Journal de bord de l'Harmattan |
Tue, 03 Sep 2013 16:00:00 - 36° 13 N 29° 53 E N° 667 - Talonnage
18h en France, 19h heure du bord.
Bonjour Ă tous,
Quel mauvais capitaine, hier matin j’ai mené Harmattan sur les rochers ! On nome cela un talonnage. Je vous avais dit que l’entrée dans Mandraki était difficile, encombrée d’îlots, de récifs et de hauts fonds. Eh bien pour la sortie c’est exactement pareil, il faut porter une attention extrême. J’ai voulu sortir en passant entre Akra Niftaki et Ayios Yeoryios mais cela n’a pas voulu le faire.
Pourtant il y a une passe avec 7 mètres de fond mais il faut faire un S pour sortir. J’ai un peu trop coupé et vlan, dans le récif. Heureusement j’étais attentif et j’allais très lentement mais le bateau a tout de même touché deux fois assez violement. Je n’aime pas du tout, la dernière fois (et la seule d’ailleurs) c’était à Tahiti, dans le lagon. A chaque fois c’est une erreur d’appréciation, une étude un peu plus poussée des fonds m’aurait permis d’éviter cette bêtise.
Heureusement la conception même d’Harmattan fait que ce genre de problème n’est pas très grave. Sur les bateaux modernes, la quille rapportée et boulonnée dans le fond du voilier peut s’arracher en partie et le bateau peut même couler. Mais Harmattan a été construit à l’envers sur une forme mâle, un mannequin. La quille est partie intégrante de la coque, il y a ce que l’on nome un retour de galbord entre la quille et la coque, c’est une partie convexe assez jolie d’ailleurs.
Du coup, un talonnage avec Harmattan n’est jamais très grave, la quille est pleine, je peux avoir une réparation à faire, un peu de résine et du tissus mais il n’y a rien d’urgent, cela attendra l’hiver. J’ai plongé pour voir les dégâts, l’avant de la quille est un peu mâchée mais c’est tout.
Nous avons passé l’après-midi à Ucagiz, c’est ce petit hameau délabré qui vivait comme au moyen-âge au début des années 1980, entre autre sans électricité ni sans route pour y venir et qui a été catapulté au 21ème siècle en quelques années. Avec le hameau voisin de Kale Koy qui est dans la même position cette zone est absolument étonnante.
Les civilisations se sont succédé ici depuis trois millénaires en utilisant les infrastructures existantes des civilisations précédentes. On voit ainsi des gens vivre dans des bâtisses romaines faites d’énormes pierres, les fenêtres et les portes sont encadré comme dans les temples, à un autre endroit, on entre dans la coure en passant entre deux colonnes de 6 mètres de haut coiffées par une poutre horizontale en pierre taillée. A un autre endroit, une auge est faite de la partie supérieure retournée d’un sarcophage.
Il y a d’ailleurs des sarcophages un peu partout, y compris dans l’enceinte des ruines d’une église Byzantine. Dans le château de Kale Koy, l’antique Simena, une tombe Lycienne a été conservée et intégré à l’infrastructure. L’enceinte du château incorpore un théâtre antique taillé dans la roche. Il peut contenir jusqu’à 700 personnes. Dans la nécropole les sarcophages sont disséminés dans un champ d’oliviers qui ont tous plus de 1000 ans !
Lors d’un séisme, toute la région s’est affaissée d’environ un mètre cinquante à deux mètres mettant tous les quais et les boutiques portuaires sous un mètre d’eau. C’est peut-être cela qui a rompu la prospérité de ce coin.
Ce matin très tôt nous avons mouillé dans la crique Tersane, cet endroit est une petite pépite avec une plage de sable fin mais, en journée, elle est encombrée de Caïques remplis de touristes. Lors de mon dernier passage, sur la plage il y avait une magnifique arche, le cœur d’une église Byzantine, mais elle s’est écroulée depuis. Quel dommage !
A bientĂ´t
Jean-Louis |
"cher JL et Francine, Si il n'y a pas de sous à tirer, des monuments magnifiques sont abandonnés... quel dommage. Mais pour être plus terre à terre : attention aux pavés.. bisous jeanine"
Envoyé par jeanine barbier le 05-09-2013 à 10:10
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