Journal de bord de l'Harmattan
Sun, 01 Sept 2013 16:00:00 - 36° 09 N 29° 36 E
N° 666 - Castellorizo, le dĂ©clin



18h en France, 19h heure du bord.
36° 09 N 29° 36 E

Bonjour Ă  tous,

Cet après-midi nous sommes dans l’illégalité totale car, sans avoir
fait notre sortie de Turquie, nous avons mouillé dans une crique de
l’île Grecque de Castellorizo qui se trouve à moins d’un mille et demi
de la côte Turque. Je suis passé de nombreuses fois par ici dans le
passé sans oser faire un stop ici ce qui est une grossière erreur.

En effet, cette île qui se trouve à 70 Miles de Rhodes ne peut vivre
aujourd’hui que par les touristes et cette légère entorse à la
légalité est largement récompensée par la beauté du mouillage où j’ai
jeté mon ancre. La baie de Mandraki offre au plaisancier qui veut bien
prendre la peine de gérer les nombreux îlots, récifs et hauts fonds
qui encombrent l’entrée une véritable image de carte postale.

Sur la droite, tout en haut d’un éperon rocheux, les ruines d’un
château fort ont certainement donné son nom à cette île. Au premier
plan, en face et sur la gauche, une plage sépare la mer d’un espace où
dominent les pins, ifs, ficus, oliviers et autres arbres dont je ne
connais pas le nom. Dispersées dans cette verdure, des petites maisons
pimpantes, de couleurs claires apportent une touche de vie. Plusieurs
de ces maisons sont décorées de magnifiques bougainvilliers mauves.
Quelques bateaux de pêche de couleurs vives sont tirés à terre. Sur
une hauteur, un moulin à vent délabré apporte un peu de nostalgie.
Puis, en arrière plan mais très proche, des falaises verticales
forment comme un Ă©crin Ă  cet endroit paradisiaque.

Castellorizo a été un port de commerce très important avec le Levant.
Au début du 20éme siècle le port était bondé de navires en train de
décharger leurs cargaison ou d’attendre des vents favorables. A
l’époque l’île comptait 20 OOO habitants. La période prospère s’est
achevée avec la guerre Turco-Italienne et au début des années 2000
l’île ne comptait plus que 200 habitants. Aujourd’hui elle essaie de
se redévelopper en profitant de l’enjouement des touristes pour la
côte de Turque entre Bodrum et Finike mais c’est très difficile.

Hier nous avons passé la nuit dans un endroit qui m’est très cher, au
fond de Bayindir Limani. Il y a 35 ans j’ai mouillé dans ce petit
paradis, au Sud Est de Kas. Nous étions seuls, et les propriétaires
des lieux faisaient restaurant pour les rares plaisanciers qui
passaient par là. Mes enfants ont joué avec leur fils. L’affaire s’est
développée de façon très importante et aujourd’hui c’est le fils qui a
repris les commandes. Nous avons pu Ă©voquer avec lui ces souvenirs.

Quel bonheur d’être reçu par ces gens qui savent ce qu’est l’ «
accueil ». Ils ont construit un ponton avec des « tire devant ».
Lorsque l’on arrive, le propriétaire fait de grands gestes pour nous
inviter à s’amarrer puis il nous offre l’électricité et l’eau potable
pour faire le plein. Tout cela est absolument gratuit, c’est de
l’hospitalité pure et simple et il n’y a même pas obligation de
prendre un repas au restaurant.

Ce serait par contre une erreur de ne pas profiter cet accueil pour
s’offrir un repas car leur cuisine traditionnelle est absolument
divine. Je conseil vivement les « casseroles », pour ma part j’ai
dégusté une casserole de fruits de mer inoubliable.

Gros problème, à Phuket mon génois est terminé et il faut que je
trouve un agent à Fethiye pour le réceptionner. J’aurais dû m’occuper
de cela avant de reprendre la mer mais je n’avais pas vraiment pris
conscience des démarches à entreprendre.

A bientĂ´t.


Jean-Louis
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