nœuds, une lame plus grosse que les autres au mauvais moment, (je vous ai déjà expliqué que mon bateau fait des lacets, pour ne pas trop consommé, j’ai réglé le pilote pour qu’il ne réagisse pas trop rapidement) le bateau commence à lofer (en fait il se met travers au vent).

Le pilote automatique qui a mis la barre à fonds pour récupérer la situation mais trop tard décide de mettre les pouces. Il se met en erreur.

24 Nœuds dans le spi et sur la grand voile qui est dans l’axe du bateau, celui-ci se couche carrément dans l’eau, le passavant bâbord sous 50 cm d’eau. Le hublot de la cuisine est ouvert, glou ! glou ! glou !, c’est à gros bouillons que l’eau envahie le bateau.

Dans cette situation, il faut réagir très vite. Heureusement je suis dans le cockpit, je me jette sur l’écoute de spi et la libère. Cela ne suffit pas car le spi est plein d’eau et fait chalut d’une part et la grand voile que j’avais mis dans l’axe du bateau pour favoriser le travail du spi est maintenant en travers du vent. Je libère un bon bout d’écoute de grand voile pour redonner de la vitesse au bateau.

Glou ! glou ! glou, il faut maintenant redresser le bateau.

Je saute sur le pilote, Standby pour annuler l’erreur puis Auto pour pouvoir manœuvrer, le cap est à 330, pas étonnant que nous soyons couchés dans l’eau, vite je tourne la molette sur 270. Lentement le bateau se redresse en reprenant de la vitesse, le spi commence à faséyer.

Vite encore un peu d’écoute de grand voile, le bateau est maintenant à 6 Nœuds, je me précipite à l’avant pour étouffer ce spi, pas facile avec cette force de vent. Progressivement je descends la chaussette en fixant le bout sur un taquet. Maintenant le descendre sur le pont. Ouf ! Çà y est ! Résultat : Le spi trempé par l’eau de mer et le Capitaine trempé de sueur.

Je déroule le génois, 7,5 nœuds, tout va bien.

Maintenant allons voir l’intérieur. Bien sur il y a quelques bassines d’eau à retirer et les allumettes sont hors d’usage. Quelle bonne idée d’avoir pensé à en mettre à un autre endroit. Moi qui suis un peu faignant pour le nettoyage des planchers, maintenant c’est fait.
Voilà une journée sympa qui se termine, vivement mon lit car je suis mort de fatigue.

A demain.

Jean louis


"Jean Louis,
Best of luck on your voyage from Ireland!
You are an inspiration!
My brother had a kidney transplant just over two years ago now.
Warm Wishes
Bernadette McHale"


Envoyé par Bernadette McHale le 08-12-2009 à 21:13



"Météo du 9 décembre
(mise sur le blog Ă  ta demande Jean-Louis ! pour essai)
Les jours se suivent et se ressemblent... mais pas longtemps ! La journée de mercredi sera aussi aléatoire que ce mardi: NE 15 Kts, variable, irrégulièr, puis ENE vers 03:00 UTC aussi il sera avantageux de faire une route sud. Avantageux pourquoi ? parce qu'à partir de jeudi, les modèles prévoient le début des bons alizés de 20 Kts vers Lat 13°N; Long 35°W, alors que si tu continues sur cette latitude il faudra que tu attendes Long 40°W pour mettre le turbo. Pour bien comprendre, sur les fichiers GRIB, le renforcement des vents à partir de jeudi, dessine un "L" aux latitudes et longitudes sus-dites.
Donc après jeudi, si tu arrives à attraper le train des bons alizés, tu devrais y rester jusqu'à l'arrivée, sous réserve de te situer sous les 15°N en latitude.
Il est prévu plus tard des renforcements locaux à 25 Kts, un peu de pluie, des vagues, bref que du bonheur.
Aujourd'hui j'arrĂŞte lĂ .
Ă  demain, bonne nuit de manoeuvres !
Pierre-Yves
"


Envoyé par pierre-yves le 08-12-2009 à 22:47



"Buenos dias cap'tain
Je vois bien que c'est le temps des grandes manoeuvres, je vois très bien comment ça peut se passer, c'est beaucoup d'énergie et c'est en permanence aléatoire. D'après la météo de Pierre-Yves tu devrais toucher du 20kts vers la lattitude 13, tu étais à 17.55 hier, ça ne doit plus être très loin...
Heureusement, pour te sortir de tes soucis tu as eu droit au cortège de baleines, j'espére que tu as préparé le matos photo pour le prochain convoi...ça me rappelle une autre baleine avec qui nous avons failli entrer en collision quelque part en meditérrannée!!! Bon je te laisse aux manoeuvres en te souhaitant des temps meilleurs. Attendons de tes nouvelles.
Jacky
"


Envoyé par jacky peudevin le 09-12-2009 à 14:52



"Bonsoir, il est 17h15 et j'ai décidé de me mettre sur votre projet. Mais avant tout un petit bonjour en espérant que tout est "super" pour vous et le bateau.
J'ai regardé aussi cette émission dans laquelle j'ai été très surpris de ne pas entendre une seule fois prononcer le nom de votre méthode de traitement ?.... N'y aurait-il pas un problème de "fric" pour taire à ce point cette solution ?...
Enfin, sur la "terre", ça va pas trop mal en attendant les "sages décisions de Copenhague" dans ces prochains jours.
Je vous souhaite tous mes voeux de réussite, bon courage, bientôt à vous "Les Amériques....."
Cordialement
Jacques"


Envoyé par DOLLEE JACQUES le 09-12-2009 à 17:25

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